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Pressée d'agir, l'UE redéfinit à la hâte le périmètre des dépenses de défense
information fournie par Reuters 20/03/2025 à 14:09

Les drapeaux de l'UE devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles

Les drapeaux de l'UE devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles

par Jan Strupczewski

La nécessité de mobiliser des centaines de milliards d'euros pour renforcer la défense des pays de l'Union européenne (UE) a conduit Bruxelles à redéfinir à la hâte ce qu'elle considère comme des dépenses militaires alors qu'elle s'en tenait jusqu'à présent à une définition plutôt stricte.

Les dirigeants des Vingt-Sept devraient s'engager jeudi lors d'un sommet à Bruxelles à renforcer le bloc sur le plan militaire comme économique face aux incertitudes qui planent sur les relations commerciales et sécuritaires avec les États-Unis de Donald Trump, tout en réaffirmant leur soutien financier et militaire à l'Ukraine.

Afin d'accroître les investissements militaires, que l'UE juge nécessaires pour se prémunir contre une menace potentielle de la Russie sur son flanc oriental, les dépenses de défense de l'UE seront exemptées de l'application des plafonds de déficit de l'UE pour une période de quatre ans.

Mais si ces dépenses supplémentaires devraient contribuer à compenser des décennies de sous-investissement dans la sécurité du continent, elles ne pourront être autorisées que si les membres du bloc s'accordent sur le périmètre de ce qui doit être considéré comme des dépenses de défense.

Avant un changement de règle approuvé par les ministres des Finances la semaine dernière, la construction d'une usine de munitions, par exemple, était classée dans les dépenses de construction plutôt que dans les dépenses de défense - ce que la Pologne a découvert lorsqu'elle a commencé à construire une nouvelle usine d'une valeur de 5 milliards de zloty (1,2 milliard d'euros).

Le concept de dépenses de défense a jusqu'à présent été plutôt étroit dans l'UE, ne s'appliquant qu'aux équipements déjà livrés (tels que les chars, les avions et les canons) et excluant les coûts de formation, d'embauche et de paiement des nouveaux équipages de chars, des pilotes et des mécaniciens.

Ce champ d'application strict est toutefois sur le point de s'étendre, lorsque l'UE élargira la catégorie à la plupart des produits liés à la défense, y compris les biens dits "à double usage", qui peuvent avoir une utilisation à la fois militaire et civile.

Le renforcement des routes et des ponts pour faciliter le passage des chars, la fabrication de drones, d'hélicoptères, de satellites, de radars et d'abris souterrains sont des exemples de ces doubles usages.

DES IDÉES "SPÉCIFIQUES"

Cette définition plus large correspond mieux à ce que l'Otan considère comme des dépenses de défense dans le cadre de son objectif de longue date exigeant des pays membres de l'alliance transatlantique qu'ils consacrent au moins 2% de leur produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires.

L'Otan laisse toutefois une grande marge d'interprétation à chacun de ses membres.

"Le débat était déjà d'une ampleur considérable et, bien sûr, ce que vous voyez maintenant, ce sont des États membres spécifiques qui viennent avec leurs propres idées spécifiques sur ce qui devrait être considéré comme de la défense", a déclaré un haut responsable de l'UE.

En Italie, par exemple, le gouvernement ultraconservateur souhaite que la définition soit élargie pour inclure les coûts de gestion de l'arrivée de migrants nord-africains.

La demande de Rome ne sera pas acceptée, selon des responsables européens, car la protection des frontières ne peut être définie comme "défense" que si elle se réfère à une partie d'une installation militaire construite pour empêcher une invasion, et non aux dépenses consacrées aux gardes patrouillant en mer pour intercepter les bateaux des migrants.

L'Espagne, un autre pays éloigné du flanc oriental de l'UE, a pour sa part demandé que les projets relatifs au changement climatique soient inclus dans la catégorie, une idée également rejetée par l'exécutif européen.

Si la cybersécurité en général n'est pas incluse dans la catégorie de la défense, les ordinateurs achetés par l'armée pour prévenir les cyberattaques pourraient être éligibles.

"L'idée est que cela doit être pertinent pour la défense", a déclaré un autre haut responsable de l'UE.

(Version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)

2 commentaires

  • 21 mars 16:42

    Su grand n'importe quoi européiste, comme d'hab.
    Vous pensez que les industriels ont les mêmes pb chez Poutine ?


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