L'autre organisation patronale participant aux négociations, la CPME, a accepté de continuer les discussions, mais a affiché son scepticisme.

Patrick Martin à Paris, le 24 juin 2025. ( AFP / ALAIN JOCARD )
Après l'échec du "conclave" sur les retraites organisé par François Bayrou, et alors que l’exécutif cherche à continuer les négociations pour arracher un accord, le patron du Medef, Patrick Martin, assure vendredi 27 juin qu'il "fera ses meilleurs efforts pour aboutir à un accord global" sur les retraites. Il prévient toutefois que les désaccords qui persistent avec les syndicats seront "les plus difficiles à régler".
"Le Medef prend acte du diagnostic dressé par le Premier ministre" François Bayrou , jeudi en conférence de presse, et "fera ses meilleurs efforts pour aboutir à un accord global" , assure Patrick Martin dans une déclaration écrite. Il précise que "sans attendre ce diagnostic", le Medef "a poursuivi des pourparlers dans un esprit constructif".
"Les points de désaccord qui subsistent seront évidemment les plus difficiles à régler car ils touchent au cœur de la réforme", remarque-t-il cependant : "Veut-on ou non redresser le taux d'emploi en France, et ce faisant redresser notre croissance , le pouvoir d'achat et notre compétitivité ", au-delà de l'équilibre "indispensable" des régimes de retraites, et globalement des finances publiques? se demande-t-il.
Il déplore que "la dimension économique et par conséquent sociale du débat autour des retraites n'ait pas été suffisamment considérée" à l'occasion du conclave.
"Risque de déclassement"
Pour Patrick Martin, "ne pas prendre en compte les attentes prioritaires de nos concitoyens, pouvoir d'achat et robustesse des régimes sociaux , ni la fragilité de notre croissance et du marché de l'emploi, ne pas mesurer le risque de déclassement de notre pays serait une erreur stratégique préjudiciable à tous".
"Si cette équation économique est bien partagée par tous les partenaires sociaux en amont de nouvelles discussions, prévient Patrick Martin, le Medef engagera celles-ci, dans un format de préférence plus autonome", c'est-à-dire seulement entre partenaires sociaux. "Il sera donc responsable en toutes choses".
Un peu plus tôt, Éric Chevée, négociateur de la CPME, l'autre organisation patronale restant présente dans les négociations -la troisième, l'U2P, la plus petite, ayant quitté la table à la mi-mars- avait remarqué que la CPME "n'a pas l'habitude de refuser le dialogue" , laissant entendre qu'elle retournerait discuter avec les syndicats. "Si on n'a pas trouvé encore d'accord, je ne suis pas sûr qu'on le trouvera, mais peut-être qu'il y a encore des voies de passage, des souplesses à mettre en place", avait-il avancé.
Il avait estimé cependant que "ça ne va pas être facile", parce que syndicats et patronat sont, sur le point-clé de la pénibilité, "sur deux idées complètement différentes" : respectivement "la réparation systématique", c'est à dire le départ en retraite avancé pour certaines catégories entières de personnes, "et de l'autre, le cas par cas".
Le gouvernement espère un accord "à la mi-juillet", a indiqué vendredi sa porte-parole Sophie Primas.
"A la mi-juillet, nous avons tous bon espoir que nous y arrivions", a-t-elle déclaré sur BFMTV/RMC au lendemain de la conférence de presse de François Bayrou dressant le bilan de quatre mois de "conclave" entre partenaires sociaux. "Nous avançons, le Premier ministre a raison de ne pas lâcher (...) Nous allons au bout de l'exercice. Il y a déjà des points d'accord que le Premier ministre s'est engagé à mettre au Parlement dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale", a-t-elle affirmé en citant l'amélioration de la prise en compte de la carrière des femmes et l'abaissement de l'âge de départ sans décote.
Point d'achoppement sur la pénibilité
Selon le schéma retenu, la retraite serait calculée sur les 24 meilleures années (et non 25) pour les femmes ayant eu un enfant, sur les 23 meilleures années pour les femmes ayant eu deux enfants, avec pour effet d'augmenter légèrement leur pension. L'âge de départ sans décote est celui auquel il est possible de partir sans être pénalisé financièrement si l'on n'a pas cotisé tous les trimestres exigés (172 dans la réforme Borne). Cet âge pourrait être abaissé de 67 à 66,5 ans.
En revanche, Sophie Primas a reconnu "qu'il y avait encore des points de blocage", notamment sur la prise en compte de la pénibilité.
Les syndicats veulent obtenir que les salariés exposés longtemps à des travaux pénibles puissent partir en retraite anticipée, quel que soit leur état de santé constaté. Mais le patronat veut réserver ce départ anticipé aux seules personnes dont l'incapacité de travailler est établie par un médecin.
Autre difficulté, l'équilibre financier. Selon François Bayrou, il manque encore 400 millions d'euros pour financer les diverses mesures sur la table, mais "on est tout près d'un accord pour y parvenir".
Mi-juillet, "au terme de ces négociations, ça sera sa responsabilité (au Premier ministre) de savoir s'il va au delà ou pas de l'accord qui sera trouvé sur les points sensibles", a dit Sophie Primas.
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