L'armée israélienne a intercepté mercredi plusieurs bateaux transportant des activistes internationaux et de l'aide humanitaire pour Gaza, pour les emmener dans un port israélien, perturbant une traversée devenue l'un des symboles de l'opposition au blocage par Israël de l'aide à l'enclave palestinienne.
Une vidéo diffusée par le ministère israélien des Affaires étrangères, dont Reuters a vérifié l'authenticité, montre la passagère la plus éminente de la flottille, Greta Thunberg, assise sur un pont entourée de soldats israéliens.
"Plusieurs navires de la flottille Hamas-Sumud ont été stoppés en toute sécurité et leurs passagers sont en train d'être transférés vers un port israélien", a déclaré le ministère sur le réseau social X. "Greta et ses amis sont sains et saufs", a-t-il ajouté.
La flottille Global Sumud, qui transportait des médicaments et de la nourriture destinés à la bande de Gaza, est composée d'une quarantaine de bateaux civils avec à bord, au total, environ 500 parlementaires, avocats et activistes.
Sa traversée de la mer Méditerranée a suscité l'attention de la communauté internationale, des pays comme la Turquie, l'Espagne et l'Italie ayant décidé d'envoyer des navires ou des drones pour, le cas échéant, porter assistance à leurs ressortissants membres de la flottille.
Israël avait averti à plusieurs reprises les navires de faire demi-tour.
La Turquie a dénoncé par la voix de son ministère des Affaires étrangères un "acte de terreur" contre la flottille qui a mis en danger la vie de civils innocents.
Des manifestations spontanées sont survenues en Italie alors qu'était rapporté le raid israélien contre la flottille.
"PARTICULIÈREMENT PRÉOCCUPANT"
Les organisateurs de la flottille ont dénoncé l'opération de l'armée israélienne comme un "crime de guerre", reprochant à Tsahal d'avoir utilisé des tactiques agressives, notamment des canons à eau. Personne n'a été blessé, ont-ils déclaré.
"Plusieurs navires (...) ont été interceptés et arraisonnés illégalement par les forces d'occupation israélienne dans des eaux internationales", ont-ils dit dans un communiqué.
Ils ont également accusé l'armée israélienne d'avoir tenté de faire couler l'un des navires, le Maria Cristina. Aucun commentaire n'a été obtenu à ce propos par Reuters auprès de l'armée israélienne.
Alors qu'Ankara a annoncé que des démarches ont été entreprises pour qu'Israël libère les ressortissants turcs et les autres personnes présentes à bord des navires de la flottille, Madrid a appelé l'Etat hébreu à assurer la sécurité et à protéger les droits des activistes.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Harris, a déclaré sur le réseau social X que les informations rapportées mercredi soir étaient "particulièrement préoccupantes".
"Il s'agit d'une mission pacifique qui met en lumière une catastrophe humanitaire horrible" à Gaza, a-t-il ajouté.
La flottille a été interceptée à environ 70 milles nautiques de l'enclave palestinienne, ravagée par près de deux ans d'un "siège total" déclaré par Israël en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Un rapport d'une commission d'enquête indépendante de l'Onu, publié le mois dernier, dénonce un génocide incité par les plus hauts responsables israéliens.
Israël empêche tout navire d'entrer dans une zone maritime située à proximité de la bande de Gaza.
LA FLOTTILLE NE VA PAS "SE LAISSER DÉCOURAGER"
Les organisateurs de la flottille ont déclaré que leurs communications ont été brouillées, dont des caméras diffusant des images en direct depuis plusieurs des bateaux.
D'après les données de suivi des bateaux, communiquées par la flottille elle-même, neuf bateaux ont au total été interceptés ou stoppés.
Les organisateurs, qui espéraient initialement que la flottille puisse arriver jeudi matin à Gaza, ont promis de "continuer sans se laisser décourager".
Quelques heures plus tôt, peu après l'aube mercredi, la flottille avait déjà été approchée par l'armée israélienne. Des "navires de guerre" ont encerclé deux des bateaux et brouillé leurs communications, ont dit les organisateurs de la mission.
Une attaque aux drones contre la flottille avait au préalable été dénoncée la semaine dernière, causant des dégâts mais ne faisant aucun blessé.
Israël n'a pas effectué de commentaire à propos de cette attaque, mais a prévenu qu'il utiliserait tous les moyens possibles pour empêcher la flottille de rejoindre Gaza, justifiant la légalité de son blocus maritime par la guerre contre le Hamas en cours dans l'enclave palestinienne.
Les bateaux dépêchés par l'Italie et l'Espagne pour porter secours si nécessaire aux membres de la flottille ont cessé d'escorter les navires une fois que ceux-ci se sont approchés à 150 milles nautiques de la bande de Gaza, citant des raisons de sécurité. La Turquie a déployé des drones pour suivre la flottille.
Au cours d'une conférence de presse organisée mercredi par les organisateurs de la flottille, la rapporteuse spéciale de l'Onu pour les droits humains dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a déclaré que toute interception de la flottille constituerait une "violation du droit international", Israël n'ayant aucune juridiction légale sur les eaux au large de Gaza.
(Mrinmay Dey et Gursimran Kaur à Bangalore, Alvise Armellini à Rome, Howard Goller à New York, avec Alex Cornwell, Tarek Amara, Emma Pinedo, Aislinn Laing, Pietro Lombardi, Padraic Halpin et Jonathan Spicer; version française Jean Terzian)
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