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Netanyahu veut "prendre" Gaza mais "pas la gouverner"
information fournie par AFP 07/08/2025 à 19:08

Des manifestants antigouvernementaux réclament un accord qui permettrait la libération des otages israéliens retenus à Gaza, devant le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à Jérusalem le 7 août 2025 ( AFP / AHMAD GHARABLI )

Des manifestants antigouvernementaux réclament un accord qui permettrait la libération des otages israéliens retenus à Gaza, devant le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à Jérusalem le 7 août 2025 ( AFP / AHMAD GHARABLI )

Israël a "l'intention" de prendre le contrôle de la bande de Gaza mais "pas de la gouverner", a assuré jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, peu avant une réunion de son cabinet de sécurité pour décider des suites de la guerre dans le territoire palestinien.

"Nous en avons l'intention", a répondu sur la chaîne Fox News le Premier ministre, à la question de savoir si son pays comptait prendre le contrôle de la totalité de Gaza.

Mais "nous ne voulons pas garder" Gaza, "nous voulons mettre en place un périmètre de sécurité, mais ne voulons pas la gouverner", a-t-il ajouté.

Cette interview a été diffusée peu avant une réunion du cabinet de sécurité à Jérusalem, qui a débuté vers 18H00 (15H00 GMT), selon les médias, et doit décider des suites de la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par la sanglante attaque du Hamas en territoire israélien depuis la bande de Gaza.

- "Eliminer les menaces" -

Des enfants palestiniens portent des bidons d'eau dans le camp de déplacés d'Al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza le 7 août 2025 ( AFP / - )

Des enfants palestiniens portent des bidons d'eau dans le camp de déplacés d'Al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza le 7 août 2025 ( AFP / - )

La presse israélienne annonce depuis plusieurs jours un plan visant "à conquérir l'ensemble de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza et les camps de réfugiés" situés dans le centre du territoire, une opération de plusieurs mois qui nécessitera une mobilisation massive de réservistes.

Alors que la presse s'est fait aussi l'écho des réserves du chef d'état-major, voire de son opposition à ce plan présumé, l'intéressé s'est pour la première fois exprimé publiquement jeudi: "Nous continuerons d'exprimer notre position sans crainte, de manière pragmatique, indépendante et professionnelle", a commenté le lieutenant-général Eyal Zamir.

Et de mettre en garde: "Nous ne limiterons plus notre réponse. Nous éliminerons les menaces à leur stade précoce dans tous les domaines et continuerons à travailler pour atteindre nos objectifs".

Un char israélien le long de la frontière avec la bande de Gaza, le 5 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

Un char israélien le long de la frontière avec la bande de Gaza, le 5 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

L'armée israélienne occupe ou opère actuellement au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 86,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d'évacuation.

Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées: les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice, la bande de Gaza, assiégée, est menacée d'une "famine généralisée", selon l'ONU, et totalement dépendante de l'aide humanitaire, toujours distribuée en quantités largement insuffisantes selon les humanitaires.

Une flottille transportant des familles d'otages israéliens retenus à Gaza quitte le port d'Ashkelon, le 7 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

Une flottille transportant des familles d'otages israéliens retenus à Gaza quitte le port d'Ashkelon, le 7 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans cet étroit territoire qui longe la Méditerranée. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61.258 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Du côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Parachutage d'aide humanitaire au-dessus de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 6 août 2025 ( AFP / Eyad BABA )

Parachutage d'aide humanitaire au-dessus de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 6 août 2025 ( AFP / Eyad BABA )

Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies israéliennes, démantelées en 2005 avec le retrait unilatéral décidé par le Premier ministre d'alors, Ariel Sharon.

- 99 morts de faim -

Mardi, M. Netanyahu a réaffirmé les objectifs de guerre fixés à l'armée: "vaincre totalement l'ennemi à Gaza, libérer tous nos otages et s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël".

Cargaisons d'aide humanitaire en attente d'entrée dans la bande de Gaza, du côté égyptien du poste-frontière de Rafah, le 6 août 2025 ( AFP / STR )

Cargaisons d'aide humanitaire en attente d'entrée dans la bande de Gaza, du côté égyptien du poste-frontière de Rafah, le 6 août 2025 ( AFP / STR )

Entre un "contrôle militaire à court terme de l'ensemble de la bande, une domination militaire à long terme et un possible retour des colonies juives", "l'occupation complète" voulue par Netanyahu n'est pas du tout claire, analyse le Times of Israël.

Carte montrant les zones de la bande de Gaza militarisées par Israël ou soumises à des ordres d'évacuation non révoqués, selon de dernières données disponibles de l'Ocha au 6 août 2025 ( AFP / Olivia BUGAULT )

Carte montrant les zones de la bande de Gaza militarisées par Israël ou soumises à des ordres d'évacuation non révoqués, selon de dernières données disponibles de l'Ocha au 6 août 2025 ( AFP / Olivia BUGAULT )

L'opinion israélienne s'alarme toujours plus du sort des 49 otages encore retenus à Gaza, dont 27 déclarés morts par l'armée. La diffusion par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos de propagande montrant deux d'entre eux, très affaiblis et amaigris, ont suscité colère et émotion en Israël, mais aussi à l'étranger.

Le Forum des familles en a appelé solennellement au chef d'état-major pour qu'il s'oppose "au sacrifice des otages!", alors que "80% de la population est favorable à un accord global" négocié en échange de leur retour.

Ils étaient encore plusieurs centaines à manifester jeudi soir devant les bureaux du Premier ministre. Le matin même, trois voiliers affrétés par des familles d'otages se sont symboliquement rapprochés des côtes de Gaza pour jeter des bouées à la mer et lancer un cri d'alarme: "Mayday!".

Un campement dévasté après une frappe israélienne dans le secteur d'Al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 août 2025 ( AFP / - )

Un campement dévasté après une frappe israélienne dans le secteur d'Al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 août 2025 ( AFP / - )

Nouveau front intérieur pour Netanyahu: les juifs orthodoxes ont appelé à la mobilisation contre l'obligation de la conscription militaire, à laquelle la plupart échappe pour le moment, et que l'Etat entend désormais leur imposer. Plusieurs centaines d'entre eux ont manifesté jeudi à Jérusalem.

Des blessés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, après une frappe israélienne le 7 août 2025 ( AFP / - )

Des blessés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, après une frappe israélienne le 7 août 2025 ( AFP / - )

A Gaza, la Défense civile a fait état d'au moins 35 personnes tuées par des frappes ou des tirs israéliens. L'armée annoncé avoir intercepté au moins un "projectile" tiré depuis le nord de Gaza, alors que le Jihad islamique a revendiqué le tir de deux roquettes vers un kibboutz frontalier.

L'Organisation mondiale de la santé a annoncé que 99 personnes, dont 29 enfants de moins de cinq ans, étaient mortes de malnutrition depuis le début de l'année, "des chiffres probablement sous-estimés", a souligné le directeur général de l'agence, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

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