
Deux MiG-31 de l'armée russe armés de missiles survolent la Place Rouge lors d'un défilé le 9 mai 2018 à Moscou ( AFP / Yuri KADOBNOV )
Des avions de chasse de l'Otan ont intercepté vendredi trois MiG-31 russes entrés dans l'espace aérien de l'Estonie, l'Alliance atlantique et l'Union européenne dénonçant une nouvelle "provocation" de la part de Moscou quelques jours après l'intrusion de drones russes en Pologne.
Le petit pays balte, qui a fait état vendredi de cette violation "d'une audace sans précédent" de son espace aérien, a annoncé qu'il allait demander à l'Otan, dont il est membre, d'activer l'Article 4 du traité fondateur de l'alliance qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace sur l'un d'entre eux.
"Une telle violation est totalement inacceptable. Le gouvernement de l'Estonie a décidé de demander des consultations en vertu de l'article 4 de l'Otan", a écrit Kristen Michal sur X.
La semaine dernière la même demande a été formulée par la Pologne, à la suite de l'intrusion sur son territoire d'une vingtaine de drones russes.
Vendredi, l'incursion "a eu lieu au-dessus du golfe de Finlande, où trois avions de chasse MiG-31 de la Fédération de Russie sont entrés dans l'espace aérien estonien (...) et y sont restés pendant un total de 12 minutes", a précisé le ministère estonien des Affaires étrangères.
Selon les Forces armées estoniennes, les MiG "n'avaient pas de plan de vol et leurs transpondeurs étaient éteints".
L'Italie, qui assure depuis août pour l'Otan la "police de l'air" dans les pays Baltes, a aussitôt fait décoller ses F-35 pour les intercepter.
La Suède et la Finlande ont elles aussi fait décoller des appareils.
La porte-parole de l'Alliance, Allison Hart, a dénoncé sur X "un "nouvel exemple de comportement russe dangereux".
Le secrétaire général de l'organisation, Mark Rutte, a de son côté a salué la réponse "rapide et décisive" de l'Alliance, après une incursion d'avions russes dans le ciel estonien, précisant s'être entretenu avec le Premier ministre estonien Michal Kristen.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, ancienne Première ministre estonienne, a souligné que l'incident marquait une troisième violation de l'espace aérien de l'UE en quelques jours et, ce qui "accroît encore les tensions dans la région".
- Vers de nouvelles sanctions européennes -
La présidente de la Commission européenne a assuré qu'à chaque "provocation" l'UE allait répondre "avec détermination tout en investissant dans un flanc oriental plus solide".
"Alors que les menaces s’intensifient, nos pressions augmenteront également", a insisté Ursula von der Leyen, appelant les 27 à approuver rapidement le 19ème paquet de sanctions à l'encontre de Moscou.
Bruxelles a proposé vendredi ce nouveau train de sanctions, qui devrait allonger la liste des quelque 2.500 personnes et entités russes déjà ciblées pour leur soutien à l'invasion de l'Ukraine.
Plusieurs pays de l'Otan ont exprimé leur solidarité avec l'Estonie, et l'Ukraine a dénoncé une "escalade" de la part de la Russie.
"L'incursion (...) constitue une nouvelle escalade de la part de la Russie et une menace directe pour la sécurité transatlantique", a écrit sur X le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga.
"Il s'agit d'une campagne systématique menée par la Russie contre l'Europe, contre l'Otan, contre l'Occident", a de son côté souligné le président Volodymyr Zelensky, demandant que soient prises des mesures "énergiques".
La France a dénoncé une "provocation" dangereuse et "irresponsable".
La semaine dernière, une vingtaine de drones russes étaient entrés dans l'espace aérien polonais, dont trois avaient été abattus par des avions polonais et des F-35 néerlandais, une première pour l'Otan depuis sa création en 1949. Quelques jours plus tard, la Roumanie dénonçait à son tour la violation de son espace aérien par un drone russe.
Les garde-côtes polonais ont signalé vendredi soir le "survol à basse altitude" par deux avions de chasse russes d'une plateforme pétrolière polonaise en Mer Baltique.
"La zone de sécurité de la plateforme a été enfreinte", ont-ils écrit dans un communiqué sur X.
Le ministère estonien a indiqué vendredi avoir convoqué le chargé d'affaires russe pour protester contre la violation de l'espace aérien du pays, quatrième du genre enregistrée depuis le début de l'année.
Les Etats baltes, Lituanie, Lettonie et Estonie, soutiens fermes de l'Ukraine, mais ne disposant pas de leur propres avions de combat, ont confié la sécurité de leur ciel à leuers alliés de l'Otan qui assument cette tâche à tour de rôle.
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