
Cédric Jubillar, soupçonné du meurtre de son épouse disparue, au premier jour de son procès devant la cour d'assises du Tarn, à Albi, le 22 septembre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
"Delphine, au bout d'un moment, a reçu des menaces de son mari. (...) Ce que je constate, c'est qu'aujourd'hui elle a disparu", a déclaré lundi au procès de Cédric Jubillar, accusé d'avoir tué son épouse, l'amant avec lequel l'infirmière disparue en 2020 envisageait de refaire sa vie.
Polaire noire sur le dos, agité de mouvements nerveux, Cédric Jubillar a assisté à la déposition de cet homme, expert automobile, avec lequel Delphine voulait s'engager après le divorce. "On ne savait pas où ça allait mener et finalement c'est devenu passionnel", a-t-il expliqué à propos de cette relation qui, d'une aventure extraconjugale, était devenu "une nouvelle ligne droite qui s'ouvrait dans un virage" de leurs vies.
Delphine Jubillar, née Aussaguel, ne lui avait "jamais parlé" de violences psychiques ou physiques de la part de Cédric, a-t-il déclaré.
Son ex-compagne, un temps soupçonnée avant d'être écartée par les enquêteurs, avec laquelle il a partagé onze ans de vie commune et eu un enfant, avait témoigné jeudi à la barre, dressant un portrait peu élogieux de celui avec qui Delphine Jubillar envisageait de refaire sa vie.
- Salle comble -
La salle d'audience, comble comme depuis le début des débats, le 22 septembre, a d'abord entendu lundi un autre homme, que l'infirmière disparue avait rencontré antérieurement sur l'application de rencontres extraconjugales Gleeden.
Delphine et lui, a expliqué ce responsable d'un bureau d'études domicilié dans le Gard, s'étaient vite "rendus compte que beaucoup de kilomètres nous séparaient et qu'une rencontre physique serait compliquée".
Pourtant, a-t-il raconté, "le courant passait bien, donc on a continué d'échanger", notamment à propos des enfants de Delphine, Louis et Elyah, qui avaient 6 ans et 18 mois lors de sa disparition, ce qui a conduit ce témoin à spontanément exclure, lui aussi, l'hypothèse d'un départ volontaire de la jeune femme au vu de l'amour qu'elle portait à ses enfants.
La conversation régulière et enthousiaste, qui de Gleeden était passée sur l'application de messagerie cryptée WhatsApp, s'était finalement arrêtée après quelques mois. "J'ai supposé qu'elle avait fait une rencontre avec une personne géographiquement plus près", a-t-il expliqué. "Je suis passé à autre chose, jusqu'en décembre", lorsqu'il découvre le portrait de Delphine dans la presse après sa disparition.
L'accusé, les traits tirés, a suivi les deux hommes sans les lâcher du regard, dès leur entrée dans la salle d'audience du palais de justice d'Albi, un sourire en coin à l'apparition de l'amant de celle qui était sa femme avant sa disparition dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
- Mère et co-détenus -
La cour d'assises du Tarn, présidée par Hélène Ratinaud, entend lundi après-midi des voisines du domicile des Jubillar à Cagnac-Les-Mines (Tarn) qui assurent avoir entendu les cris étouffés d'une femme au cours de la nuit de la disparition, ou encore la gendarme qui avait recueilli la déposition de Louis, le jeune fils du couple qui a raconté les avoir vus se disputer dans la soirée.
Le reste de la semaine sera notamment consacré mardi à l'audition d'autres voisins ou d'experts, puis mercredi et jeudi à celles de la mère de Cédric Jubillar, de plusieurs de ses codétenus et ex-compagnes auprès de qui il aurait confié avoir tué Delphine, avant de plaider la provocation. Avant, surtout, l'interrogatoire très attendu de l'accusé lui-même, prévu vendredi.
Cédric Jubillar a toujours nié avoir tué son épouse, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Le verdict est attendu le 17 octobre, après quatre semaines d'audience.
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