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Macron se prépare au combat, le soldat Attal à ses côtés
information fournie par Reuters 09/01/2024 à 16:03

par Elizabeth Pineau

En nommant Gabriel Attal, jeune loup politique, au poste de Premier ministre, Emmanuel Macron dégaine ce qu'il espère être une carte maîtresse pour "réarmer" son quinquennat et freiner l'extrême droite, haut placée dans les sondages à cinq mois des élections européennes.

Dans un message posté sur X juste après l'officialisation de la nomination du successeur d'Elisabeth Borne, qui est âgé de 34 ans, le chef de l'Etat français file la métaphore militaire pour donner le "la" de cette nouvelle ère, placée sous le double signe du "dépassement" et de "l'audace".

"Je sais pouvoir compter sur votre énergie et votre engagement pour mettre en oeuvre le projet de réarmement et de régénération que j'ai annoncé", écrit le président, entré à l'Elysée à l'âge de 39 ans et qui, après avoir placé une femme à Matignon, choisit le Premier ministre le plus jeune de la République pour lui succéder.

Dans son premier discours prononcé avec gravité lors de la passation de pouvoir, Gabriel Attal s'est dit soucieux de "dire la vérité" et d'"agir sans attendre" au service des Français, et particulièrement ceux de la "classe moyenne, qui travaillent".

"La France ne rimera jamais avec déclin", a aussi déclaré le nouveau chef du gouvernement, qui a remercié à plusieurs reprises le chef de l'Etat pour sa confiance.

"Le président assume une responsabilité de formation et de promotion de cette génération Macron", souligne un conseiller de l'Elysée à propos de Gabriel Attal, qui a rejoint la "macronie" dès 2016 après des premières armes au Parti socialiste.

Handicapé depuis le début de son second quinquennat par la majorité relative au Palais-Bourbon qui l'oblige à composer avec l'opposition, Emmanuel Macron va devoir compter sur les talents de négociateur de Gabriel Attal, élu deux fois député, pour faire voter les réformes et incarner un renouveau appelé à être confirmé par la refonte du gouvernement.

Pour Patrick Vignal, député Renaissance qui a récemment reçu Gabriel Attal dans son fief de Hérault, le nouveau Premier ministre "est capable de prononcer des arbitrages, de bâtir des compromis, il sait négocier."

"Ce sera important dans l'hémicycle, qui est un bac à sable, il faut maîtriser l'art de l'esquive, ne pas aller à la confrontation", a dit à Reuters l'élu, qui insiste sur l'importance de répondre aux problèmes quotidiens des Français que sont le pouvoir d'achat, la santé ou le logement.

"Il y a de fortes attentes de la part des classes populaires", a dit à Reuters Jean-Daniel Lévy, directeur général adjoint de l'institut de sondages Harris Interactive. "Gabriel Attal peut donner une dimension sociale à l'ère Macron vue jusqu'ici comme droitière et libérale."

Signe de son désir d'ancrage dans le concret, Gabriel Attal se rendra dès mardi après-midi dans le Pas-de-Calais, confronté à des inondations aggravées par la vague de froid.

"L'ALTERNANCE COMMENCE LE 9 JUIN", DIT LE PEN

Le combat de Gabriel Attal sera aussi européen à l'approche d'élections pour lesquelles le Rassemblement national a pris de l'avance en plaçant comme tête de liste le président du mouvement Jordan Bardella, 28 ans, qui compte une dizaine de points d'avance sur le camp Macron dans les enquêtes d'opinion.

"Que peuvent espérer les Français de ce 4e Premier ministre et de ce 5e gouvernement en sept ans ? Rien", a écrit sur X la double finaliste RN de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, pour qui le "chemin vers l'alternance commence le 9 juin."

A cinq mois jour pour jour de l'échéance, les proches du président estiment urgent de stopper la course du jeune eurodéputé déjà en campagne, dont les bains de foule alimentent les réseaux sociaux.

"Le président a dit qu'il était urgent qu'on trouve quelqu'un pour contrer Bardella", a dit à Reuters une source proche du locataire de l'Elysée.

Fin politique, bon débatteur et bon "client" des médias, Gabriel Attal devrait être en mesure de donner la réplique à l'extrême droite, comme il l'a déjà fait sur des plateaux de télévision, notamment face à Jordan Bardella.

A peine nommé ministre de l'Éducation nationale l'été dernier, Gabriel Attal s'est invité sur le terrain de la droite conservatrice en bannissant de l'école l'abaya et en prônant le retour de l'uniforme. Une posture d'autorité qui l'a fait grimper dans les sondages, au point de devenir le ministre préféré, et l'un des plus connus, des Français.

Eviter un décrochage aux élections européennes est crucial pour Emmanuel Macron si le président veut garder son pouvoir d'influence à Bruxelles.

Aux élections de 2019, son camp était au coude-à-coude avec le Rassemblement national (RN), qui a obtenu le même nombre de sièges.

Un échec en juin prochain serait symboliquement douloureux et réduirait la capacité du président français à peser sur les politiques européennes, alors que son parti, Renew, est aussi menacé de perdre des plumes en Espagne et aux Pays-Bas.

VOIR AUSSI:

PORTRAIT-Gabriel Attal, jeune loup de la "macronie" nommé Premier ministre

(Reportage Elizabeth Pineau, avec Michel Rose, édité par Blandine Hénault)

10 commentaires

  • 10 janvier 11:14

    Macron a mis Atal pour contrer Bardella aux européennes . Le bagout ne suffira pas !


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