La grève des acteurs bloque le festival de Venise du début à la fin

information fournie par Reuters •08/09/2023 à 18:36

*

Les grèves des acteurs et des scénaristes interrompent les productions hollywoodiennes

*

La plupart des stars ne peuvent pas assister au festival de Venise

*

De nombreuses célébrités se tiennent à l'écart en signe de solidarité

par Crispian Balmer

VENISE, 8 septembre (Reuters) - La grève des acteurs hollywoodiens a empêché la plupart des stars d'assister au festival du film de Venise cette année, et même les quelques célébrités qui se sont aventurées en ville ont semblé se sentir coupables d'être sur le tapis rouge plutôt que sur le piquet de grève.

Lors de la dernière journée de compétition, vendredi, Jessica Chastain, lauréate d'un Oscar, a déclaré aux journalistes qu'elle était "incroyablement nerveuse" de venir à Venise pour promouvoir son film indépendant "Memory", bien qu'elle ait obtenu une dérogation des syndicats pour y assister.

"Certains membres de mon équipe me l'ont déconseillé", a déclaré Mme Chastain, ajoutant qu'elle avait décidé de venir pour apporter son soutien à la Screen Actors Guild (SAG) et à l'American Federation of Television and Radio Artists (AFTRA).

Les acteurs se sont mis en grève en juillet, rejoignant les scénaristes qui avaient débrayé en mai, pour exiger que les sites de diffusion en continu et les studios de cinéma améliorent leurs contrats et imposent des limites à l'utilisation de l'intelligence artificielle.

"Je suis ici parce que la SAG-AFTRA a été explicitement claire sur le fait que la façon de soutenir la grève est de poster sur les médias sociaux, de marcher sur les piquets de grève et de travailler et soutenir des projets d'accords intérimaires", a déclaré Mme Chastain.

Les grèves ont entraîné l'arrêt des productions télévisuelles et cinématographiques à Hollywood, mais certains projets qui ne sont pas affiliés aux grands studios, comme "Memory", reçoivent des laissez-passer pour continuer à travailler ou à faire des promotions normales s'ils se conforment aux dernières demandes du syndicat.

SOLIDARITÉ

Le directeur artistique de Venise, Alberto Barbera, avait prévu que les acteurs de seulement trois des 23 films en compétition ne pourraient pas venir au festival en raison de la grève.

Ainsi, Emma Stone, Michael Fassbender et Bradley Cooper, respectivement acteurs de "Poor Things", "The Killer" et "Maestro", ne sont pas venus, comme prévu.

Toutefois, de nombreuses autres stars de productions plus modestes ou étrangères, comme Léa Seydoux, Penelope Cruz et Liam Neeson, n'ont pas non plus fait le déplacement. Aucune raison officielle n'a été donnée, mais une initiée du festival a déclaré qu'elle pensait qu'il s'agissait d'un geste de solidarité.

Un certain nombre de films indépendants, comme "Origin" d'Ava DuVernay, n'ont pas non plus présenté leurs acteurs principaux parce que les producteurs n'avaient pas signé les dernières revendications syndicales, craignant que cela ne les handicape dans leur recherche d'accords de distribution.

En l'absence de leurs acteurs, ce sont les réalisateurs qui ont le plus parlé et qui ont été régulièrement interrogés sur le conflit.

Certains d'entre eux se sont montrés totalement favorables à l'arrêt de travail. "Je soutiens totalement le travail acharné des syndicats qui se battent pour une rémunération équitable", a déclaré Sofia Coppola, présente à Venise pour la première de son dernier film, "Priscilla".

D'autres réalisateurs se sont montrés moins directs.

"Je ne peux pas dire que j'ai des réponses ou de vraies suggestions", a déclaré Wes Anderson, qui a présenté son court métrage "The Wonderful Story of Henry Sugar", mais qui a dû fouler le tapis rouge sans ses acteurs, parmi lesquels Benedict Cumberbatch, Dev Patel et Ben Kingsley.

Certains des acteurs qui se sont rendus au festival portaient des T-shirts promouvant la grève, tout comme le président du jury principal, le réalisateur oscarisé Damien Chazelle.

Elle-même vêtue d'un tee-shirt syndical, Mme Chastain a déclaré vendredi que les acteurs avaient souvent l'impression de devoir se taire pour préserver leurs perspectives d'emploi, mais elle a ajouté que c'était une erreur.

"C'est l'environnement qui, je pense, a permis aux abus sur le lieu de travail de rester incontrôlés pendant de nombreuses décennies. C'est également l'environnement qui a imposé aux membres de mon syndicat des contrats injustes", a-t-elle déclaré aux journalistes.