
Confrontation entre un policier monté et un manifestant, lors d'une manifestation à Tel-Aviv pour réclamer un accord de cessez-le-feu à Gaza et le retour des otages du 7-Octobre, le 9 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
C'est le "meilleur moyen pour terminer la guerre" contre le Hamas à Gaza: le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a justifié dimanche le nouveau plan d'opération de l'armée dans le territoire palestinien dévasté et affamé, y promettant par ailleurs une augmentation de l'aide humanitaire.
Après 22 mois de guerre, M. Netanyahu est confronté à une très forte pression, en Israël sur le sort des 49 otages encore aux mains du Hamas, et à l'étranger pour faire taire les armes dans la bande de Gaza, où plus de deux millions de Palestiniens assiégés sont menacés d'une "famine généralisée" selon l'ONU.
"Nous avons accompli aujourd'hui une grande partie du travail. Nous avons environ 70 à 75% de Gaza sous contrôle militaire israélien", a déclaré M. Netanyahu, au cours d'une conférence de presse à Jérusalem. "Mais nous avons encore deux bastions restants: ce sont la ville de Gaza et les camps" d'al-Mawasi, 5 km plus loin.
- "Pas d'autre choix" -
Le plan israélien "est la meilleure façon de terminer la guerre" et "nous n'avons pas d'autre choix pour terminer le travail", a-t-il affirmé.
Le nouveau plan de l'armée "ne vise pas à occuper Gaza, mais à démilitariser Gaza", a répété M. Netanyahu, résumant: "premièrement, désarmer le Hamas. Deuxièmement, tous les otages sont libérés. Troisièmement, Gaza est démilitarisée. Quatrièmement, Israël exerce un contrôle de sécurité prépondérant. Et cinquièmement, une administration civile pacifique non israélienne".
Le plan israélien a fait l'objet d'un entretien téléphonique dimanche soir entre M. Netanyahu et le président américain Donald Trump, selon le bureau du Premier ministre israélien. Ils ont discuté "des plans israéliens pour prendre le contrôle des derniers bastions du Hamas à Gaza, dans le but de mettre fin à la guerre, de libérer les otages et de vaincre le Hamas".
Un responsable du Hamas, Taher al-Nounou, a accusé le Premier ministre israélien de "continuer de mentir, de tromper et de chercher à induire le public en erreur". Benjamin Netanyahu "continue d'exploiter la question des prisonniers (les otages, NDLR) comme prétexte pour prolonger l'agression", a renchéri le Hamas dans un communiqué, accusant l'armée israélienne d'avoir "causé la mort de dizaines" d'otages.
"La seule manière de sauvegarder" la vie des otages est de "mettre fin à l'agression et de parvenir à un accord, et non de poursuivre les bombardements et le blocus" israélien imposé à la bande de Gaza, a encore dit le Hamas.

Manifestation à Tel-Aviv organisée par les familles des otages retenus à Gaza depuis le 7-Octobre pour réclamer un accord assurant leur retour en Israël, le 9 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
M. Netanyahu a d'autre part affirmé que dans le cadre du nouveau plan militaire annoncé pour Gaza, Israël "permettra d'abord à la population civile de quitter en toute sécurité les zones de combat pour se rendre dans des zones sûres désignées", où "on leur fournira en abondance de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux".
Il a promis des "couloirs protégés" et "d'augmenter le nombre de sites de distribution d'aide de la GHF" (Fondation privée soutenue par les Etats-Unis et Israël), ainsi que les "largages aériens".
- "Gagner la guerre" -
"Nous parlons en termes d'un calendrier assez court parce que nous voulons mettre fin à la guerre. (...) Nous allons gagner la guerre, avec ou sans le soutien des autres", a-t-il enfin lancé, alors que son plan a suscité la réprobation internationale.

Un Palestinien pleure la mort d'un proche tué la veille par des tirs israéliens alors qu'il venait chercher de l'aide alimentaire, dans la morgue de l'hôpital Al-Shifa de Gaza-ville, le 10 août 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
Le Conseil de sécurité a tenu une réunion urgente dimanche sur le sujet à l'initiative de plusieurs pays européens.
Le sous-secrétaire général de l'ONU, Miroslav Jenca, a mis en garde contre les projets militaires israéliens, qui risquent de déclencher "une nouvelle calamité" aux graves conséquences régionales.
Indéfectible allié d'Israël, les Etats-Unis ont accusé les pays ayant appelé à la réunion de "prolonger activement la guerre en répandant des mensonges sur Israël".
Les familles des otages enlevés lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 voient dans le nouveau plan israélien une condamnation à mort de leurs proches. Le Hamas a prévenu qu'elle aboutirait à leur "sacrifice".
Des parents d'otages ont appelé à une grève générale pour dimanche prochain.
Sur le plan politique, des ministres d'extrême-droite ont clamé leur désaccord.
"Le Premier ministre et le cabinet se sont rendus aux faibles", a fustigé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich. "Je veux tout Gaza, le transfert (de sa population, NDLR) et la colonisation", a renchéri le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.

Des Palestiniens déplacés portant des sacs de vivres après une ruée sur des camions transportant de l'aide à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 août 2025 ( AFP / - )
Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a fait état de 27 personnes tuées par l'armée israélienne dimanche, dont 11 en attendant des distributions de vivres près de centres de la GHF.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Les représailles israéliennes à Gaza ont déjà fait 61.430 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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