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Manganèse, cobalt, nickel... : au fond des océans, les nodules polymétalliques aiguisent l'appétit des industriels
information fournie par Boursorama avec Media Services 27/08/2024 à 14:23

Selon l'Autorité internationale des fonds marins, les fonds marins recèleraient des réserves colossales de manganèse, de nickel et de cobalt.

Une image des fonds marins dans la zone de fracture de Clarion-Clipperton, le 24 juillet 2023. (  National Oceanography Centre /  / HANDOUT )

Une image des fonds marins dans la zone de fracture de Clarion-Clipperton, le 24 juillet 2023. ( National Oceanography Centre / / HANDOUT )

Sur les grands fonds marins, jusqu'à 6.500 mètres de profondeur, reposent les nodules polymétalliques. Ces ressources minérales qui s'annoncent gigantesques, aiguisent l'appétit des industriels, au grand dam des défenseurs de l'océan qui dénoncent les risques pour un écosystème unique.

Les opposants à cette exploitation ont subi un revers début août à l'assemblée générale de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), échouant à obtenir un premier pas vers un éventuel moratoire . L'AIFM, fondée sous l'égide de l'ONU, n'a autorisé pour l'heure que des contrats d'exploration, mais depuis un an n'importe quel État peut déposer une demande de contrat d'exploitation au nom d'une entreprise qu'il sponsorise: c'est ce que s'apprête à faire Nauru, petit état insulaire du Pacifique, pour le compte de Nori (Nauru Ocean Resources Inc.), filiale du canadien The Metals Company qui a confirmé mardi vouloir lancer son projet d'ici 2026.

• Des millions d'années de formation

Les nodules polymétallique ont été découverts lors d' une expédition océanographique pionnière du HMS Challenger dans les années 1870 . "Tout de suite, ils ont réalisé qu'ils étaient intéressants, c'était l'une des plus grandes découvertes du voyage", même s'ils n'ont pas tout de suite été considérés comme une "ressource", raconte Adrian Glover, du Muséum britannique d'histoire naturelle.

Ces nodules se sont probablement formés pendant des millions d'années : des fragments solides -dent de requin, os d'oreille de poisson- se sont déposés sur les fonds, puis se sont agrandis à un rythme infiniment lent par l'accumulation de minéraux présents à des concentrations extrêmement faibles.

Ces "galets de métaux", comme les appelle l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), atteignent aujourd'hui jusqu'à une vingtaine de centimètres. Or, dans les abysses de l'océan Pacifique pauvre en nourriture, où presque rien ne se dépose sur le fond, le rythme de sédimentation est presque nul. Ils n'ont donc pas été recouverts et parsèment le plancher océanique comme des "patates" dans un champ, note Adrian Glover.

• Au fond des plaines abyssales

Les nodules polymétalliques se trouvent sur la surface des plaines abyssales, entre 3,5 et 6,5 km de profondeur , principalement dans la zone de fracture de Clarion-Clipperton (CCZ) -au large de la côte ouest du Mexique dans le Pacifique-, dans le centre de l'océan Indien , ainsi que dans le bassin du Pérou, selon l'AIFM. Une vingtaine d'entreprises ou centres de recherche ont déjà des contrats d'exploration -pas d'exploitation- octroyés par l'AIFM pour ces nodules. Dont Nori, qui a une surface totale d'environ 75.000 km2 à sa disposition dans la CCZ.

• Parmi une riche biodiversité

À ces profondeurs, l'absence de lumière empêche la photosynthèse et donc la présence de plantes, mais les espèces animales sont légion, et les scientifiques ne cessent d'en découvrir de nouvelles . Une faune unique qui, pour les défenseurs de l'environnement, constitue le véritable trésor des fonds marins.

• Convoitise

Les nodules sont composés principalement de manganèse et de fer , mais ils renferment également des minerais plus stratégiques comme le cobalt, le nickel et le cuivre .

Selon l'AIFM, la CCZ recèle environ 21 milliards de tonnes de nodules , soit une possible réserve de 6 milliards de tonnes de manganèse, 270 millions de tonnes de nickel et 44 millions de cobalt, "ce qui dépasse les réserves connues" de ces trois minerais sur terre.

Les défenseurs de l'extraction sous-marine mettent en avant leur potentiel pour les énergies vertes, en particulier les batteries de véhicules électriques. "Une batterie dans un caillou" , résume The Metals Company, qui assure qu'ils sont "la voie la plus propre vers les véhicules électriques".

Un argument rejeté par les ONG de défense de l'environnement et certains scientifiques qui réclament un moratoire. Cette affirmation est "plus de l'ordre de la com' que des faits scientifiques", déclare à l' AFP Michael Norton, du Conseil consultatif des académies européennes des sciences, estimant "trompeur" de dire que la demande ne pourra être satisfaite sans les minerais sous-marins.

• Collecte à 4 km de profondeur

Contrairement aux deux autres types de ressources minières sous-marines régulées par l'AIFM -- sulfures polymétalliques et croûtes de ferromanganèse riche en cobalt --, les nodules ne nécessitent pas de creuser ou de découper.

Lors de tests effectués fin 2022, Nori a fait descendre à 4,3 km de profondeur un véhicule de collecte qui a avalé nodules et sédiments sur 80 km. A l'intérieur du collecteur, nodules et sédiments sont séparés: un tuyau géant ramène les nodules au navire de surface; les sédiments sont rejetés au fond.

ONG et scientifiques s'inquiètent notamment de l'impact du panache de sédiments et de la destruction directe de la biodiversité présente dans toute la matière récoltée.

Pour Catherine Weller, de l'ONG Fauna & Flora, la composition des nodules en fait aussi un habitat unique pour des créatures rares. "En eux-mêmes, ils sont une partie importante de l'écosystème des grands fonds ", insiste-t-elle.

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1 commentaire

  • 27 août 16:39

    Certes, mais en 1970, il y avait déjà des articles la-dessus... on n'a jamais plus loin que des essais. Trop couteux? Trop profond?


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