À Paris, la Ménagerie de verre réunit dans ses studios d’incroyables artistes danseurs.
Tsirihaka Harrivel souffle un peu. Dans quelques heures, il va créer Cruel trop tard, sur un texte écrit avec sa complice Vimala Pons . Le spectacle ouvre le festival Les Inaccoutumés, qui a lieu chaque printemps et chaque automne à la Ménagerie de verre , à Paris. Pour la dernière édition, une archère de kyudo tire à intervalles réguliers dans une cible à 30 mètres de là. Le public assis sur les côtés retient son souffle. La flèche fuse à 250 km/h.
« Dans le cirque, ce que j’ai aimé mettre en scène, c’est le danger » , déclare Harrivel, qui compte bien l’étoffer. À partir du 12 mars, Xavier Le Roy jouera avec des monstres attisant nos peurs et nos désirs d’inconnu tandis que Zoé Lakhnati, danseuse formée chez P.A.R.T.S., d’Anne Teresa De Keersmaeker, et interprète de Némo Flouret, apparaîtra en armure médiévale, première couche qu’elle ôtera pour une suite de métamorphoses. Marie-Caroline Hominal, dans un hommage irrespectueux à Tinguely, provoquera des sculptures, Volmir Cordeiro s’extirpera d’une chrysalide pour se réinventer autre, Kidows Kim paradera en héros de manga…
Drôles de zèbres, décidément. « Le mot de ménagerie a à voir avec la temporalité du lieu : le matin on s’entraîne, à midi on mange et on parle, l’après-midi on entre en cachette dans les salles pour répéter, le soir, on regarde les spectacles » , raconte Philippe Quesne qui a pris la direction de la Ménagerie de verre à la mort de sa fondatrice Marie-Thérèse Allier. La plupart des spectacles présentés ont été élaborés entre ces murs.
Les idées fusent
Soutenu par la Drac et Van Cleef & Arpels, le lieu n’a peut-être jamais connu pareille intensité : c’est dans les deux grands studios du haut que, chaque matin à 10 h 30, une centaine de danseurs professionnels prennent la classe. Cette semaine Allister Madin, ancien sujet du Ballet de l’Opéra de Paris , donne le cours de classique et de barre au sol. Il y a aussi du contemporain. Soit, pour l’année 2024, 15.000 places de cours vendues à 5 euros les deux heures.
L’après-midi, l’accueil-studio des compagnies est à l’avenant. Ici, un atelier pour apprendre aux danseurs à chanter se prépare. On pousse la porte d’à côté et voilà Cham Lavant. L’artiste sortie des Beaux-Arts prépare une pièce pour quinze danseurs. Son sujet ? L’escalier monumental et comment le descendre en style gaga, flamenco ou classique. L’étoile Marie-Agnès Gillot se lance. Sous la verrière, les idées fusent, les talents foncent, les formes s’élaborent et les spectateurs se pressent. « La création chorégraphique qui s’y pratique ressemble aux performances que les musées programment de plus en plus nombreux » , dit Philippe Quesne.
Les Inaccoutumés, à la Ménagerie de verre (Paris 11 e ), jusqu’au 5 avril.
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