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Manifestation féministe : le drôle d’après-midi des militantes du collectif Némésis, bloquées dans un square
information fournie par Le Figaro 08/03/2025 à 18:35

- Indésirable au sein de la manifestation parisienne organisée par les mouvements féministes et syndicaux, le collectif identitaire Némésis n’a pu y participer pleinement.

Le soleil accentue la paresse. Mollement, les passants lui offrent leur visage, assis sur les bancs du square du Temple, éloignés de quelques mètres des manifestants massés place de la République. Dans un recoin du square, un peu plus à l’ombre, une centaine de personnes entourent Alice Cordier, présidente du collectif Némésis . Elle a souhaité s’unir à la manifestation, organisée par les principales organisations féministes et les organisations syndicales (CGT, CFDT, CFE-CGC, FSU, Solidaires, Unsa). Mais sa ligne identitaire tranche avec les revendications souvent éclectiques (on dit intersectionnel, dans le jargon militant de cette partie de la Gauche) de la manifestation à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes , célébrée le 8 mars.

Place de la République, une prise de parole de l’Alliance des femmes pour la Démocratie dénonce la présence de Némésis «ce groupe raciste et le collectif sioniste Nous Toutes» . Le public, tout acquis, acquiesce vivement par des applaudissements et des cris, suivis du slogan «siamo tutti antifascisti» , «nous sommes tous antifascistes» . Autour des drapeaux et des pancartes violettes, éditées par le collectif NousToutes, les manifestants sont majoritairement jeunes, et les deux sexes sont représentés équitablement. Toutefois les causes sont diverses : le conflit en cours à Gaza (qualifié presque à chaque fois de «génocide contre les Palestiniens» ), la défense des femmes afghanes opprimées par les Talibans adeptes d’un Islam rigoriste, la haine du capitalisme ( «le monde féministe ne permet pas de perdre sa vie à la gagner» , explique Alice, une jeune manifestante), ou encore la réhabilitation des crimes du communisme, et spécifiquement de Staline . Cependant, Némésis n’est pas le bienvenu dans cet amalgame.

«Elles stigmatisent les migrants et les musulmans, elles ne font pas le jeu de l’extrême-droite, elles sont l’extrême-droite. On ne compose pas avec ces gens-là» , souligne encore Alice*, approuvée gravement par ses amis qui l’entourent. «Misogyne, réactionnaire, menteuse : l’extrême-droit toujours ennemie des femmes» , appuie un autre carton violet, à l’encontre de Némésis. «En fait, elles sont d’accord avec l’extrême-droite. Partout où elle gagne, l’extrême-droite remet en cause le droit des femmes» , abonde Esther*, une autre manifestante qui cite «avant tout» l’avortement et la décision de la Cour Suprême américaine, à majorité conservatrice, de permettre à chaque État fédéré de légiférer en la matière, au lieu d’autoriser l’IVG sur tout le territoire.

Sarah Knafo accueillie en star

Némésis se retrouve finalement confiné, et littéralement encerclé, par des forces de l’ordre dans le square du Temple. «Nous sommes là pour dénoncer toutes les violences, même celles que ne veulent pas voir certaines associations d’extrême-gauche» , assure Alice Cordier, énumérant : les clandestins sous OQTF , l’islamisme et certaines pratiques traditionnelles en Afrique. «Mais nous sommes obligés de le faire sous un cordon de sécurité» , regrette-t-elle. Et pour cause, quelques minutes auparavant des manifestants qui se dirigeaient vers la place de la République ont reconnu le collectif et ont commencé à l’invectiver. Les forces de l’ordre ont fait barrage de leurs corps, et la sécurité d’Alice Cordier, véritables colosses, ne les ont pas quittés des yeux. La situation est revenue sous contrôle, mais les manifestantes sont condamnées à demeurer dans le square, sous le soleil.

Ce qui donne lieu à des rencontres assez surréalistes. Comme une militante, plutôt très à gauche, vêtue de noire, avec des longues bottes en cuir, dont le nez est traversé par une barre de fer qui s’est retrouvée en face d’une militante de Némésis dont le foulard, une copie d’Hermès, couvrait le nez jusqu’aux yeux, eux-mêmes cachés derrière des lunettes de soleil à la mode, sous un chapeau de chasse. Deux visions du féminisme qui se sont regardées sans se parler, jusqu’au départ de la première militante, un peu interloquée de s’être retrouvée au milieu «de soutiens de l’extrême-droite» . Ceux-ci sont principalement jeunes et arborent des stickers «Make feminism great again» . Ils attendent «Sarah» .

Sarah Knafo, eurodéputée issue de Reconquête!, est accueillie en rockstar, sous les applaudissements. Elle monte sur un banc aux côtés d’Alice Cordier. «Nous voulons vraiment défendre les femmes, et pas seulement des grandes idées dans la lune, mais bien contre toutes les menaces que connaissent les femmes» , entame-t-elle dans un microphone. «Ce que raconte Alice sur tous les plateaux, c’est ce que j’ai vécu toute mon enfance. J’ai grandi en Seine-Saint-Denis et je sais ce que c’est qu’être une jeune femme et prendre les transports en commun toute seule, cacher ses affaires, avoir un sac en bandoulière, se faire voler son téléphone et avoir honte de l’avouer à ses parents car ce n’est pas la première fois» , ajoute-t-elle.

Le refus des associations d’accueillir Némésis à la manifestation ? «Un but contre leur camp qui montre que ce n’est pas vraiment la cause des femmes qu’elles défendent» , répond-elle au Figaro. Un refus qui a des conséquences directes. Les militants doivent attendre, sous le soleil, l’évacuation de la place de la République pour espérer y manifester. «Nous irons en queue de cortège sous protection policière» , assure Alice Cordier. Au mitan de l’après-midi, les forces de l’ordre couvraient toujours le square, Némésis n’en avait pas bougé, et les slogans anticapitalistes continuaient d’être scandés place de la République.

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