
Pier Silvio Berlusconi à Milan, en Italie, le 10 janvier 2020. ( AFP / MIGUEL MEDINA )
Le groupe italien de télévision MediaForEurope (MFE, ex-Mediaset), contrôlé par la famille Berlusconi, pousse ses pions sur le Vieux Continent en annonçant mercredi le lancement d'une offre publique d'achat (OPA) afin d'"accroître sa participation" dans son rival allemand ProSiebenSat.1.
MFE, qui détient déjà une part de 29,99% de ProSiebenSat.1, compte ainsi faire avancer son projet de créer un grand groupe de médias susceptible de rivaliser avec les poids lourds de la diffusion en ligne, comme les plateformes américaines Netflix et HBO.
Après l'offensive de la banque UniCredit sur Commerzbank, qui a suscité une levée de boucliers dans les milieux politiques de Berlin, MediaForEurope devient ainsi le deuxième groupe italien à s'aventurer en terre allemande.
MediaForEurope "a décidé d'augmenter son investissement à long terme" dans le but de "contribuer plus activement à son développement et son orientation stratégique", a indiqué le groupe à l'issue d'un conseil d'administration.
"Un changement de rythme s'impose. Nous pensons que ProSiebenSat.1 a besoin d'un actionnaire solide qui peut apporter son expertise et son expérience dans le secteur et contribuer activement à sa croissance", a commenté le PDG de MFE, Pier Silvio Berlusconi.
ProSiebenSat.1, qui possède 15 chaînes gratuites ou payantes, dont ProSieben, Sat.1 et Kabel Eins, est l'un des deux principaux acteurs du marché allemand de la télévision privée, aux côtés de RTL, filiale de Bertelsmann.
Le prix de l'offre devrait s'élever à environ 5,7 euros par action, soit une décote de 13% par rapport au cours de clôture de mercredi, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
" ProSiebenSat.1 restera indépendant et MFE n'influencera pas sa direction ou son conseil de surveillance", a-t-elle assuré.
Environ 78% du prix de l'offre devrait être payé en numéraire, alors que les 22% restants seront réglés via un échange d'actions.
- Objectif, plus de 30% -
Le groupe italien a dit avoir déjà "conclu un accord contraignant avec un actionnaire actuel" de ProSiebenSat.1, qui s'est engagé à adhérer à l'offre, garantissant que MFE "détiendra dans tous les cas plus de 30%" du capital à l'issue de l'opération.
Premier actionnaire du groupe allemand, MFE avait porté en novembre sa participation dans ProSiebenSat.1 à 29,99%, tout près du seuil de 30% déclenchant l'obligation de lancer une OPA.
Depuis cette annonce, le titre de ProSiebenSat.1 s'est envolé d'environ 50% à la Bourse de Francfort et a clôturé mercredi en hausse de 1,32% à 6,53 euros. Sa capitalisation boursière atteint 1,5 milliard d'euros.
M. Berlusconi avait annoncé dès décembre l'obtention d'un financement de 3,4 milliards d'euros auprès de banques afin de pouvoir accélérer l'expansion internationale de son groupe.
Mais il comptait d'abord attendre l'issue des élections législatives du 23 février en Allemagne avant de passer à l'acte.
Interrogé sur une éventuelle opposition de Berlin à une OPA sur ProSiebenSat.1, comme dans le cas d'UniCredit, M. Berlusconi avait assuré en décembre que MFE tenait "constamment informées" les institutions allemandes.
- Troisième tentative -
MediaForEurope n'en est pas à son coup d'essai.
Appelé alors Mediaset, le groupe italien avait déjà déposé en 2006 une offre de reprise sur 50,5% de son concurrent allemand, mais ce sont les fonds d'investissement KKR et Permira qui avaient remporté la mise. A l'époque, ProSiebenSat.1 valait 5 milliards d'euros.
Le groupe italien avait aussi tenté en 2003, en vain, d'acquérir ProSiebenSat.1, mis alors en vente après l'effondrement de l'empire des médias allemand de Leo Kirch.
Silvio Berlusconi, défunt fondateur de Mediaset, s'était à l'époque heurté à l'hostilité du chancelier allemand Gerhard Schröder, qui avait estimé qu'une telle acquisition ne serait "pas sans causer des problèmes".
Premier pas vers la création d'un grand groupe de télévision européen, MFE avait finalisé en mai 2023 la fusion par absorption avec sa filiale espagnole.
ProSiebenSat.1 est issu de la fusion en 2000 entre les deux sociétés télévisuelles privées allemandes SAT-1 et ProSieben, détenues alors majoritairement par le géant des médias allemand Kirch.
Initialement une société de télévision, ProSiebenSat.1 a diversifié ses activités en acquérant des sites de commerce en ligne et des plateformes numériques, comme le site de rencontres Parship.
Puis, le groupe allemand s'est lancé dans les services de streaming, comme Joyn, fondé en 2019 en partenariat avec RTL, et les médias numériques, avant d'opérer récemment un recentrage sur ses activités principales en vendant le portail de comparaison de tarifs Verivox.
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