Blocages, baisses de production... Les mouvements de grève se poursuivent dans certains secteurs, au lendemain de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

( AFP / LIONEL BONAVENTURE )
• Raffineries : expéditions toujours bloquées
Les expéditions de carburants sont toujours bloquées mercredi à la sortie des raffineries de TotalEnergies et d' Esso -ExxonMobil en France, avec des taux de grévistes parmi les opérateurs du matin entre 70% et 100% selon plusieurs responsables CGT et FO (54% des opérateurs du premier quart, selon TotalEnergies). Le gigantesque dépôt de carburants de TotalEnergies près de Dunkerque, à Mardyck, devrait rester complètement bloqué sans doute jusqu'au 15 mars, dit à l' AFP Clément Mortier (FO).
Les raffineries continuent de produire du carburant mais il doit, jusqu'à nouvel ordre, être stocké sur place, faute de pouvoir sortir. Quand les réserves sur site seront pleines, les raffineries devront s'arrêter, mais cela nécessiterait plusieurs jours, voire semaines de blocages. En attendant, les 10.000 stations de France comptent sur 200 dépôts de carburants. Au moins un, à Ambès, sur l'estuaire de la Gironde, était bloqué depuis 3 heures du matin.
Le manque de carburants commence toutefois à se faire ressentir dans les stations : 5,78% des stations manquaient mercredi d'au moins un type de carburant (diesel ou essence), selon les remontées des stations disponibles sur le site et analysées par l'AFP. Les départements les plus touchés sont dans l'Ouest : un quart des stations manquaient de carburant dans la Sarthe, l'Indre-et-Loire et le Calvados. Des pénuries dues à des pleins de précaution des automobilistes, assure à l' AFP Francis Pousse, président de Mobilians (5.800 stations traditionnelles hors grande distribution).
• Gaz: blocages mais gazoducs ouverts
L'alimentation du réseau français de gaz (les gazoducs gérés par GRTgaz) vers les clients est maintenue, mais les volumes envoyés depuis les sites de stockage souterrains Storengy sont désormais réduits "entre 30 et 40%", a annoncé à l' AFP Frédéric Ben, reponsable du gaz à la CGT Energie, qui avait lancé un ultimatum à cette filiale d'Engie gérant la plupart des réserves de gaz françaises, dans des cavités naturelles.
La société confirme à l' AFP , mais assure que les clients ne sont pas affectés pour l'instant.
Plus aucun gaz naturel liquéfié (GNL) n'est par ailleurs déchargé des navires depuis mardi, les quatre terminaux méthaniers portuaires du pays étant bloqué par les grévistes. "Cela durera aussi les jours prochains car le but est de mettre la pression. Il y a des assemblées générales tous les matins, la détermination est là", a indiqué à l' AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral du syndicat FNME CGT.
Du gaz continue d'arriver par gazoduc de Norvège ou d'Espagne.
• Énergie : toujours des baisses de production
Les grévistes d'EDF ont pris en main une partie des centrales nucléaires, thermiques et hydroélectriques en France et réussi à r etirer jusqu'à 11.000 mégawatts (MW) du réseau électrique , ce qui est très élevé et largement supérieur aux journées de grèves précédentes.
Le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension, RTE, surveille de près pour éviter des coupures, et a ordonné un arrêt des baisses dans la matinée pour "passer la pointe de consommation du matin", a-t-il dit à l' AFP .
Les coupures sauvages de courant se multiplient par ailleurs, à l'initiative d'agents d'Enedis : un dépôt d'Amazon près de Pau et un site d'Enedis à Périgueux; mardi avaient été visés la ville d'Annonay, fief du ministre Olivier Dussopt, et des zones industrielles et commerciales à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et Neuville-en-Ferrain (Nord).
• Transports : améliorations à la SNCF
Un train sur trois roule mercredi à la SNCF, soit mieux que les 20% de mardi. La grève continuera jeudi et au moins vendredi mais le trafic s'améliorera, a dit le ministre chargé des Transports, Clément Beaune, sur LCI mercredi. Tous les syndicats de la compagnie publique ont appelé à une grève reconductible. Aucun train ne roule en Corse.
À Paris, dans les transports en commun gérés par la RATP, le trafic s'est amélioré mercredi dans le RER, il est quasiment normal pour les bus et les tramways, et le métro roule mieux que mardi, mais toujours très mal : entre un quart et la moitié du service habituel est prévu.
Dans les aéroports, entre 20 et 30% des vols sont supprimés , ce qui devrait se poursuivre jusqu'à vendredi, selon Clément Beaune.
• Ports
Les ports du Havre, premier de France pour les conteneurs, de Rouen, le premier port céréalier d'Europe de l'Ouest, et de Marseille-Fos, qui s'étend sur une surface équivalente à la ville de Paris, sont bloqués mercredi, ainsi que les accès aux ports de Bayonne et La Rochelle.
• Éboueurs
Les trois incinérateurs de déchets parisiens sont toujours à l'arrêt, un pour maintenance (Saint-Ouen), deux autres en raison de la grève (Issy-les-Moulineaux et Ivry), lesquels sont toujours occupés par des éboueurs, selon la CGT. Les éboueurs agents de la ville de Paris, qui gèrent une moitié des arrondissements, sont en grève à 35%, contre 60% les jours précédents , a indiqué Régis Vieceli, secrétaire général du syndicat CGT nettoiement (FTDNEEA). Du côté des entreprises privées, qui gèrent l'autre moitié des arrondissements de Paris, la grève se poursuit, a assuré Fabrice Michaud, de la CGT Transports, sans être en mesure de chiffrer la mobilisation.
À Niort, la collecte de poubelles est bloquée.
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