
Gwendoline Cazenave à Bruxelles, en Belgique, le 24 janvier 2023. ( AFP / KENZO TRIBOUILLARD )
"Eurostar, ce n'est pas une compagnie low cost", tranche sa directrice générale Gwendoline Cazenave dans un entretien à l'AFP, balayant les critiques sur les tarifs du Paris-Londres. L'entreprise veut encore se développer et demande plus d'espace dans les gares des deux côtés de la Manche.
"La politique de service et la politique de prix que nous avons chez Eurostar, elle nous permet d'avoir 80%" de part de marché sur le Londres-Paris face à l'avion, plaide la dirigeante présente dans la délégation du président français Emmanuel Macron, en visite d’État au Royaume-Uni.
Un chiffre "qui prouve", selon elle, que la compagnie répond à la demande sur ce segment ultra-fréquenté.
Les tarifs de l'Eurostar sur la ligne sont souvent bien plus chers que ceux de l'avion, ce qui pousse de nombreux voyageurs à opter pour l'aérien, malgré son empreinte carbone.
Il est courant que l'aller-retour dépasse 350 euros, surtout aux heures de pointe ou les jours de grands départs.
- "Il faut plus de place" -
"Nos voyageurs savent que s'ils anticipent, ils peuvent voyager de Londres à Paris pour 39 pounds" (ou 44 euros), répond Mme Cazenave, qui met aussi en avant le service Eurostar Snap de prix réduits en dernière minute (mais sans connaître l'horaire du train attribué).
La dirigeante, qui accueille l'AFP dans ses locaux londoniens à deux pas de la gare de St Pancras, avec vue imprenable sur la capitale britannique, rappelle que 8 millions de personnes voyagent chaque année sur l'Eurostar entre Londres et Paris.
Mais elle souligne les limites d’infrastructures saturées autant à St Pancras qu'à la Gare du Nord.
"Il faut plus de place", répète celle qui est directrice générale de l'entreprise depuis 2022. "Et ça, c'est vraiment le métier des institutionnels et des politiques publiques", un message qu'elle entend porter pendant la visite présidentielle.
"Quand on a deux trains qui partent à 10 minutes d'intervalle de la gare de Londres, l'un pour Paris et l'autre pour Amsterdam, c'est l'équivalent de quatre A380 qui décollent au même moment."
- Plus de concurrence -
Face à d'"énormes perspectives de développement", l'entreprise entend encore se développer et compte acheter jusqu'à 50 nouveaux trains. Le choix du constructeur sera pris d'ici la fin de l'année, selon Mme Cazenave.
Pour le Paris-Londres, cela signifiera 2 millions de voyageurs supplémentaires d'ici 2030. Deux autres lignes vers Genève et Francfort ouvriront à même échéance au départ de la capitale britannique.
La capacité opérationnelle de la gare en 2024 était de 1.800 voyageurs par heure, selon Eurostar, qui vise près de 5.000 par heure en 2028.
De l'espace supplémentaire, pour les voyageurs comme pour les trains, est d'autant plus important que plusieurs compagnies ont fait part de leur intérêt pour exploiter la ligne, comme l'italienne Trenitalia, la britannique Virgin, l'espagnole Evolyn et la néerlandaise Heuro.
Une ouverture à la concurrence largement attendue par les usagers, qui espèrent une guerre des prix.
Ils "pousseront encore plus les murs avec nous", veut croire Mme Cazenave, assurant que cette concurrence, sur une liaison ferroviaire où Eurostar garde un puissant monopole, sera "bonne pour la planète, bonne pour les clients, bonne pour la société".
1 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer