Les dix prochaines années vont voir la Chine passer au statut de"collecteur de dettes", au sens où elle recevra plus de remboursements qu'elle ne prêtera de l'argent.

Xi Jinping à Hanoi, au Vietnam, le 14 avril 2025. ( POOL / NHAC NGUYEN )
Un "raz-de-marée" de remboursements et de paiements d'intérêts. Les pays en développement qui ont contracté des dettes auprès de la Chine vont lui verser en 2025 des montants inédits, selon une étude de l'institut australien Lowy publiée mardi 27 mai.
Ces prêts s'inscrivent dans le cadre du programme mondial d'infrastructures dit des "Nouvelles Routes de la soie", lancé par la Chine en 2013 pour développer ses liens commerciaux avec le reste du monde et sécuriser ses approvisionnements.
"Les pays en développement sont confrontés à un raz-de-marée de paiements de dettes et d'intérêts à la Chine ", prévient le chercheur Riley Duken, dans l'étude de l'Institut Lowy, un groupe de réflexion indépendant basé à Sydney.
Ces dix prochaines années, poursuit l'étude, la Chine sera non plus le "banquier des pays en développement" mais un "collecteur de dettes", au sens où elle recevra plus de remboursements qu'elle ne prêtera de l'argent.
L'institut Lowy a passé au crible les données de la Banque mondiale pour calculer les obligations de remboursement des pays en développement. Les 75 pays les plus pauvres de la planète vont ainsi honorer des "remboursements de dette record" à la Chine en 2025, pour un montant total évalué à 19 milliards d'euros.
"Pression financière énorme"
"La pression exercée par les prêts de l'État chinois, couplée à l'augmentation des remboursements à une série de créanciers privés internationaux, exercent une pression financière énorme sur les économies en développement ", explique l'institut.
Interrogée mardi lors d'un point de presse régulier, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a dit "ignorer sur quelles bases repose ce rapport".
"La coopération entre la Chine et les pays en développement en matière d'investissement et de financement s'effectue dans le respect des pratiques internationales, des règles du marché et des principes de soutenabilité de la dette" , a-t-elle affirmé. "Certains pays se plaisent à propager la théorie de la responsabilité de la Chine dans cette dette, en se gardant bien de souligner le rôle des institutions financières multilatérales et des créanciers commerciaux issus des pays développés, qui sont en réalité les principaux créanciers des pays en développe-ment et la source majeure de leur pression en matière de remboursement."
Selon l'étude de l'institut Lowy, les prêts chinois diminuent presque partout dans le monde.
Le Honduras et les îles Salomon ont bénéficié de prêts chinois après avoir rompu leurs relations diplomatiques avec Taïwan, respectivement en 2023 et 2019. L'Indonésie et le Brésil ont par ailleurs signé ces dernières années de nouveaux accords de prêt avec la Chine, qui souhaite sécuriser ses approvisionnements en métaux et minéraux.
Les détracteurs du programme des "Nouvelles Routes de la soie" pointent le risque qu'il n'enferme certains pays membres dans la dette.
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