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Législatives 2024 : pour Emmanuel Macron, la fin de l'hyperprésidence
information fournie par Boursorama avec Media Services 08/07/2024 à 14:49

"Le centre de gravité du pouvoir sera désormais plus que jamais entre les mains du Parlement", a analysé le Premier ministre Gabriel Attal.

Emmanuel Macron au Touquet, le 30 juin 2024. ( POOL / YARA NARDI )

Emmanuel Macron au Touquet, le 30 juin 2024. ( POOL / YARA NARDI )

Nécessité de créer une large coalition, voire d'accepter une cohabitation... Quelle que soit la future configuration gouvernementale, Emmanuel Macron va perdre une partie de son pouvoir. Mais les institutions de la Ve République vont lui permettre de continuer à peser.

"De fait, c'est une forme de cohabitation qui commence" , résume Vincent Martigny, politologue à l'université Nice Côte d'Azur et à l'École polytechnique.

"Emmanuel Macron n'a plus toutes les cartes en mains pour gouverner, il va devoir composer davantage avec le Parlement et les autres formations politiques", renchérit Julien Robin, doctorant en Science politique à l'université de Montréal, sur le site The Conversation .

À ce stade, le Nouveau Front populaire, arrivé premier mais loin de la majorité absolue, réclame la nomination d'un Premier ministre issu de ses rangs .

Le scénario d'une grande coalition associant une partie de la gauche ou de la droite et les macronistes, arrivés seconds, reste aussi évoqué dans le camp présidentiel.

Le gouvernement, quel qu'il soit, tiendra alors sa légitimité d'une majorité qui ne serait plus contrôlée par le président . "Le centre de gravité du pouvoir sera désormais plus que jamais entre les mains du Parlement", martèle le Premier ministre sortant Gabriel Attal. Le bloc présidentiel a certes limité la casse en conservant quelque 160 députés, contre 250 en 2022 et 350 en 2017. En face, le NFP aligne autour de 190 sièges et le RN plus de 140.

"Emmanuel Macron ressort un peu rassuré, il ne sera pas le président qui a vu le Rassemblement national accéder au pouvoir" , relève Simon Persico, professeur à Sciences Po Grenoble. "Mais les choses vont se passer sans lui. Et il n'est pas sûr qu'il contrôle ses parlementaires".

Un président incompris

Durant la campagne, ses candidats ont pris soin de ne jamais se réclamer de lui, le chef de l'État restant largement incompris après sa décision surprise de dissoudre l'Assemblée au soir des européennes. "Aucun de ceux qui seront réélus ne se sentira redevable au président" , avertit un parlementaire Renaissance. Et "les électeurs qui avaient voté Macron ne lui donneront pas de quitus du tout. Au contraire", renchérit un cadre du camp présidentiel.

Mais le chef de l'État conserve d'importants pouvoirs d'arbitrage. Il nomme le Premier ministre et, sur proposition de ce dernier, les ministres ce qui lui donne un droit de regard sur le futur casting gouvernemental. Il s'est aussi posé dès dimanche soir en gardien des institutions , avertissant qu'il attendrait la "structuration" de la nouvelle Assemblée pour prendre les "décisions nécessaires".

Une prise de position qui semble indiquer que le chef de l'État souhaite s'impliquer dans l'émergence d'une coalition et d'une personnalité pouvant l'incarner à Matignon. "Macron a une marge de manœuvre car au niveau des institutions c'est la digue", estime Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire.

"Quand ça cafouille au Parlement, il y a une institution qui est forte, c'est la présidence de la République, même si elle n'a plus cette omnipotence qu’elle a hors cohabitation", pointe un conseiller ministériel.

Mais dans l'action publique au quotidien, Emmanuel Macron va devoir faire montre de plus de réserve et de discrétion , loin de son omniprésence depuis sept ans sur tous les dossiers, de la transition énergétique à l'éducation.

"Tenir la maison"

Comme avec François Hollande et Nicolas Sarkozy, "on avait un président qui gouvernait, mettait beaucoup son nez dans le gouvernement, ça sera forcément différent", concède un proche du chef de l'État.

En vertu de la Constitution, le président est aussi le "chef des armées" , "nomme aux emplois civils et militaires" -dont les ambassadeurs et préfets- et dispose de compétences en matière de dissolution et de référendums. De son côté, "le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation" et "dispose de l'administration et de la force armée". Le Premier ministre est également "responsable de la défense nationale".

"En réalité aucun des deux ne peut contraindre l'autre", souligne Anne Levade, professeure de droit public à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Dans les précédentes cohabitations, il y avait un accord de principe sur la pratique du pouvoir, avec notamment un "domaine réservé" pour le président en politique étrangère.

Dès mercredi, Emmanuel Macron devrait faire son retour sur la scène internationale à l'occasion du sommet de l'Otan à Washington.

Pour le patron des sénateurs macronistes, François Patriat, une seule certitude : "On va avoir besoin d'un président fort qui tienne la maison" . Et "qui soit là pour faire face aux extrêmes".

11 commentaires

  • 08 juillet 17:49

    Le résultat des élections législatives n'est que le résultat d'une politique qui n'a pas écouté les besoins des Français, et qui a amené une dette de la France démesurée. On espère que le prochain gouvernement se comportera en adulte et saura prendre les bonnes décisions pour la France, tout en arrêtant de vivre au dessus de ses moyens.


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