par Steven Scheer et Nidal al-Mughrabi
L'armée israélienne a déclaré jeudi contrôler 40% de la ville de Gaza alors que les bombardements ont forcé davantage de Palestiniens à quitter les lieux et que les soldats se trouvent désormais à quelques kilomètres du centre-ville.
Selon les autorités sanitaires de Gaza, l'armée israélienne a tué au moins 53 personnes jeudi à travers l'enclave palestinienne, principalement dans la ville de Gaza.
"Nous continuons à endommager les infrastructures du Hamas", a affirmé un porte-parole de l'armée israélienne.
"Aujourd'hui, nous tenons 40% du territoire de la ville de Gaza", a ajouté le général de brigade Effie Defrin lors d'une conférence de presse, citant les quartiers de Zeitoun et de Cheikh Radwan. "L'opération va s'étendre et s'intensifier dans les jours à venir."
"Nous continuerons à poursuivre le Hamas partout", a-t-il encore dit.
Le porte-parole a également confirmé les propos du chef d'état-major de l'armée, Eyal Zamir, qui a déclaré aux ministres israéliens qu'en l'absence d'un plan pour la suite des opérations, ils devraient imposer un régime militaire à Gaza.
Les membres d'extrême droite du gouvernement israélien font pression pour imposer un régime militaire à Gaza et y établir des colonies, ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exclu jusqu'à présent.
BOMBARDEMENTS INTENSIFS
L'offensive sur la ville de Gaza, lancée le 10 août, a suscité des critiques internationales, en raison de la crise humanitaire dans la région, et des tensions entre certains commandants militaires et dirigeants politiques concernant la stratégie à suivre.
"Cette fois, je ne quitterai pas ma maison. Je veux mourir ici. Peu importe que nous partions ou que nous restions. Des dizaines de milliers de personnes qui ont quitté leur maison ont également été tuées par Israël, alors à quoi bon ?", a déclaré par SMS à Reuters Oum Nader, mère de cinq enfants, depuis la ville de Gaza.
Des habitants ont déclaré qu'Israël avait bombardé les quartiers de Zeitoun, Sabra, Touffah et Chejaïa depuis le sol et l'air. Les chars ont pénétré dans la partie est du quartier de Cheikh Radwan, au nord-ouest du centre-ville, détruisant des maisons et provoquant des incendies dans les campements de réfugiés.
Des bombardements intensifs dans le quartier de Touffah ont fait huit morts et des dizaines de blessés, ont indiqué les services de secours.
"L'occupation israélienne a pris pour cible un rassemblement de civils et plusieurs maisons dans la zone de Machahra, dans le quartier de Touffah - une ceinture de feu qui a complètement détruit quatre bâtiments", a déclaré Mahmoud Bassal, porte-parole du service d'urgence civile du territoire.
"Même si l'occupation israélienne émet des avertissements, il n'y a pas d'endroits pour accueillir les civils ; il n'y a pas d'autres endroits où les gens peuvent se rendre."
L'armée israélienne n'a pas fait de commentaire sur ces frappes dans l'immédiat.
Israël, qui a demandé aux civils de quitter à nouveau la ville de Gaza, affirme que 70.000 d'entre eux l'ont fait et se sont dirigés vers le sud. Pour les responsables palestiniens, les départs représentent moins de la moitié de ce nombre et plusieurs milliers de personnes se trouvent encore sur le chemin de l'avancée israélienne.
Ce déplacement de population pourrait mettre encore plus en danger les plus vulnérables, notamment les nombreux enfants souffrant de malnutrition, a déclaré Amjad al Chawa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes, un groupe de coordination des ONG palestiniennes qui travaille en collaboration avec les Nations unies et les agences humanitaires internationales.
Selon les responsables sanitaires gazaouis, 370 personnes, dont 131 enfants, sont mortes de malnutrition et de famine causées par de graves pénuries alimentaires, principalement au cours des dernières semaines. Israël affirme prendre des mesures pour améliorer les conditions humanitaires à Gaza, notamment en augmentant l'aide dans l'enclave.
Les perspectives d'un cessez-le-feu et d'un accord pour la libération des 48 otages restants, dont 20 seraient encore en vie, semblent toujours faibles.
"Sur la base de nos conversations et de nos observations, nous sommes arrivés à la conclusion inexplicable que le gouvernement Netanyahou est engagé dans une campagne de nettoyage ethnique à Gaza et d'un lent nettoyage ethnique en Cisjordanie", ont déclaré à la presse deux sénateurs démocrates américains, Chris Van Hollen et Jeff Merkley, à l'issue d'un voyage d'une semaine sur place.
(Rédigé par Steven Scheer et Nidal al-Mughrabi, avec la contribution d'Emily Rose à Jérusalem, Dawoud Abu Alkas à Gaza et Patricia Zengerle à Washington ; version française Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)
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