
Le RAID donne l'assaut le 29 mars 1996 au 59 de la rue Carette à Roubaix, domicile des membres du gang de Roubaix ( AFP / FRANCOIS LO PRESTI )
Le dernier membre retrouvé du "gang de Roubaix", après 27 ans de cavale, a contesté vendredi l'intégralité des faits qui lui sont reprochés pour sa participation présumée à ce groupe criminel mêlant grand banditisme et islamisme radical dans les années 1990.
Dès l'ouverture de son procès devant la cour d'assises du Nord à Douai, Seddik Benbahlouli, 55 ans, crâne dégarni et barbe poivre et sel fournie, ne s'est guère montré coopératif.
"Je n'ai nullement l'intention de participer à ce procès. J'ai été clair depuis le début, à cause de la violation de mes droits dès les États-Unis", a-t-il déclaré, en faisant référence à son arrestation en 2023 dans ce pays, qui a mené à son extradition vers la France.
Malgré ses protestations, il est d'abord resté dans le box des accusés, à la demande de la présidente de la cour. Mais lorsqu'il a tenté de quitter sa place de force, les policiers sont intervenus pour le faire sortir de la salle d'audience. Il n'y est plus revenu.
"Il conteste l'intégralité des faits qui lui sont reprochés", a déclaré devant la cour son avocate, Me Soizic Salomon.
Seddik Benbahlouli doit être jugé jusqu'au 27 octobre pour tentative de meurtre sur deux policiers en 1996, recel de véhicule volé et participation à une association de malfaiteurs.
La présidente de la cour a dit qu'elle pourrait être amenée à demander sa comparution forcée lorsque les victimes témoigneront la semaine prochaine.
Originaire de Roubaix et titulaire d'un BEP électrotechnique, l'accusé se déclare célibataire et sans enfant. Aux États-Unis, il aurait principalement vécu à Philadelphie (est), où il aurait travaillé dans le secteur de l'automobile, sous une fausse identité, a rapporté la présidente.
En détention, il a été placé à l'isolement "en raison d'un risque de prosélytisme", tout en se montrant "correct avec les professionnels" et "très religieux", consacrant "beaucoup de temps à la prière", a-t-elle poursuivi.
- "Eléments imparables" -
Le "gang de Roubaix", qualifié d'"islamo-braqueurs" par l'ancien patron de la brigade criminelle de Lille, Romuald Muller, qui doit témoigner lundi au procès, s'était formé au milieu des années 1990 autour d'un noyau d'hommes fréquentant la mosquée Dawa de la ville.
La plupart de ses membres s'étaient rendus en Bosnie en 1994-1995, aux côtés d'islamistes venus combattre au sein de "brigades de moudjahidines".
En 1995 naissait l'idée de monter un groupe en France et d'organiser des braquages pour financer la cause islamiste armée.
Entre janvier et mars 1996, le gang mène une série de braquages et attaques avec des armes de guerre dans le nord de la France, causant la mort d'un civil à Roubaix lors d'une course-poursuite avec la police, et faisant plusieurs blessés.
Le groupe est démantelé fin mars, lors d'un assaut du Raid contre une planque à Roubaix. Quatre membres meurent sur place et le chef présumé, Christophe Caze, est abattu dans sa fuite en Belgique.
Les cinq survivants ont été condamnés, en première instance ou en appel entre 2001 et 2007, à des peines de 15 à 25 ans de réclusion criminelle.
Benbahlouli est lui soupçonné d'avoir tiré à la Kalachnikov sur des policiers alors qu'il venait récupérer une Audi 90 volée, le 27 janvier 1996 à Croix, dans la banlieue lilloise. L'un des deux policiers avait été blessé.
Dans ce dossier, "il y a des éléments imparables": de l'ADN de Benbahlouli a été retrouvé "dans une trace de sang sur les lieux du crime", a rappelé Me Blandine Lejeune, l'avocate des parties civiles.
Après la chute du gang, Benbahlouli a disparu dans la nature. Selon les enquêteurs, il serait passé par le Togo, le Burkina Faso et le Yémen, avant de rejoindre la Belgique, sous une fausse identité.
Selon les témoignages de membres de sa famille cités par la présidente de la cour, Seddik Benbahlouli ne leur avait plus donné de nouvelles depuis 1996, et les enquêteurs avaient complètement perdu sa trace en 1998.
L'un des temps forts du procès devrait être la journée d'audience de mercredi, où les quatre autres survivants du "gang de Roubaix" doivent témoigner.
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