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Les conséquences en cascade des coupes de l'aide internationale américaine
information fournie par AFP 18/07/2025 à 07:46

Des sacs d'aide alimentaire de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) près de Buganda, au Burundi, le 6 mai 2025 ( AFP / Luis TATO )

Des sacs d'aide alimentaire de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) près de Buganda, au Burundi, le 6 mai 2025 ( AFP / Luis TATO )

La destruction par les Etats-Unis de centaines de tonnes de nourriture d'urgence périmée, qui a choqué, témoigne des difficultés engendrées par les coupes budgétaires drastiques menées par le gouvernement de Donald Trump dans l'aide internationale.

Près de 500 tonnes de biscuits à haute teneur énergétique, entreposés à Dubaï et destinés à l'alimentation d'urgence de jeunes enfants souffrant de malnutrition en Afghanistan et au Pakistan, ont été incinérés car la date de péremption a été dépassée en juillet, ont confirmé des responsables américains.

Cette affaire, qui a provoqué l'indignation de l'opposition démocrate et placé le gouvernement américain dans l'embarras, surgit au moment où le Congrès a définitivement approuvé vendredi un texte supprimant quelque 9 milliards de dollars de fonds publics déjà alloués, principalement destinés à l'aide internationale.

Pepfar, le programme mondial de lutte contre le sida visé au départ par une coupe de 400  millions de dollars, a été préservé in extremis par des sénateurs républicains modérés.

L'aide internationale représente 1% environ du budget fédéral des Etats-Unis, qui sont le principal donateur dans le monde.

Cela permettra de supprimer le financement de "9 milliards de dollars de conneries", s'est réjouie la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

L'essentiel de ces fonds était attribué à l'Agence américaine pour le développement international (USAID), aux portes désormais closes.

Pressé de questions à ce sujet lors d'une audition parlementaire mercredi, le secrétaire adjoint du département d'Etat chargé des ressources humaines, Michael Rigas, avait lâché que cela avait pu résulter "de la fermeture de l'USAID".

Il s'est dit "affligé", mais ses propos ont sonné comme un désaveu pour une administration Trump qui affiche sa détermination à lutter contre la gabegie, l'un des arguments avancés pour démanteler l'USAID.

La porte-parole du département d'Etat, Tammy Bruce, a expliqué devant la presse jeudi qu'il était d'usage de détruire toute aide alimentaire périmée mais rejeté toute négligence de la part du gouvernement.

"Nous ne recevrons pas de leçons sur la question de l'aide alimentaire ou sur ce que nous faisons pour le reste du monde, en tant que premier donateur mondial d'aide alimentaire et d'autres formes d'aide", a-t-elle dit.

- Face au "vide" -

Après plus de six décennies d'existence, l'USAID a officiellement fermé ses portes le 1er juillet, l'administration Trump ayant jugé qu'elle ne servait pas les intérêts des Etats-Unis. L'organisme a été fusionné avec le département d'Etat.

Sa fermeture a provoqué un séisme dans les milieux humanitaires.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Trump et son gouvernement ont supprimé 83% des financements des programmes à l'étranger de l'agence américaine de développement, et le texte discuté au Congrès taille aussi dans les budgets dédiés à de multiples programmes allant de l'assistance aux réfugiés à la promotion de la démocratie.

Parmi les organisations internationales touchées, plusieurs fonds de l'ONU, pour l'enfance (Unicef), le développement (PNUD) ou pour la population (FNUAP), voient la contribution américaine rabotée ou supprimée.

Une récente étude publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet a révélé que l'effondrement des financements américains dédiés à l'aide internationale pourrait entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires d'ici 2030 parmi les plus vulnérables, dont un tiers d'enfants.

"Ce qui se passe n'est pas seulement un revers temporaire ; c'est un démantèlement du système d'aide mondial à un moment où le monde en a le plus besoin", déplore Kate Phillips-Barrasso, vice-présidente du Mercy Corps, un groupe spécialisé dans l'aide humanitaire.

Parlant du "vide" ainsi créé par les Etats-Unis, elle note par exemple que Washington est "le principal donateur dans des pays comme le Soudan, le Nigeria et la Somalie", y finançant plus de 50% de l'aide humanitaire.

Au-delà, ce sont nombre de projets à plus long terme qui sont aussi menacés.

"Les projets d'infrastructure ne sont pas des choses pour lesquelles 75% sont acceptables. Soit c'est fait, soit ce n'est pas fait", affirme-t-elle en citant en exemple un programme à Goma, en République démocratique du Congo, pour améliorer l'eau potable, qui a été brusquement interrompu.

Ces coupes budgétaires interviennent quelques jours après l'annonce du licenciement de plus de 1.300 employés du département d'Etat, ainsi que la suppression de multiples missions, dans le cadre d'une refonte majeure menée par le secrétaire d'Etat Marco Rubio pour ajuster la diplomatie américaine aux objectifs idéologiques du président Trump.

5 commentaires

  • 10:24

    Et pourquoi les monarchies pétrolières ne financent ils pas? Ou très peu ... ils préfèrent rester assis sur leur coffre fort?


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