"On ne peut vraiment pas exclure une contraction du PIB au quatrième trimestre cette année", selon une experte.

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )
L'activité économique française a marqué le pas au troisième trimestre, plombée par l'inflation et la consommation des ménages : la fin d'année s'annonce sombre sur le tableau des indicateurs économiques.
Entre juillet et septembre, le produit intérieur brut (PIB) de la France a progressé de 0,2% , marquant un ralentissement après la hausse de 0,5% enregistrée au printemps, a indiqué l'Insee, confirmant une première estimation publiée fin octobre.
Si les investissements des entreprises des secteurs automobile et des services informatiques ont fait preuve de dynamisme, la croissance a été pénalisée par une consommation des ménages atone (-0,1% après +0,4% au trimestre précédent), alors que celle-ci est son moteur traditionnel. La contribution du commerce extérieur est également négative (-0,5%, après -0,2%), avec des importations augmentant plus fortement que les exportations.
"On a actuellement des entreprises qui se montrent assez résilientes malgré l'environnement économique et l'instabilité, et des ménages qui ont une vision plutôt pessimiste de l'avenir, ce qui se retrouve dans les consommation", explique à l' AFP Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Tiré par une revalorisation au 1er juillet de prestations sociales, le pouvoir d'achat des ménages a toutefois rebondi au troisième trimestre grâce à une accélération de leur revenu disponible brut (+2,6% après 1,1% au trimestre précédent), ramenée à 0,8% une fois prise en compte la composition des foyers, selon la mesure appelée "par unité de consommation".
"L'économie française résiste"
Sur fond d' inflation, qui s'est établie à 6,2% sur un an en novembre , les ménages consomment moins et préfèrent épargner, ce qui a fait progresser le taux d'épargne au troisième trimestre de 15,8% à 16,6%.
À Bercy, on s'est félicité mercredi que "l'économie française résiste".
Mais la nette baisse de 2,8% de la consommation en biens observée en octobre, du jamais vu depuis le printemps 2021, laisse augurer de mois difficiles pour l'économie française. Avec une inflation qui ne montre pas de répit, "les consommateurs sont extrêmement prudents à l'heure actuelle dans leurs achats et ça va clairement plomber la croissance du PIB au quatrième trimestre", souligne auprès de l' AFP Charlotte de Montpellier, économiste de la banque ING.
"On ne peut vraiment pas exclure une contraction du PIB au quatrième trimestre cette année compte tenu de cette consommation très faible", et "le risque de récession n'est pas écarté" pour 2023, estime-t-elle.
L'INSEE prévoit une stagnation de l'activité économique française pour les trois derniers mois de l'année, et une croissance de 2,6% pour l'ensemble de 2022, contre 2,7% pour le gouvernement. En 2023, le gouvernement table sur 1% de croissance , une estimation plus optimiste que celles de l'OCDE (0,6%) et du Fonds monétaire international (0,7%).
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