La filière met en cause le manque de solidarité des acheteurs, qui continuent de privilégier le critère prix au détriment de l'origine de la production.

( AFP / BERTRAND GUAY )
Il suffirait de mesures représentant quelques dizaines de millions d'euros par an pour pérenniser la filière, a estimé le syndicat des fabricants français de masques (F2M), dans un courrier consulté par l' AFP mercredi 9 novembre. La filière en appelle aux pouvoirs publics et met en avant la sécurisation des approvisionnements en cas de pandémie.
Dans une lettre adressée le 3 novembre au Président de la République et au gouvernement, F2M alerte "de la situation compliquée" de la filière française des masques, les difficultés rencontrées par des producteurs se multipliant. Dernier exemple en date, mi octobre, en Bretagne, le tribunal de commerce de Saint-Brieuc a prononcé la liquidation judiciaire de la Coop des masques, créée au début de la pandémie de Covid-19. Pour expliquer la faillite, le dirigeant de la Coop avait notamment cité les importations de masques chinois, moins chers.
Ce n'est pas le seul cas : "La liste est longue", déplore Christian Curel, le président du F2M, dans ce courrier. En cause, explique-t-il, le manque de solidarité des acheteurs, qui continuent de privilégier le critère prix au détriment de l'origine de la production. Le syndicat en veut pour preuve les appels d'offres faits par les collectivités en 2022, et pointe notamment du doigt le ministère des Armées, qui a commandé en février 5 millions de masques , et choisi un importateur.
Clause de préférence européenne
Pourtant, une circulaire, publiée fin 2021 et envoyée à toutes les autorités régionales de santé, donnait des instructions dans le cadre de l'achat de produits sanitaires comme les masques et les gants de protection. Avec notamment l'introduction d'une clause de préférence européenne pour les fournisseurs.
Les fabricants réclament notamment des sanctions contre les établissements qui ne suivent pas ces instructions. Le syndicat demande en outre que l'appel d'offre actuel lancé par Santé Publique France pour la constitution d'un stock stratégique national soit relancé, pour inclure cette fois-ci des prix-cibles, c'est-à-dire des prix minimum.
Enfin, il veut faire appliquer un principe de réciprocité : "Si des pays comme la Chine ou les États-Unis interdisent à leurs établissements publics d'acquérir des produits non fabriqués sur leur territoire, ce qui est le cas des masques, alors appliquer la même règle en Europe, c'est la moindre des choses".
"Le soutien à la filière masques ne coûte que quelques dizaines de millions d'euros par an , et une grande partie revient directement dans les caisses de l'État, directement ou indirectement", défend Christian Curel, lui-même à la tête d'une entreprise de masques.
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