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Le tri des biodéchets, c'est pour janvier 2024, mais la France est-elle prête ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 17/11/2023 à 12:18

Moins du tiers de la population devraient bénéficier d'ici la fin de l'année d'une solution de tri des biodéchets mise en place par leurs collectivités comme le demande la loi, conformément à la réglementation européenne. L'engagement de l'UE vise à recycler au total 60% des déchets ménagers à l'horizon 2030.

La France instaure le tri des biodéchets à partir du 1er janvier 2024. ( AFP / FRANK PERRY )

La France instaure le tri des biodéchets à partir du 1er janvier 2024. ( AFP / FRANK PERRY )

La loi Anti-gaspillage (Agec) de 2020 prévoit qu'à partir du 1er janvier 2024, les collectivités mettent à disposition de leurs administrés une solution de tri à la source de leurs déchets organiques (déchets verts, déchets alimentaires). Une réforme évoquée depuis les années 2010 mais qui, malgré la loi, ne concernera qu'une minorité de foyers dans l'immédiat. Selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), environ 20 millions de Français , moins du tiers de la population, devraient bénéficier d'ici la fin de l'année d'une solution de tri - et 34 millions devraient l'être fin 2026.

Les biodéchets représentent aujourd'hui un tiers des ordures ménagères résiduelles (la poubelle grise). Composés à 60% d'eau, ils sont difficiles à brûler, et les stocker génère des émissions polluantes. Épluchures, restes de cuisine... Le tri des biodéchets va devoir se généraliser en France à partir de janvier, pour alléger nos poubelles et produire du compost ou du biogaz.

Pas d'amende

Symbole de ce changement, le seau qui sert à collecter les 30% de matière organique contenue dans nos ordures ménagères : pelures, coquilles d'oeuf, marc de café, restes de repas, parfois donnés aux poules ou aux chiens, compostés dans le jardin mais le plus souvent jetés en pure perte dans le sac gris. Force est d'admettre que "certaines collectivités ont encore des investissements à poursuivre", indique à l' AFP le ministère de la Transition écologique, à l'approche de la date butoir du 1er janvier 2024, fixée par la directive européenne de 2018 et la loi Agec. Seuls 27 millions de Français, soit 40% de la population, auront une solution courant 2024, selon le ministère. Et encore, puisque ce chiffre inclut les 10 millions de riverains qui se contenteront de pouvoir réclamer un bac composteur à domicile, sur une base de volontariat.

"L'enjeu premier est de sortir les biodéchets de la décharge ou de l'incinérateur, car ils contiennent beaucoup d'eau, et les brûler n'a pas de sens", souligne Vincent Coissard, responsable de la sous-direction déchets et économie circulaire au ministère. Mais "dire que si les personnes ne font pas le tri, elles auront 35 euros d'amende, c'est totalement faux" .

Certaines communes ont pris de l'avance, comme Lorient (Morbihan), où cela fonctionne depuis vingt ans, ou Thann et Cernay (Haut-Rhin), qui se sont lancées en 2010 avec une redevance incitative : la facture dépend de la taille du bac à biodéchets et de la fréquence de la collecte. D'autres exemples réussis prospèrent : à Locminé (Morbihan), on roule au biodéchets.

Où mettre les poubelles dans les habitations ?

À Lohéac (Ille-et-Vilaine), on trie depuis dix ans les déchets organiques. Des problèmes d'odeurs ? "Non, parce que je vide mon panier tous les jours" , explique Annie Sorel, une habitante. "Je mets tous mes déchets, mes épluchures, mes os de poulet, tous les légumes," décrit-elle. "Si mon panier est rempli, je le mets de côté dans le garage," en attendant le passage hebdomadaire de la benne de ramassage. "S'il faut le faire, on le fait, c'est pas compliqué". Il a fallu construire une plateforme de compostage, explique le Syndicat mixte de collecte et tri des ordures ménagères (Smictom) des Pays de Vilaine, au sud de Rennes. Là, arrive la collecte issue de 36.000 foyers, des cantines scolaires et de quelques restaurants. Le tout est mélangé aux végétaux venus des déchèteries, avant d'être chauffé, dégradé et composté pour partir ensuite en agriculture biologique (des analyses certifient l'absence de résidus à la fin du processus) ou en jardineries.

Pour les usagers, la principale difficulté a porté sur la place prise par les poubelles. "Dans les constructions neuves, il faudrait penser aux déchets", plaide la présidente du Smictom, Christine Gardan. C'est d'ailleurs un des obstacles rencontrés par Paris, où les halls d'immeubles manquent de place. Après avoir expérimenté la collecte des biodéchets à domicile dans les IIe, XIIe et XIXe arrondissements, la capitale a donc décidé d'opter pour une autre solution : les points d'apport volontaire sur la voie publique.

"Les élus ont toujours peur que ce soit mal reçu"

À Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), on se chauffe avec les biodéchets. "Pendant dix ans, j'ai été relativement seul, il faut de la volonté", défend Pascal Bioulac, le maire (Horizons) de Lamotte-Beuvron, qui a construit un méthaniseur retraitant les boues d'épuration, les biodéchets et les intrants agricoles, dont les tonnes de fumier généré par le parc équestre de la ville. Il a fallu composer avec les objections de ceux qui lui disaient "attention, ça va exploser, ça pue", relate-t-il à l' AFP , et accepter de passer pour "un ovni" auprès d'autres élus qui se demandaient "pourquoi s'embêter si on n'a pas d'obligation" .

En Europe, "la France ne se classe ni dans les premiers, ni dans les derniers. Il y a des villes qui font du très bon travail", constate Manon Jourdan, de l'ONG Zero Waste Europe, qui milite pour la réduction des déchets et la pollution qu'ils génèrent. Alorsn qu'est-ce qui freine ? "Il y a la question du coût de la collecte et de l'acceptation par la population" , répond-elle. "La question des déchets reste émotionnelle car on doit influencer la façon dont les gens se comportent chez eux, et les élus ont toujours peur que ce soit mal reçu. Donc, on en revient à une volonté politique".

83 kg par an par personne

Au total, selon l'Ademe, 83 kilos de biodéchets sont générés par an et par habitant en France, dont 50% pourraient être facilement captés au lieu de finir en décharge ou incinérés. "Même avec des hypothèses hyper pessimistes, le gisement de biogaz est très important", souligne Roland Marion, de l'Ademe, sans donner de chiffre.

Là où c'est déjà en place, il n'y a pas de recette unique. Certains communes ont opté pour de la collecte en porte-à-porte, d'autres pour des points d'apport volontaire. Le bac peut être sécurisé par un badge ou un QR code, pour permettre la pesée et éviter qu'un passant y jette n'importe quoi. Quant aux nuisances, odeurs ou bestioles, mises en avant par les réfractaires, l'Ademe reconnaît qu'"on n'est pas à l'abri des rongeurs mais il y a des solutions". On peut mettre des grilles au fond des composteurs, ou veiller à une fréquence suffisante des collectes. À Milan (Italie), ville pionnière en Europe, le camion passe deux fois par semaine, et presque tous les jours pour les hôtels-restaurants.

6 commentaires

  • 17 novembre 17:55

    tu parles ! les composteurs sont payants à st-nazaire . les poubelles vont etre plus legeres, mais la taxe des or-du-res menageres seront toujours aussi lourdes !!!


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