Le patron de l'énergéticien français ne devrait pas être reconduit à son poste, Emmanuel Macron prévoyant de le remplacer par le directeur général de Framatome Bernard Fontana, pour "accélérer" le chantier industriel pharaonique de la relance du nucléaire.

Luc Rémont, à Paris, le 17 février 2023 ( AFP / ALAIN JOCARD )
Luc Rémont, patron d'EDF évincé par l'Etat, a défendu son bilan en faisant valoir une "baisse massive des prix" et le redressement de l'entreprise, et en estimant n'avoir pas de "leçon de patriotisme industriel à recevoir", dans une interview dimanche 23 mars au Figaro .
Il a regretté l'engagement "pas suffisant" de l'Etat pour le financement de la relance du nucléaire, un sujet prioritaire qui pourrait expliquer la nomination de son successeur, Bernard Fontana, actuel directeur général de Framatome, filiale d'EDF et l'un de ses principaux fournisseurs en équipements, services et combustible pour l'industrie nucléaire.
"Ma mission est terminée, mais même si elle n'a duré que vingt-huit mois cela reste pour moi la mission d'une vie", résume Luc Rémont en étalant ses divergences avec l'Etat actionnaire, dont il constate "une dégradation" dans la capacité à "concevoir le changement (...), à prendre des décisions et à tenir sa parole".
Il se félicite d'avoir redressé EDF dont la production d'électricité a progressé de 30% tandis que les prix ont baissé. "Nous nous sommes engagés à proposer des contrats de long terme, au prix le plus bas possible, dans un environnement concurrentiel. Cela ne veut pas dire à n'importe quel prix", a-t-il dit, en référence aux contrats d'électricité nucléaire au coeur de négociations très tendues avec les grands industriels, qui ont jugé leur prix trop élevé.
Réagissant au commentaire du patron du groupe Saint-Gobain accusant EDF de faire "un bras d'honneur à l'industrie française" avec des tarifs prohibitifs, Luc Rémont juge n'avoir "pas de leçon de patriotisme industriel à recevoir". "EDF est le premier investisseur industriel en France (...) Mais une entreprise publique n’est pas là pour faire des subventions à un petit club privé."
"Nous avons pris des engagements très forts fin 2023 pour sortir d’un schéma qui tuait l'entreprise", a-t-il ajouté, évoquant le système dit Arenh, imposant à EDF de céder à des concurrents, distributeurs ou industriels "électro-intensifs" (gros consommateurs) des quotas d'électricité à bas prix.
"Pas entendu" par l'Etat
Si les ventes aux enchères étaient vues d'un mauvais oeil par l'exécutif, "c'est une demande explicite des autorités de concurrence et de régulation. Je ne vois pas en quoi se mettre en conformité avec le droit est une provocation", dit Luc Rémont, ajoutant que les enchères portent "sur moins de 3% de la production nucléaire".
Il a enfin regretté "un effort (de l'Etat) certes important (pour le financement des nouveaux réacteurs, NDLR), sous la forme d’une garantie de prix de l’électricité et d’un prêt bonifié", mais "pas suffisant" pour la relance du nucléaire.
"J’ai demandé des choses simples: un prêt d’État non bonifié, pour limiter le volume des émissions obligataires d’EDF. J’ai aussi souhaité un 'pacte de confiance' sur les prélèvements de l’État sur EDF (...). Je n’ai pas été entendu", a-t-il conclu.
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