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La Bulgarie se prépare à l'euro, entre enthousiasme et scepticisme
information fournie par Reuters 29/12/2025 à 12:47

par Fedja Grulovic et Stoyan Nenov

Les banques, les entreprises et les consommateurs bulgares se préparaient cette semaine à dire adieu au lev, la monnaie nationale, en amont de l’adoption de l’euro le 1er janvier, une étape attendue de longue date et accueillie à la fois avec enthousiasme, scepticisme et, dans certains milieux, colère.

La Bulgarie, pays riverain de la mer Noire situé à la frontière sud-est de l’Union européenne (UE), deviendra jeudi le 21ème État à rejoindre la zone euro après avoir satisfait cette année aux critères formels d’adhésion, notamment en matière d’inflation, de déficit budgétaire, de coûts d’emprunt à long terme et de stabilité du taux de change.

Cette adhésion intervient deux ans après celle de la Croatie en janvier 2023, dernier pays en date à avoir adopté la monnaie unique, et portera à plus de 350 millions le nombre d’Européens utilisant l’euro. Devenir membre de la zone euro implique, au-delà de l’utilisation des billets et pièces en euros, d’obtenir un siège au Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Si les gouvernements bulgares successifs ont tous milité en faveur de l'euro depuis l'entrée du pays dans l'UE en 2007, la Bulgarie, peuplée de 6,7 millions d’habitants, reste divisée sur la question, selon les sondages, même si les entreprises y sont largement favorables.

CRAINTES ET SOUPÇONS

Certains redoutent une hausse des prix ou se méfient de la classe politique nationale alors que le pays est en proie à une crise qui a vu le gouvernement démissionner ce mois-ci à la suite de vastes manifestations contre les hausses d'impôts proposées.

Dans un pays qui entretient des liens culturels et politiques historiques avec la Russie, nombreux sont ceux qui se méfient d'une nouvelle allégeance à l'Europe.

"Je suis contre, d'abord parce que le lev est notre monnaie nationale", déclare Emil Ivanov, un retraité vivant dans la capitale Sofia, interrogé alors qu'il faisait ses courses.

"Deuxièmement, l'Europe se dirige vers sa disparition, ce que même le président américain (Donald Trump) a mentionné dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale".

"Je ne serai peut-être plus en vie lorsque cela (la disparition de l'UE) se produira, mais c'est là que tout va."

LES ENTREPRISES SE PRÉPARENT

Selon certains analystes politiques, la campagne de promotion de l’euro a été insuffisante et les personnes âgées, en particulier dans les zones reculées, auront du mal à s’adapter. Ils estiment également que l’absence de gouvernement stable pourrait compliquer davantage la transition.

Pourtant, dans les rues et les magasins de Sofia, les entreprises se sont préparées. Les prix de tous les produits, des fruits aux bouteilles de vin, sont affichés en levs et en euros. Des panneaux d'affichage financés par le gouvernement affichent le taux de change euro-lev accompagnés du message: "Passé commun. Avenir commun. Monnaie commune". Des publicités télévisées annoncent également le changement à venir.

Certains se sont félicités de cette évolution. "Non seulement les personnes âgées, mais aussi tous les jeunes peuvent facilement voyager en euros au lieu de devoir changer de monnaie", salue Veselina Apostovlova, une retraitée faisant ses courses à Sofia.

Les entreprises bulgares qui exportent à l'étranger soutiennent aussi le passage à l'euro.

"Pour moi, le plus important est que toutes les opérations de conversion de devises et de réémission de factures en euros puis en levs seront éliminées", indique Natalia Gadjeva, propriétaire du domaine viticole Dragomir dans la vallée de la Thrace.

(Rédigé par Edward McAllister; version française Elena Smirnova, édité par Blandine Hénault)

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