Sarah El Haïry le 23 septembre 2024 à Paris ( AFP / Thomas SAMSON )
La Haute-commissaire à l'Enfance Sarah El Haïry a souhaité lundi des contrôles auprès des acheteurs des poupées sexuelles ressemblant à des fillettes vendues en ligne pour vérifier si des enfants sont en danger dans leur entourage.
Shein a été signalé à la justice pour la commercialisation de "poupées sexuelles d'apparence enfantine", que le géant de l'e-commerce asiatique assure avoir retiré de son site en France.
Ces poupées "sont des objets pédocriminels sur lesquels des prédateurs s'entraînent malheureusement parfois avant de passer à des sévices sur des enfants", a déclaré Mme El-Haïry sur BFMTV.
"Quand vous faites l'achat d'objets aussi ignobles que ça, (...) il y a un risque accru de passer à l'acte. Et donc, les enfants qui sont aux alentours ont vocation à être protégés", a-t-elle dit.
"Il n'y a pas que Shein, il y en a bien d'autres, nous avons été alertés sur d'autres cas", a-t-elle précisé par ailleurs sur FranceInfo.
"Ces poupées ne sont pas des objets pornographiques, mais pédopornographiques, et donc ce n'est pas légal dans notre pays. C'est comme la détention d'images pédocriminelles, cela vous envoie devant les tribunaux", a-t-elle dit. Ces procédures peuvent aller jusqu'à 7 ans de prison et 75.000 euros d'amendes.
Elle souhaite que les plateformes transmettent des "informations" sur les acheteurs, "ce qui nous permettra de pouvoir lancer un certain nombre de contrôles et voir s'il y a des enfants en danger".
"Toutes les trois minutes, un enfant subit des violences sexuelles", a-t-elle rappelé.
"Des hommes qui ont ces poupées-là" sont "potentiellement des pédocriminels qui passeront à l'acte sur des enfants", a-t-elle martelé.
"Mon enjeu aujourd'hui, c'est les fournisseurs" (de ces poupées) mais aussi "les hommes qui détiennent ces horreurs, ces ignominies, à leur domicile, et qui peut-être ont des enfants qui dorment dans la chambre d'à côté".
"Je veux qu'on aille jusqu'au bout de la chaîne cette fois-ci. Il y en a marre parce que ce ne sont pas des objets comme les autres", a-t-elle poursuivi.
Véronique Béchu, spécialiste de la lutte contre la pédocriminalité et ancienne commandante de police, confirme que ces poupées, qui sont une "représentation de mineur à caractère sexuel", constituent une infraction pénale.
"Fabriquer, acheter, diffuser ou détenir ces poupées est interdit", indique-t-elle à l'AFP, jugeant crucial d'identifier les acheteurs, car ils présentent "des appétences sexuelles pour les enfants".
Consulter des images ou des vidéos ou posséder des poupées sexuelles représentant un mineur "participe du comportement pédocriminel" et "ne constitue en aucun cas un frein au passage à l'acte", indique celle qui dirige aujourd'hui l'Observatoire contre les violences numériques faits aux mineurs de e-Enfance.
"Un individu qui a des rapports sexuels avec une poupée représentant un enfant ne s'en satisfera pas éternellement. Il risque de s'en prendre à un enfant réel", indique l'ex-cheffe du pôle stratégique de l'Office Mineurs.
Pour comparaison, 44% des personnes ayant une activité pédocriminelle en ligne finissent par passer à l’acte physiquement, indique-t-elle.

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