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Prescriptions, déserts médicaux... : les médecins généralistes "ne comprennent plus ce qu'on attend d'eux", selon le syndicat de la profession
information fournie par Boursorama avec Media Services 06/06/2025 à 15:23

"On ne cesse d'avoir des messages qui nous disent une chose et son contraire", s'impatiente la présidente du premier syndicat de médecins généralistes.

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Les médecins généralistes "se sentent sous la menace", alors que le gouvernement multiplie les initiatives, pour répondre par exemple à la désertification médicale ou pour réduire les dépenses de l'assurance maladie. Les professionnels "ne comprennent plus ce qu'on attend d'eux", selon Agnès Giannotti, la présidente de MG France, le principal syndicat du secteur.

"On ne cesse d'avoir des messages qui nous disent une chose et son contraire" et les généralistes "se sentent sous la menace", tonne la combative praticienne, qui mènera à partir de vendredi 6 juin les travaux du congrès de son syndicat au Havre. Par exemple, "on nous dit qu'il faut moins consommer d'antibiotiques, et puis on multiplie" les nouveaux prescripteurs, dit-elle en allusion à la capacité désormais donnée aux pharmaciens de prescrire des antibiotiques pour l'angine bactérienne ou la cystite, et aux propositions pour étendre cette possibilité aux sinusites et aux otites.

"Après la signature de la nouvelle convention médicale" il y a un an, qui a revalorisé à 30 euros la consultation du généraliste, "les médecins généralistes étaient quand même rassérénés, ils avaient l'impression qu'on reconnaissait leur travail. Mais depuis on s'est pris des coups non-stop", indique Agnès Giannotti.

Les généralistes, dont la démographie décroit -ils formaient 41,3% de la population médicale totale en 2024, contre 47,1% en 2010- sont censés être au coeur du système de soins, avec un rôle central de médecin traitant, capable d'orienter de manière pertinente son patient.

Mais ce rôle est aujourd'hui rogné par de multiples initiatives. Les patients commencent à avoir un accès direct, sans passer par le généraliste, à certaines professions paramédicales -kiné ou infirmières de pratique avancée par exemple. Les médecins spécialistes poussent également pour que les patients accèdent également à leur cabinet sans passer par la case "médecin traitant".

"Usine à gaz ahurissante"

Et les généralistes redoutent également de perdre leur liberté d'installation. MG France est farouchement contre la proposition de loi Garot que vient d'adopter l'Assemblée nationale, qui vise à instaurer le principe d'une installation pour un départ en retraite dans les zones les mieux dotées en praticiens.

Et le syndicat met en garde sur l'applicabilité de la demande de François Bayrou, qui réclame que les médecins aillent exercer deux jours par mois dans un désert médical . "Le zonage" de densité médicale sur lesquelles sont basées les différentes propositions politiques "est complètement faux" et "n'a pas été actualisé depuis plusieurs années", avertit Agnès Giannotti.

"Tant qu'on n'aura pas de définition précise et exacte de ce qu'est une zone surdotée ou une zone 'normo-dotée', n'importe quelle mesure aboutira à des aberrations", indique-t-elle.

La colère gronde également sur la question des "docteurs juniors". À partir de novembre 2026, les futurs médecins généralistes devront, pour leur onzième et dernière année d'étude, aller exercer comme interne en dehors des grands centres hospitaliers, pour donner un coup de main dans les territoires.

Mais MG France estime que l'indemnité mensuelle qui sera fourni aux généralistes libéraux qui accueilleront un docteur junior ne couvrira pas les frais logistiques (bureau, secrétariat, matériel) pour l'accueil de celui-ci. "On prévoit de nous verser 1.200 euros alors que le coût moyen est d'au moins 2.000 euros" , indique Agnès Giannotti.

Le gouvernement fait valoir que, toutes indemnités confondues (participation aux gardes, indemnité spéciale pour certaines zones très sous-dotées), le total versé pour un docteur junior pourra aller jusqu'à 3.000 euros. "Mais tous les médecins ne l'atteindront pas, souligne Agnès Giannotti, qui juge "indécent" de vouloir faire croire l'inverse.

De plus, le gouvernement prévoit de mettre en place une "usine à gaz ahurissante, incompréhensible" pour la rémunération des docteurs juniors , explique la syndicaliste.

Au final, les docteurs juniors "se retrouveront tous à l'hôpital" et pas dans les cabinets libéraux, pronostique-t-elle.

7 commentaires

  • 06 juin 18:18

    Lors de la cris du covid, c'est l'administration qui prescrivait à la place des médecins. Ils sont en train de détruire les rapports médecin/patient : ce sont des destructeurs de notre société.


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