
Le logo de la Banque centrale européenne (BCE) à l'extérieur de son siège à Francfort
Les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump pèseront sur la croissance économique et les prix de la zone euro pour plusieurs années, a déclaré lundi Luis de Guindos, vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), tout en affirmant qu'il y a peu de risque que l'inflation tombe trop bas ou que la hausse de l'euro par rapport au dollar devienne une préoccupation majeure.
La BCE a baissé ses taux directeurs en juin et signalé une pause à venir dans sa politique d'assouplissement monétaire malgré des projections d'inflation inférieure à son objectif de 2%, en raison de la hausse de l'euro par rapport au dollar et de l'augmentation des prix du pétrole ravivant les craintes autour d'un contexte d'inflation faible comme la décennie ayant précédée la pandémie mondiale de COVID-19.
"Nous estimons que les risques d'inflation sont équilibrés", a déclaré Luis de Guindos dans une interview accordée à Reuters, jugeant au contraire que l'objectif d'inflation de la BCE est à portée de main.
Les tensions sur le marché du travail et les pressions des syndicats pour exiger des hausses de salaire soutiendront la croissance des salaires de 3% et permettront à l'inflation de rebondir après avoir chuté à 1,4% en mai, a affirmé le vice-président de l'institution de Francfort.
Selon lui, les investisseurs, qui parient désormais sur une seule baisse supplémentaire des taux d'intérêt de la BCE vers la fin de l'année, ont correctement interprété le message de la présidente de l'institution, Christine Lagarde.
"Je pense que les marchés croient et escomptent que nous sommes très proches de notre objectif d'une inflation durable de 2% à moyen terme", a-t-il déclaré.
L'inflation dans la zone euro est désormais conforme aux objectifs et aucun dépassement durable n'est probable, a également déclaré lundi le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, lors d'une conférence à Francfort.
L'EURO COMME MONNAIE DE RÉSERVE ?
L'euro a augmenté de 11% par rapport au dollar au cours des trois derniers mois, atteignant jeudi son niveau le plus élevé depuis près de quatre ans, à savoir 1,1632 dollar.
Outre les conséquences néfastes pour les exportateurs, déjà confrontés aux droits de douane américains, un euro fort pourrait mécaniquement peser sur les prix à l'importation.
Luis de Guindos a toutefois estimé que le taux de change n'avait pas été volatil et que son appréciation n'avait pas été rapide, deux paramètres clés selon lui.
"Je pense qu'à 1,15 dollar, le taux de change de l'euro ne sera pas un obstacle majeur", a-t-il indiqué.
Le responsable de politique monétaire a également minimisé les chances que l'euro remplace le dollar en tant que monnaie de réserve dans le monde.
Si le dollar représentera environ 58% des réserves de change mondiales à la fin de 2024, contre 10 points de pourcentage de plus sur la dernière décennie, la part de l'euro, autour des 20%, n'a pas augmenté.
Si les dépenses publiques excessives et la politique erratique des États-Unis ont soulevé des questions sur la viabilité de la dette et le statut du dollar, la fiabilité de la Réserve fédérale américaine (Fed) ne fait aucun doute, a rappelé Luis de Guindos.
Il a ajouté que la BCE était convaincue que le soutien au dollar récemment renouvelé par la Fed resterait en place et que les réserves d'or conservées par certaines banques centrales à la Fed de New York étaient sûres, même dans le contexte actuel.
(Rédigé par Balazs Koranyi et Francesco Canepa, version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)
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