
( AFP / LOU BENOIST )
Le spécialiste français du cycle de l'uranium Orano (ex-Areva) a annoncé lundi avoir décroché un prêt de 400 millions d'euros pour la montée en puissance de ses capacités d'enrichissement auprès de la banque européenne d'investissement (BEI), qui marque ainsi son retour dans le nucléaire français.
Ce prêt d'une durée d'environ 25 ans financera une partie du projet d'extension de l'usine d'enrichissement Georges Besse II située au Tricastin dans le sud de la France, représentant un investissement total de 1,7 milliard d'euros.
Le prêt a été approuvé à la majorité des voix du conseil d'administration de la BEI, et ce alors même que le financement du nucléaire fait historiquement débat dans certains pays de l'UE comme l'Allemagne qui y est opposée.
Il s'agit d'un des plus importants montants accordés à un projet industriel, par la BEI, bras armé financier de la Commission européenne.
Un soutien majeur qui signe aussi le retour de la BEI dans le nucléaire tricolore: il n'avait plus financé de tel projet depuis un financement d'activité similaire au profit d'Areva en 2008. Après l'accident de Fukushima en 2011 et le coup de froid sur les investissements nucléaires, plus aucune opération n'avait été réalisée par la BEI dans le nucléaire.
Mais l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a rebattu les cartes et mis en évidence la nécessité de moins dépendre du géant russe Rosatom pour le cycle du combustible des centrales nucléaires, en France mais aussi dans d'autres pays occidentaux comme les Etats-Unis.
L'enrichissement d'uranium est une étape clé de la fabrication du combustible utilisé dans les centrales nucléaires.
Très porteur à la faveur du regain d’intérêt pour l’atome, ce marché de l’enrichissement est aujourd’hui dominé par le russe Rosatom (43%), premier exportateur, suivi par le groupement européen Urenco (31%), le chinois CNNC, qui sert son marché intérieur, et Orano qui a 12% de part.
D'où "cet important financement" de la BEI qui "contribue à l’indépendance énergétique européenne", a déclaré Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI cité dans le communiqué. "Les énergies décarbonées sont essentielles pour permettre à l’Union européenne de tenir les ambitieux objectifs de neutralité climatique qu’elle s’est fixés" à horizon 2050, a-t-il dit.
La BEI consacre deux tiers de ses investissements dans la transition énergétique et à l’adaptation au changement climatique.
"Le nucléaire est éligible au financement de la BEI depuis une politique qui date de 2013 et qui n'a pas été remise en question", a indiqué M. Fayolle à l'AFP. Des projets peuvent ainsi être financés dans trois domaines: sécurité des installations, cycle du combustible et recherche-développement.
En 2023, la BEI a par exemple financé un projet en Roumanie relevant de la sûreté nucléaire. Mais cette banque multilatérale n'a pas encore financé de projets de nouveaux réacteurs, alors que Paris pousse pour qu'elle soutienne son programme de construction de 6 EPR2.
En février 2023, Emmanuel Macron avait appelé de ses vœux un financement des futurs programmes nucléaires par la BEI, au titre des investissements dans les technologies bas carbone, à l'impact limité sur le climat.
Orano est présent sur tout le cycle du combustible depuis l’extraction minière de l’uranium naturel, principalement au Canada et au Kazakhstan, sa transformation (conversion et enrichissement) et son recyclage.
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