Électeurs, associations, partis, personnalités... La campagne pour les élections législatives mobilise particulièrement les Français.

( AFP / LUDOVIC MARIN )
Les Français devraient être particulièrement mobilisés pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, repoussant leurs vacances ou ayant recours massivement aux procurations. Il est toutefois difficile de prédire à qui ce regain profitera.
"On s'attend à une sur-mobilisation" pour ce scrutin, indique à l' AFP Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'université de Paris II. Les sondages anticipent un regain de participation par rapport aux dernières législatives : entre 60 et 64%, contre 47,8% en 2022 . Une inflexion notable, alors que le désintérêt pour le premier tour de ces élections est constant depuis 1993, après un pic en 1978 (82,8%).
Autre indicateur, le nombre de procurations a bondi par rapport aux dernières législatives. Près de 1,38 million avaient été établies au 23 juin, à sept jours du premier tour, selon le ministère de l'Intérieur. C'est six fois plus qu'à la même échéance en 2022.
Plus parlant encore, alors que le second tour aura lieu le premier week-end des vacances scolaires, presque un Français sur dix (9%) a modifié la date de son départ pour aller voter , selon un sondage Ifop pour Roole publié mercredi. Le phénomène est encore plus marqué chez les jeunes (la tranche d'âge habituellement la plus abstentionniste), 19% des 18-24 ans décalant leurs vacances, et chez les sympathisants de gauche (16%).
Sur le terrain, la mobilisation est "exceptionnelle", indique à l' AFP Fatiha Keloua Hachi, députée socialiste sortante de Seine-Saint-Denis et candidate du Nouveau Front populaire. L'élue indique recevoir "beaucoup de mails et de messages encourageants" sur le réseau social X, surtout de jeunes. "Certains viennent de Mâcon ou de Bretagne faire campagne à Paris".
"Un élan populaire réel"
"C'est du jamais-vu, il y a un élan populaire réel", confirme à l' AFP la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier. "On a 500 adhérents de plus en une semaine chez les Verts, 10.000 personnes venues en soutien, des dizaines de milliers d'euros de dons". Un eurodéputé de La France insoumise évoque lui aussi "une énorme mobilisation sur le terrain".
Si dans l'entourage d'Emmanuel Macron, prudent, on "espère un sursaut de mobilisation", Mickaël Nogal, directeur de cabinet du patron de Renaissance Stéphane Séjourné assure retrouver "l'esprit de 2017", lors de la première campagne présidentielle du chef de l'État. "Au lendemain de la dissolution, on a eu des records de dons et d'adhésions, des bonnes volontés aussi qui se sont manifestées", selon lui.
Autre signe de l'importance de ces élections : de nombreuses personnalités ont pris position , ce qu'elles réservent d'habitude à la présidentielle.
Ainsi, 160 sportifs dans une tribune (dont Yannick Noah, Jo-Wilfried Tsonga, Marion Bartoli ou Marie-José Pérec), l'attaquant des Bleus Marcus Thuram, Judith Godrèche, Marion Cotillard, l'influenceuse Lena Situations ou encore le youtubeur Squeezie ont appelé à voter contre l'extrême droite.
"Qui va se mobiliser et où ?"
"Le tissu associatif, qui ne se mobilise jamais, montre aussi son soutien", selon Fatiha Keloua Hachi, ancienne enseignante, qui cite les syndicats d'enseignants et la FCPE, première organisation de parents d'élèves. "C'est relativement inédit", confirme auprès de l' AFP le politologue Jean-Marie Pernot, qui évoque à titre d'exemple un appel "inhabituel" de la Fédération du scoutisme français.
Toutefois, les sondeurs, confrontés à la profonde complexité de cette campagne, reconnaissent qu'il est difficile d'imaginer à quoi ressemblera l'hémicycle de l'Assemblée nationale après le 7 juillet.
Cette fois, les élections législatives ne seront pas que "la chambre d'enregistrement de la présidentielle" qu'elles suivaient de quelques semaines depuis 2002, estime pour l' AFP Christelle Craplet, directrice de BVA Opinion. "La question, c'est 'Qui va se mobiliser et où ?'", selon elle, car les instituts de sondages ne réalisent pas d'enquêtes par territoires.
"Il y a une interrogation sur où les électeurs vont le plus voter : dans des circonscriptions où les prévisions ne sont pas très serrées, avec peu d'enjeu, ou dans des circonscriptions tangentes, qui peuvent faire changer le profil des territoires", explique la directrice de BVA Opinion.
La question se pose aussi pour les jeunes électeurs. "Si les jeunes urbains se mobilisent contre le Rassemblement national, il y a moins d'enjeux que si ce sont les jeunes de territoires tangents", analyse encore Christelle Craplet.
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