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"La Russie n'hésitera pas" : les services secrets allemands alertent d'un danger de "conflit militaire direct" avec Moscou avant même 2029
information fournie par Boursorama avec Media Services 13/10/2025 à 12:25

La multiplication des incidents sur le front est de l'Otan ainsi que les actes de déstabilisation polymorphes attribués à Moscou sont autant de témoins des intentions russes "d'étendre sa zone d'influence vers l'ouest" et de rendre l'Europe "dépendante", juge le président du Service fédéral de renseignement. Le nouveau patron du renseignement intérieur pointe quant à lui le "large éventail d'activités" employé par le Kremlin pour déstabiliser les démocraties occidentales.

Sinan Selen, président du renseignement intérieur allemand, le 18 septembre 2025, à Berlin ( AFP / ODD ANDERSEN )

Sinan Selen, président du renseignement intérieur allemand, le 18 septembre 2025, à Berlin ( AFP / ODD ANDERSEN )

"Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers". Les services secrets allemands ont mis en garde lundi 13 octobre contre la Russie, prête selon eux "à entrer en conflit militaire direct avec l'Otan". Martin Jäger, président du Service fédéral de renseignement (BND), sonne ainsi l'alarme face à une menace sur le court-terme, qui selon lui n'attendra pas une pleine reconstitution des forces russes, mobilisées par la guerre menée en Ukraine.

"À Moscou, on estime avoir des chances réalistes d'étendre sa zone d'influence vers l'ouest et de rendre l'Europe, économiquement bien plus puissante, dépendante de la Russie. Pour atteindre cet objectif, la Russie n'hésitera pas, si nécessaire, à entrer en conflit militaire direct avec l'OTAN", a t-il déclaré (BND), auditionné par la commission de contrôle parlementaire, au Bundestag, à Berlin. "Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers en pensant qu'une éventuelle attaque russe n'aura pas lieu avant 2029 au plus tôt. Nous sommes déjà dans le feu de l'action aujourd'hui", a ajouté M. Jäger qui a pris la tête du BND le 15 septembre dernier.

"La Russie n'a pas oublié la guerre froide"

Cet avertissement intervient après la multiplication d'incidents ces dernières semaines en Europe, tels l'incursion de drones russes en Pologne et la violation de l'espace aérien estonien par trois chasseurs russes. L'Allemagne a quant à elle été victime de survols de drones, de sabotages, et campagnes de désinformation et d'influence, avec l'ombre de Moscou planant sur ces événements. "Au mieux, l'Europe connaît une paix glaciale qui peut à tout moment dégénérer en confrontation violente. Nous devons nous préparer à une nouvelle aggravation de la situation", a poursuivi M. Jäger.

Sinan Selen, président du renseignement intérieur allemand (BfV), également auditionné, a abondé dans son sens: "La Russie poursuit de manière agressive ses ambitions politiques contre l'Allemagne, l'UE et ses alliés occidentaux". "Les services russes modifient en permanence les niveaux d'escalade de leurs activités dans le but stratégique d'affaiblir les démocraties libérales. En conséquence, nous détectons un large éventail d'activités d'espionnage, de désinformation, d'ingérence, de sabotage et de cyberattaques menées par des acteurs et des États étrangers en Allemagne", a-t-il dit. "La Russie n'a pas oublié la guerre froide", a-t-il ajouté, "ce qui signifie que les instruments utilisés à l'époque sont toujours disponibles".

Face à la menace des drônes, l'appareil législatif allemand s'adapte

Cette alerte du haut-commandement du renseignement allemand intervient dans un contexte de méfiance accrue face à la menace russe. Mercredi 8 octobre, le gouvernement allemand a annoncé qu'il allait permettre à sa police fédérale d'abattre des drones, après le survol de sites sensibles à travers l'Europe, que les autorités soupçonnent d'être des tentatives russes d'intimidation et d'espionnage. Le ministre de l'Intérieur, Alexander Dobrindt, a ainsi présenté des amendements législatifs visant à renforcer les moyens de la police fédérale qui pourra "agir avec des technologies de pointe face aux menaces constituées par les drones".

Accusant à maintes reprises Vladimir Poutine de livrer une "guerre hybride" contre les Occidentaux, Friedrich Merz, dont le pays est l'un des plus grands soutiens à l'Ukraine, a ordonné au printemps des investissements colossaux dans la défense et l'armement après des décennies en sous-financement. Prise entre une Russie toujours plus menaçante et des alliés américains en repli, l'Allemagne s'est positionnée en fer de lance du réarmement européen. D'autant que les incidents impliquant des drones, les sabotages, les campagnes de désinformation et d'influence s'y sont multipliés.

8 commentaires

  • 14:28

    "Quand cela va mal dans un pays, il faut se trouver un ennemi, effet drapeau assuré". En tout cas, c'est ce que Poutine fait depuis presque 4 ans.


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