(Actualisé avec nouveau bilan)
Les forces de sécurité syriennes ou des hommes armés liés au pouvoir en place ont tué 745 civils, majoritairement issus de la minorité alaouite, dont des femmes et des enfants, lors d'opérations menées au cours des deux derniers jours dans l'ouest de la Syrie, a déclaré samedi à Reuters le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdoulrahmane.
Reuters n'a pas été en mesure de confirmer ce bilan.
Les nouvelles autorités syriennes ont dépêché d'importants effectifs militaires dans les régions de Jableh et Baniyas, sur la côte méditerranéenne, pour tenter d'étouffer un début d'insurrection déclenché jeudi par des miliciens liés à l'ancien régime de Bachar al Assad, lui-même alaouite.
Des dizaines de membres des forces de sécurité ont été tués lors d'affrontements violents, a déclaré une source proche des services de sécurité.
Plusieurs responsables syriens ont admis que des "abus" avaient été perpétrés lors des opérations en cours, qu'ils ont imputés à des groupes inorganisés de civils ou combattants cherchant à appuyer les forces de sécurité ou à profiter d'une situation chaotique pour commettre des crimes.
L'OSDH a dit notamment avoir reçu des témoignages selon lesquels 38 hommes appartenant à la communauté alaouite auraient été exécutés vendredi dans la ville d'Al Moukhtareyah.
Ce début d'insurrection constitue un sérieux défi pour le président par intérim Ahmed al Charaa, l'ancien chef rebelle islamiste qui a pris le pouvoir à Damas en décembre. Lors d'une allocution télévisée vendredi, il a promis que les forces de sécurité n'autoriseraient personne à "exagérer" dans leur riposte face aux insurgés. "Ce qui nous différencie de notre ennemi est notre attachement à nos valeurs", a-t-il dit.
Les médias officiels syriens ont rapporté samedi, citant une source au sein du ministère de la Défense, que tous les accès routiers à la côte avaient été barrés afin d'empêcher des exactions et de faciliter le retour au calme. Des forces de sécurité ont été déployées dans les rues des villes côtières.
Selon cette même source, un comité d'urgence créé pour surveiller ces abus enverra en cour martiale quiconque désobéira aux ordres du commandement militaire.
Rami Abdoulrahmane, opposant à Bachar al Assad dont l'ONG a documenté des années de guerre civile en Syrie, a déclaré qu'il ne s'agissait "pas d'être pour ou contre l'ancien régime d'Assad". "Ce sont des massacres qui visent à chasser la population alaouite", a-t-il estimé.
Plusieurs centaines d'habitants, des femmes, enfants et personnes âgées pour la plupart, ont trouvé refuge sur la base de Hmeimim près de Lattaquié, selon des images tournées sur place et deux personnes au fait du sujet.
Rami Abdoulrahmane et quatre habitants de la région côtière ont fait état de meurtres, de pillages et de maisons incendiées dans la ville de Baniyas et les villages environnants.
Six habitants de la région ont déclaré que des milliers d'alaouites ou de chrétiens avaient fui leurs domiciles.
(Timour Azhari à Beyrouth, Suleiman al Khalidi à Amman et le bureau de Damas; Jean-Stéphane Brosse et Camille Raynaud pour le service français)
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