Le PDG de ACI, Philippe Rivière, à Lyon, le 9 décembre 2025. ( AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE )
Le groupe industriel ACI, constitué à coups d'acquisitions frénétiques, joue à nouveau son avenir mardi devant la justice commerciale, alors qu'une majorité des sites qui le compose sont déjà mis en vente.
La holding, qui englobe aujourd'hui 33 sociétés et près de 1.330 salariés en France, revient devant le tribunal des activités économiques (TAE) de Lyon qui l'a placée en redressement fin septembre.
Depuis, le tribunal a accordé à deux reprises un sursis à son cofondateur et actionnaire majoritaire Philippe Rivière, qui a promis une solution de refinancement pour la sauver.
Si celle-ci ne se concrétise pas mardi, les juges pourraient prononcer la liquidation et mettre un terme à une aventure industrielle au lancement aussi fulgurant que sa chute est brutale.
Créé en 2019 par Philippe Rivière et Patrice Rives, ACI Group a racheté, à tour de bras et au pas de charge, plus de 35 entreprises en difficulté, spécialisées dans la fourniture de pièces pour les industries de la défense, de l'aéronautique et du nucléaire civil notamment.
Son patron, friand des médias et des réseaux sociaux, se posait volontiers en défenseur de la "souveraineté industrielle française".
Il "achetait avec boulimie" mais ensuite il "siphonnait les trésoreries des entreprises pour pouvoir se repositionner en sauveur", selon Fabrice Fort, coordinateur de la CGT Métallurgie de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les difficultés ont commencé à poindre en 2025, quand il a dû renoncer à plusieurs acquisitions faute d'avoir réussi à lever des fonds.
En septembre, son cofondateur Patrick Rives a demandé le placement en redressement judiciaire de la holding contre l'avis de Philippe Rivière, qui a perdu son mandat social au profit d'administrateurs judiciaires.
En parallèle, la justice pénale a ouvert une enquête contre lui notamment pour abus de biens sociaux.
Sans attendre de se prononcer sur le sort de la maison-mère, les juges commerciaux ont déjà liquidé au moins six entités du groupe et placé une vingtaine d'autres en redressement.
Vendredi, les administrateurs judiciaires ont lancé leur mise en vente "à l'initiative" du Comité interministériel de restructuration industrielle (Ceri) et "avec l'accord de l'actionnaire majoritaire", selon une note de la direction consultée par l'AFP.
"Les administrateurs judiciaires nous ont confirmé ce lundi, lors d'une visio-conférence, l'ouverture de data-rooms", c'est-à-dire la mise à disposition d'informations financières des entreprises en vue de leur rachat, a déclaré Samy Tabti, délégué syndical CGT. "Dans un contexte d’activité industrielle ralentie, nous redoutons une casse sociale", a-t-il ajouté.
L'entreprise Roche Méca Tech, de Roche-la-Molière (Loire), dont Samy Tabti est salarié, pourrait être "la première à être reprise mardi" par une PME de la Haute-Loire à la barre du tribunal. Celle-ci conserverait 29 salariés sur 37.
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