par Nidal al-Mughrabi
Les chars israéliens ont pénétré au cours de la nuit dans une nouvelle zone de la ville de Gaza, détruisant selon des témoins des maisons et incitant les habitants à fuir, alors que le président américain Donald Trump doit présider mercredi une réunion sur la guerre dans l'enclave palestinienne.
Les chars sont entrés mardi en fin de journée dans le quartier d'Ebad-Alrahman, à la limite nord de la ville de Gaza, et ont bombardé des maisons, blessant plusieurs personnes. D'autres habitants, pris par surprise, ont été contraints de s'enfoncer dans la ville de Gaza, selon les témoins.
"Tout à coup, nous avons entendu que les chars entraient dans Ebad-Alrahman, les bruits d'explosion sont devenus de plus en plus forts, et nous avons vu des gens s'échapper vers notre quartier", a déclaré Saad Abed, 60 ans, un ancien ouvrier du bâtiment.
"Si aucune trêve n'est conclue, nous verrons les chars devant nos maisons", a-t-il déclaré à Reuters via une application de messagerie depuis sa maison à Gaza, à environ un kilomètre du quartier d'Ebad-Alrahman.
Israël se prépare à lancer une nouvelle offensive sur la ville de Gaza, décrite comme le dernier bastion du Hamas. Environ la moitié des deux millions d'habitants de l'enclave vivent actuellement dans la ville, la plus grande du territoire.
Israël a déclaré qu'il serait demandé aux habitants d'évacuer.
Des milliers de personnes ont déjà quitté la ville, bien que les responsables des églises locales ont dit mercredi rester sur place. Quitter la ville de Gaza et "essayer de fuir vers le sud ne serait rien de moins qu'une condamnation à mort", selon eux.
"C'est pourquoi le clergé et les religieuses ont décidé de rester et de continuer à s'occuper de tous ceux qui se trouveront dans les enceintes", indique une déclaration commune du patriarcat grec orthodoxe et du patriarcat latin de Jérusalem.
Dans une déclaration faite mercredi, le porte-parole arabe de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'évacuation de la ville de Gaza était inévitable" et qu'Israël avait commencé à faciliter l'acheminement de tentes dans l'enclave.
"Avant de passer à la phase suivante de la guerre, je tiens à confirmer qu'il existe de vastes zones vides dans le sud de la bande de Gaza, tout comme dans les camps centraux et à Al-Mawasi. Ces zones sont exemptes de tentes", a-t-il déclaré, en réponses aux inquiétudes des Gazaouis concernant le manque d'espace dans les zones centrales et méridionales.
Des responsables palestiniens et des Nations unies ont estimé que la population de la bande de Gaza avait besoin d'environ 1,5 million de nouvelles tentes.
L'envoyé américain Steve Witkoff a déclaré mardi que Donald Trump présiderait une réunion sur Gaza à la Maison blanche mercredi, soulignant que Washington s'attendait à ce que la guerre dans le territoire palestinien soit fixée d'ici la fin de l'année.
Le département d'État américain a déclaré séparément que le secrétaire d'État Marco Rubio rencontrerait le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, à Washington.
Il n'a pas été précisé qui serait présent à la réunion avec Donald Trump.
LES CHARS SE RETIRENT, LES BOMBARDEMENTS CONTINUENT
Les chars israéliens se sont retirés de la périphérie de la ville de Gaza plus tard dans la journée de mercredi, pour se rendre dans la zone de Jabalia où ils opèrent depuis des mois.
Les bombardements sur trois des banlieues orientales de la ville - Shejaia, Zeitoun et Sabra - se sont malgré tout poursuivis.
Les autorités sanitaires de la bande de Gaza ont déclaré que les tirs israéliens avaient tué au moins 20 personnes, dont une enfant de quatre ans.
L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué que ses forces opéraient à Jabalia et à la périphérie de la ville de Gaza pour "démanteler les sites d'infrastructures terroristes et éliminer les terroristes".
Tsahal a déclaré avoir tué un militant de haut rang du Hamas le 22 août, Mahmoud Al-Aswad, qui occupait le poste de chef des renseignements généraux de sécurité du groupe pour la zone ouest de Gaza. Le Hamas n'a pas confirmé sa mort.
En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est confronté à une opposition croissante quant à la guerre à Gaza. Des milliers d'Israéliens se sont rassemblés mardi dans tout le pays pour demander la fin du conflit et la libération des otages toujours détenus par le Hamas.
L'Etat hébreu n'a pas encore répondu publiquement à la dernière proposition de cessez-le-feu de 60 jours soutenue par les États-Unis, bien qu'elle ait été acceptée par le Hamas la semaine dernière.
La dernière phase du conflit a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas dans le sud d'Israël, tuant 1.200 personnes et prenant 251 otages, selon les décomptes israéliens.
La campagne militaire menée par Israël en représailles a tué plus de 62.000 Palestiniens, selon les autorités sanitaires de Gaza.
La guerre a plongé l'enclave dans une crise humanitaire où une grande partie de la population est confrontée à la famine, a déplacé la quasi-totalité des Gazaouis, et a réduit une grande partie du territoire à l'état de ruines.
Mercredi, le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que 10 nouvelles personnes étaient mortes de malnutrition et de famine, portant le nombre de décès dus à ces causes à 313 personnes, dont 119 enfants, depuis le début de la guerre.
Israël conteste les chiffres du ministère de la Santé à Gaza, celui-ci étant dirigée par le Hamas.
(Rédigé par Nidal al-Mughrabi ; avec Maayan Lubell ; version française Etienne Breban ; édité par Augustin Turpin)
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