L'Inde enquête sur des soupçons de traite des êtres humains après le retour de 276 ressortissants dans leur pays d'origine

information fournie par Reuters •27/12/2023 à 17:18

par Sumit Khanna et Rupam Jain

L'Inde a ouvert une enquête pour déterminer comment 303 Indiens se sont retrouvés à bord d'un vol affrété qui a été cloué au sol en France la semaine dernière en raison de soupçons de trafic d'êtres humains, ont déclaré mercredi les autorités de l'État du Gujarat, dans l'ouest de l'Inde.

Informées par un informateur anonyme, les autorités françaises ont empêché vendredi l'avion de voler vers sa destination prévue, le Nicaragua, à partir d'une escale de ravitaillement à l'aéroport de Vatry, dans le nord-est de la France. L'avion avait décollé des Émirats arabes unis (UAE) avec 11 mineurs non accompagnés parmi les passagers, dont 276 sont rentrés en Inde mardi.

De nombreux Indiens à bord étaient originaires du Gujarat, selon les autorités.

Sanjay Kharat, un haut responsable de la police du Gujarat, a déclaré que les autorités avaient obtenu les noms et adresses de 21 personnes originaires de l'État qui se trouvaient sur le vol, et que les enquêteurs essayaient de déterminer qui avait facilité leur voyage.

"Nos équipes ont déjà parlé avec certaines d'entre elles...(ou) les membres de leur famille", a-t-il déclaré.

Le vol était assuré par la compagnie roumaine Legend Airlines. Son avocate, Liliana Bakayoko, a refusé de nommer le client qui a affrété l'avion, invoquant la confidentialité des contrats.

Un fonctionnaire du ministère indien de l'intérieur, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a déclaré à Reuters que l'enregistrement du vol affrété et "les personnes exploitant l'ensemble de ce réseau" avaient été identifiés, mais n'a pas voulu donner plus de détails. Un porte-parole du ministère n'a pas répondu à un courriel sollicitant d'autres commentaires.

Les autorités françaises ont placé deux des passagers sous le statut de "témoin assisté" après avoir enquêté sur eux pour suspicion de trafic de migrants, tandis que 25 autres sont restés en France pour demander l'asile . En France, le statut de "témoin assisté" est un statut intermédiaire entre celui de témoin et celui de suspect mis en examen.

Reuters n'a pas été en mesure de s'entretenir immédiatement avec les personnes qui sont retournées en Inde, certaines ayant refusé de parler à leur sortie de l'aéroport de Mumbai et d'autres ayant caché leur visage avec leurs mains ou leurs vêtements.

Le responsable du ministère indien de l'intérieur a déclaré que les services d'immigration indiens étaient également interrogés pour savoir si des enfants avaient quitté l'Inde sans être accompagnés.

"Toutes ces personnes ont atterri à (, aux Émirats arabes unis), à des moments différents, et se sont rassemblées pour partir dans le même avion. Elles disposaient de visas touristiques légaux pour entrer à Dubaï", a déclaré le fonctionnaire à Reuters.

L'avion a été retenu en France un jour après que le département d'État américain a annoncé qu'il imposerait des restrictions en matière de visas aux personnes qui organisent des vols charters vers le Nicaragua pour des migrants se dirigeant vers la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Selon les données du service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, le nombre d'Indiens arrêtés alors qu'ils tentaient d'entrer illégalement sur le territoire américain a triplé au cours des trois dernières années. Les autorités américaines ont arrêté 96 917 Indiens entre octobre 2022 et septembre 2023, contre 30 662 trois ans plus tôt.