par Michelle Nichols
Le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné jeudi l'attaque survenue plus tôt cette semaine au Qatar, sans toutefois faire mention d'Israël dans le communiqué publié avec l'accord des quinze membres du Conseil, dont les Etats-Unis, principal allié de l'Etat hébreu.
Israël a mené mardi des frappes à Doha avec l'objectif de tuer des dirigeants du Hamas, dont le bureau politique est hébergé par le Qatar, une attaque constituant une nouvelle escalade dans la campagne militaire menée par Israël à travers le Proche-Orient en parallèle à son siège de la bande de Gaza.
Le président américain Donald Trump a déclaré alors que la décision de frapper Doha, allié précieux de Washington, avait été prise seul par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
S'exprimant lors de la réunion organisée au Conseil de sécurité à la suite de cette attaque, l'ambassadeur israélien à l'Onu a déclaré jeudi que cela "envoie le message (...) qu'il n'y a aucun sanctuaire pour les terroristes - pas à Gaza, pas à Téhéran, pas à Doha".
"Il n'y a aucune immunité pour les terroristes", a ajouté Danny Danon. "Nous agirons contre les chefs de la terreur où qu'ils se trouvent".
Alors qu'ils ont pour habitude de protéger Israël aux Nations unies, les Etats-Unis ne se sont pas opposés au communiqué du Conseil de sécurité, qui pouvait être approuvé uniquement par consensus. Cette décision illustre le mécontentement de Donald Trump à l'égard de l'opération décidée par Benjamin Netanyahu.
"Les membres du Conseil ont souligné l'importance d'une désescalade et exprimé leur solidarité avec le Qatar", est-il écrit dans le texte préparé par la Grande-Bretagne et la France. "Ils ont mis en exergue leur soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Qatar".
"L'IMPUNITÉ ENGENDRE LA GUERRE"
Doha a accusé Israël de vouloir faire échouer les efforts destinés à mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, alors que le Qatar a chapeauté plusieurs cycles de négociations indirectes en vue d'un accord de paix entre Israël et le Hamas et de la libération des otages détenus dans l'enclave palestinienne.
Le Premier ministre qatari a toutefois exprimé l'intention de Doha de poursuivre ses efforts de médiation.
"Attaquer notre territoire alors que nous étions occupés à négocier met au jour les intentions d'Israël", a dit Cheikh Mohammed ben Abdoulrahman al-Thani devant le Conseil. "(Israël) tente de nuire à toute perspective de paix, à perpétuer la souffrance du peuple palestinien", a-t-il poursuivi.
"Cela montre aussi que les extrémistes qui dirigent aujourd'hui Israël ne se préoccupent pas des otages".
Alors que l'émissaire du Pakistan a fait part de doutes similaires, l'ambassadrice américaine par intérim à l'Onu, Dorothy Shea, a estimé qu'il était "inapproprié" pour de quelconques membres du Conseil de "se servir de cela pour questionner l'engagement d'Israël à ramener ses otages à la maison".
L'Algérie a pour sa part exprimé sa déception que la rhétorique adoptée par le Conseil de sécurité dans son communiqué ne soit pas plus ferme. "La violence engendre la violence. L'impunité engendre la guerre. Le silence de la communauté internationale, et de ce Conseil, nourrit le chaos", a déclaré l'ambassadeur algérien à l'Onu devant le Conseil.
"Même ce Conseil demeure limité, incapable même de nommer l'agresseur, de qualifier cette agression de violation du droit international", a ajouté Amar Bendjama.
(Reportage Michelle Nichols; version française Jean Terzian)
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