Selon Rafael Mariano Grossi, le monde devrait compter une douzaine de nouveaux pays nucléaires "dans la décennie à venir". Ce développement n'est toutefois pas suffisant pour suivre la trajection des objectifs fixés par les accords de Paris.

Une cheminée de la centrale de Golfech (illustration) ( AFP / MATTHIEU RONDEL )
Du mieux, mais la route est encore longue. L'énergie nucléaire a encore du chemin à faire pour concrétiser sa renaissance, même si elle n'est plus "tabou" en particulier dans l'arène des négociations climatiques, a déclaré mardi 28 novembre le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"A la fin de cette semaine, la COP28 commence. Nous revenons de loin dans ces importantes réunions internationales", a dit Rafael Mariano Grossi devant responsables et professionnels du nucléaire réunis au World Nuclear Exhibition (WNE), le salon du nucléaire civil organisé près de Paris.
"Avant, jamais les pays qui recourent à l'énergie nucléaire n'auraient été prêts à le dire. C'était un tabou aux COP, le nucléaire n'était pas considéré comme faisant partie de la solution. Et cette fois, tous les pays qui utilisent le nucléaire vont fièrement s'unir et dire à la COP que pour eux le nucléaire fait partie de la solution" face au réchauffement climatique.
M. Grossi a cité les projets de pays européens, la Chine championne des constructions nouvelles, "des développements importants en Afrique" avec l'édification d'une centrale de plusieurs tranches en Egypte, le premier démarrage aux Etats-Unis depuis des décennies, et "peut-être des nouvelles à venir en Arabie saoudite".
Sur le front des engagements pour le climat, le compte n'y est pas
Selon lui, le monde devrait compter une douzaine de nouveaux pays nucléaires "dans la décennie à venir", a-t-il aussi dit à la presse. Ghana, Kenya, Kazakhstan, Ouzbekistan, Philippines... dix pays sont en phase de décision et 17 moins avancés. "Tout cela pourrait signifier que nous sommes dans une situation extrêmement positive. Or ce n'est pas le cas: la réalité est que tous ces développements ajoutent bien moins de nucléaire qu'il n'en faudrait si nous voulons respecter les accords de Paris" sur le climat, a prévenu le responsable.
Selon le directeur de l'agence onusienne, le monde a gagné cette année 7 gigawatts (GW) de capacités supplémentaires, et 4 GW l'an dernier, "ce qui veut dire que nous sommes très en deçà du niveau qu'il faudrait". Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l'AIEA comme l'Agence internationale de l'énergie (AIE) tablent au moins sur un doublement des capacités de production nucléaire. Aujourd'hui "on a environ 400 réacteurs dans 31 pays, on aurait besoin du double ou peut-être plus", selon M. Grossi.
Le responsable cite des obstacles politiques, avec par exemple les débats au sein de l'UE. Le financement est un autre sujet. A la COP28 de Dubaï, six pays dont la France espèrent engager une quarantaine d'Etats à appeler à tripler les capacités de production nucléaire d'ici à 2050.
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