La ministre de l'Intérieur britannique Shabana Mahmood lors du congrès du parti travailliste le 29 octobre 2025 ( AFP / Oli SCARFF )
Le gouvernement travailliste au Royaume-Uni a défendu dimanche sa vaste réforme qui restreint la protection accordée aux demandeurs d'asile, assurant que le sujet ultra-sensible de l'immigration irrégulière "déchire" le pays.
Deux mesures phares de ce plan, dont la présentation détaillée doit se tenir lundi au Parlement, ont été dévoilées samedi soir par le ministère de l'Intérieur.
Parmi elles, la réduction de la protection accordée aux réfugiés, qui seront "forcés de rentrer dans leur pays d'origine dès qu'il sera jugé sûr" et la suppression de l'accès automatique aux aides sociales pour les demandeurs d'asile.
Interrogée dimanche sur la BBC et Sky news, la ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood a défendu en bloc ces premières mesures.
Des migrants tentent de traverser la Manche avec des bateaux de passeurs au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )
Née dans une famille originaire du Pakistan, elle a déclaré à la BBC que si "l'immigration fait absolument partie" de son expérience de vie, elle ressent "un devoir moral" de lutter contre l'immigration irrégulière qui "déchire notre pays".
Cette immigration "divise les communautés, les gens constatent une énorme pression dans leurs communautés et ils voient également un système qui est défaillant (...)", a-t-elle assuré.
L'association britannique Refugee Council a quant à elle qualifié ces mesures de "dures" et "inutiles".
Arrivé au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement de Keir Starmer est sous pression quasi-quotidienne pour freiner les arrivées de migrants.
- Plus de 39.000 arrivées -
Depuis plusieurs mois, il est largement devancé dans les sondages par le parti Reform de Nigel Farage.
Cet été, de nombreuses manifestations ont eu lieu devant des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile et une manifestation organisée par l'extrême droite à Londres mi-septembre a réuni jusqu'à 150.000 personnes.
Des migrants attendent un bateau de passeurs pour traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )
Dans ce contexte, le gouvernement a promis de faire baisser le nombre de migrants qui traversent la Manche à bord d'embarcations de fortune.
Un accord a été conclu cet été avec Paris qui consiste à renvoyer en France des migrants arrivés au Royaume-Uni à bord de ces embarcations.
Reste que depuis le 1er janvier, 39.292 personnes ont débarqué sur les côtes anglaises, un chiffre qui dépasse celui de l'année 2024 (36.816).
Réagissant aux annonces britanniques, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a estimé dimanche sur les médias France Inter, franceinfo TV et Le Monde que celles-ci répondent "aux attentes" de ses voisins européens.
- "Superficielles" -
Au Royaume-Uni, la restriction de la protection des réfugiés était une mesure jusqu'ici défendue par Nigel Farage, qui avait annoncé qu'en cas d'arrivée au pouvoir, il obligerait les migrants - y compris ceux déjà régularisés - à demander un visa tous les cinq ans.
Le nouveau système, largement inspiré du modèle restrictif danois, réduira la durée de leur séjour de cinq ans à 30 mois, et multipliera par quatre, de cinq à 20 ans, le délai nécessaire pour demander à devenir résident permanent.
Les réfugiés qui souhaitent devenir résidents permanents plus vite "devront travailler ou étudier", selon le ministère.
Quant aux aides sociales, le gouvernement veut les supprimer "pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins".
Le gouvernement entend également accélérer les expulsions avec le passage d'une loi qui encadrerait les recours à la Convention européenne des droits de l'homme, a indiqué le ministère dimanche.
Des migrants à bord de bateaux de passeurs tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )
In fine, ces réformes permettront de "bloquer les recours interminables, empêcher les demandes de dernière minute et augmenter les expulsions de ceux qui n’ont aucun droit d’être ici", a réagi Keir Starmer, cité dans le communiqué.
L'opposition conservatrice a elle dénoncé des mesures "superficielles" qui "ne feront pas une grande différence".
Sur la BBC, la ministre s'est dit consciente qu'elle allait devoir convaincre "les gens dans tout le pays, pas seulement au Parlement (...) que ces réformes peuvent fonctionner".
La première étape sera sans doute de convaincre l'aile gauche de son parti.
Fin juin, le gouvernement avait été contraint de reculer sur son projet de loi visant à couper dans les allocations aux personnes handicapées à la suite de la mobilisation d'une centaine de députés de son camp.

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