
( AFP / LUDOVIC MARIN )
Figure du capitalisme à la Lyonnaise, alliant réseaux et discrétion, Olivier Ginon, le patron de GL Events, est un autodidacte qui a transformé sa petite entreprise en géant mondial de l'événementiel, présent aux JO de Paris et de Tokyo, au Mondial au Qatar ou au festival de Cannes.
Ce grand fan de rugby et de gastronomie a décroché à 67 ans l'exploitation du Stade de France pour 30 ans. Son groupe GL Events a annoncé lundi avoir été "désigné attributaire par l'Etat" de cette concession.
Avec ses 5.800 collaborateurs dans 21 pays, des "équipes" qu'Olivier Ginon met systématiquement en avant, GL Events a détrôné le consortium historique Vinci/Bouygues, après des mois de procédure.
Ses débuts, il y a près d'un demi-siècle, furent pourtant des plus modestes.
En 1978, Olivier Ginon, fils et petit-fils de notaire lyonnais, se lance sans enthousiasme dans des études de droit, un bac obtenu tant bien que mal en poche, tout en faisant le "DJ" le week-end avec des amis.
Le jeune homme perçoit vite que l'organisation d'événements offre un monde d'opportunités et lance avec trois associés une société qu'ils nomment Polygone -- en référence au patois lyonnais Gone (enfant) qui désigne par extension les habitants de la ville.
La société connaît un développement fulgurant.
En moins de dix ans, Polygone revendique la place de numéro 1 français des installations d'expositions et d'événements. Par des fusions et acquisitions, elle est rebaptisée Générale Location puis GL Events.
- "Terrain de jeu dingue" -
Le groupe est introduit en Bourse en 1998 et fait ses premiers pas dans l'organisation de grands événements internationaux, en premier lieu la Coupe du monde de football en France cette année-là, les Jeux de Sydney, mais aussi des sommets de chefs d'Etat, le Festival de Cannes...
L'année de ses 40 ans, en 2018, le groupe franchit le cap du milliard d'euros de chiffre d'affaires, avant d'être paralysé par la pandémie de Covid. Une page aujourd'hui tournée: pour son exercice 2024, le groupe affiche un chiffre d'affaires de plus d'1,6 milliard d'euros, en hausse de 15% sur un an.
"Les hommes et les femmes de ce monde aiment toujours se rencontrer", concluait Olivier Ginon lors d'un entretien avec l'AFP en septembre, dans lequel cet homme plutôt discret médiatiquement tirait le bilan des Jeux olympiques et paralympiques de Paris.
Tribunes, électrification, aménagements du château de Versailles ou du Grand Palais... Ces Jeux, qui ont rapporté 360 millions d'euros à GL Events, furent "un terrain de jeu dingue", comme on n'en voit "qu'une fois dans sa carrière", confiait-il.
Pendant un temps, le montant des contrats liés à cet événement planétaire a été gardé privé au nom du "droit des affaires". Cela a alimenté des spéculations, M. Ginon étant considéré par certains comme proche du président Emmanuel Macron.
"La médisance existe, laissons-la parler", avait répondu l'intéressé à l'AFP, en soulignant avoir décroché "des contrats sous appel d'offres" grâce au "savoir-faire" de son entreprise.
- "Esprit d'équipe" -
Olvier Ginon, qui a également participé à des dîners organisés par l'ancien président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez et est réputé en bons termes avec le patron écologiste de la Métropole de Lyon Bruno Bernard, a ancré GL Events à Lyon.
Un bon terrain pour s'adonner à la cuisine, l'une de ses passions. Il fut proche du chef Paul Bocuse, et GL Events organise le grand rendez-vous bisannuel des professionnels de la restauration, le Sirha, au cours duquel sont remis les Bocuse d'Or, récompense reconnue au sein de la gastronomie française.
Olivier Ginon est l'un des entrepreneurs phares de la région rhodanienne, avec Jean-Michel Aulas, avec lequel il a pu avoir des divergences sur le plan sportif.
Quand Aulas reste associé au football, Ginon est plutôt rugby, un sport qui, explique-t-il régulièrement, correspond à "l'esprit d'équipe" qu'il encourage au sein de son groupe. Depuis fin mars, son fils Marc-Antoine Ginon est président du LOU, le club de l'ovalie lyonnais, dont GL Events est l'actionnaire majoritaire.
Deux des filles d'Olivier Ginon, qui a quatre enfants, sont au conseil d'administration de GL Events. La troisième travaille également au sein du groupe, en Chine.
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