Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Le conflit gagne en intensité en Ukraine, Poutine déterminé, Paris inquiet
information fournie par Reuters 03/03/2022 à 18:50

LE CONFLIT GAGNE EN INTENSITÉ EN UKRAINE, POUTINE DÉTERMINÉ, PARIS INQUIET

LE CONFLIT GAGNE EN INTENSITÉ EN UKRAINE, POUTINE DÉTERMINÉ, PARIS INQUIET

par Maksym Levin

BORODYANKA, Ukraine (Reuters) - L'Ukraine a demandé jeudi un cessez-le-feu et l'ouverture de corridors humanitaires afin d'évacuer les habitants des villes assiégées par l'armée russe, dont l'offensive est entrée dans sa deuxième semaine.

Un responsable américain a indiqué que les forces russes étaient désormais aux portes de Kharkiv, la deuxième ville du pays, qu'elles s'employaient à isoler Marioupol, toujours sous contrôle ukrainien, et qu'elles étaient à 25 km de Kiev, la capitale.

La France a estimé jeudi que le pire était à venir à la suite d'un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, qui a témoigné de la "détermination" du dirigeant russe, selon un conseiller du chef de l'Etat français.

Lors d'une allocution à la télévision nationale, le président russe a estimé jeudi que "l'opération spéciale" en Ukraine se déroulait selon les plans arrêtés initialement, saluant "l'héroïsme" des soldats russes, et qu'elle visait à détruire "l'anti-Russie" créée par l'Occident.

Il a assuré que les militaires russes avaient ouvert des corridors humanitaires mais que ceux-ci étaient bloqués par des "nationalistes" ukrainiens. Il a en outre promis des indemnisations pour les familles de soldats russes tués ou blessés au combat.

Selon des observateurs occidentaux, les forces russes s'emploient à encercler les villes ukrainiennes, à les bombarder et à les priver d'eau et d'électricité pour contraindre les habitants à fuir.

Plus d'un million d'Ukrainiens ont déjà quitté leur pays, selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés, la plupart en direction de la Pologne. Le Haut Commissariat de l'Onu aux réfugiés (HCR) a estimé jeudi que "des dizaines de millions de personnes" restées en Ukraine étaient "potentiellement en danger de mort."

Le conflit a fait des dizaines de morts parmi la population civile, les forces ukrainiennes mais aussi l'armée russe - près de 500 soldats russes ont été tués selon Moscou, près de 9.000 selon Kiev. Le HCR a fait état jeudi de 249 civils tués et 553 blessés.

NOUVELLE SESSION DE POURPARLERS

Une seule ville ukrainienne importante serait tombée pour le moment, Kherson, un port situé à l'embouchure du Dniepr, au bord de la mer Noire. Les chars russes venus de la région de Crimée, annexée par Moscou en 2014, y étaient entrés mercredi et en ont pris le contrôle jeudi, selon les deux camps. Le renseignement militaire américain a dit jeudi que les combats faisaient rage dans la ville; il ajoute ignorer qui la contrôle.

La situation est aussi critique à Marioupol, autre ville portuaire prise en étau entre les forces russes venues de Crimée et les territoires sécessionnistes prorusses du Donbass voisin. Encerclée, la ville est soumise à un déluge de feu, selon les autorités locales. Comparant la situation au siège de Leningrad par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, le maire a dénoncé une tentative de "génocide" du peuple ukrainien.

Comme les villes de Kharkiv et Tchernihiv, elles aussi pilonnées, Marioupol était cependant toujours contrôlée jeudi par l'armée ukrainienne.

Les services de secours ont annoncé jeudi avoir retiré 22 corps des décombres à la suite d'une frappe aérienne russe dans la région de Tchernihiv. Le gouverneur Viatcheslav Tchaus avait dit auparavant que des maisons et deux écoles avaient été touchées.

Le conseiller du président ukrainien Volodimir Zelenski, Mikhaïlo Podoliak, a mené une nouvelle session de pourparlers avec une délégation russe jeudi, dans un lieu tenu secret. Dans un tweet, Podoliak précise que la partie ukrainienne a demandé un cessez-le-feu immédiat, un armistice et "des corridors humanitaires pour l'évacuation des civils des villes et villages détruits et constamment pilonnés".

La première session, lundi, n'a produit aucun résultat concret.

Les négociateurs ukrainiens ont déclaré à l'issue de cette deuxième séance de pourparlers ne pas voir obtenu les résultats espérés. Ils ont toutefois fait état d'un compromis sur une garantie conjointe de création de corridors humanitaires pour l'évacuation des civils. Ces évacuations pourraient en outre être accompagnées de cessez-le-feu temporaires.

Les deux parties sont convenues de participer à une troisième séance de discussions bientôt, dit la partie ukrainienne.

Volodimir Zelenski, qui est toujours à Kiev, d'où il envoie régulièrement des messages vidéos à ses compatriotes, a assuré jeudi matin que les lignes de défense érigées par l'armée et des civils qui ont pris les armes continuaient à résister à l'envahisseur, malgré d'intenses bombardements. "Nous n'avons rien à perdre, hormis notre liberté", a-t-il dit.

Les forces ukrainiennes ont aussi repoussé un assaut russe à Borodyanka, une petite ville située à 60 km au nord-ouest de Kiev, où des carcasses de blindés russes sont disséminées sur une autoroute et des bâtiments alentour ont été détruits.

LOUKOIL APPELLE À L'ARRÊT DU CONFLIT

"(Les Russes) ont commencé à tirer depuis leurs blindés en direction du parc situé devant la Poste", a raconté à Reuters un habitant caché dans son appartement avec sa famille. "Puis ces salopards ont démarré un char et tiré sur le supermarché qui avait déjà brûlé. Il a pris feu à nouveau."

Alors que la Russie est la cible de sanctions économiques sans précédent susceptibles de la plonger dans une grave crise financière, son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a une nouvelle fois estimé jeudi à la télévision d'Etat que la réaction des pays occidentaux à l'invasion de l'Ukraine relevait de l'"hystérie" et assuré que celle-ci allait finir par retomber.

Au même moment, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, déclarait au contraire que les Vingt-Sept préparaient une nouvelle salve de sanctions en cas d'escalade de l'offensive russe en Ukraine, et étudiaient parallèlement les moyens de se passer du gaz, du pétrole et du charbon russes.

En Russie, où pratiquement toute contestation a été étouffée ces dernières années, les autorités ont interdit toute critique contre "l'opération militaire spéciale" lancée le 24 février.

Le groupe pétrolier russe Loukoil a brisé l'omerta jeudi en appelant à la cessation du conflit et à son règlement par "des moyens diplomatiques", devenant la première entreprise d'importance du pays à s'opposer publiquement aux décisions de Vladimir Poutine.

Pour ne pas avoir respecté l'interdit, et alors que des milliers de manifestants anti-guerre ont été arrêtés ces derniers jours en Russie, deux des derniers médias indépendants, la chaîne de télévision Dojd et la radio Echo de Moscou, ont été interdits de diffusion jeudi, selon l'agence Tass.

Les pays de l'Union européenne ont mis en application la décision des Vingt-Sept de bannir la chaîne RT et le site Spoutnik, considérés comme des organes de propagande au service du Kremlin.

(Reportage de Maksym Levin à Borodyanka, Pavel Polityuk, Natalia Zinets et Aleksandar Vasovic en Ukraine et d'autres bureaux de Reuters ; rédigé par Peter Graff ; version française Tangi Salaün et Sophie Louet, édité par Bertrand Boucey)

3 commentaires

  • 03 mars 19:29

    C'est effectivement approprié, mais la paranoïa d'une partie du peuple russe est alimentée par celle d'un homme qui a tout fait pour les couper de la réalité pour les garder sous son emprise. Peu importe pour lui, tant que son trône est sauf. C'est sa seule boussole.


Signaler le commentaire

Fermer