
Des Palestiniens fouillent les décombres sur le site de l’effondrement de la tour Soussi, détruite plus tôt par un bombardement israélien, dans la ville de Gaza le 6 septembre 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
L'armée israélienne a détruit samedi une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza et appelé ses habitants à évacuer vers le sud du territoire palestinien, en prévision d'un assaut au sol après près de 23 mois de guerre avec le Hamas.
La Défense civile de Gaza a fait état de la mort de 24 personnes, tués par les tirs israéliens, dont cinq près d'un centre de distribution d'aide dans le sud de la bande de Gaza. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit ne pas être en mesure dans l'immédiat de commenter ces informations.
Des avions israéliens ont largué samedi des milliers de tracts au-dessus de quartiers ouest de Gaza-ville, demandant aux habitants de plusieurs secteurs d'évacuer, avant le bombardement prévu de tours d'habitations.
L'armée a ensuite annoncé avoir frappé une tour –identifiée par des témoins comme la tour Soussi-, au lendemain du bombardement d'un bâtiment similaire.
Des Palestiniens, dont des enfants, sont ensuite montés sur les gravats du bâtiment dans l'espoir de récupérer des objets.
- "Où aller?" -
Vendredi, l'armée israélienne avait prévenu qu'elle ciblerait les "infrastructures terroristes" dans la ville, en particulier les tours d'habitation. Elle accuse le Hamas, qui a parlé de "mensonges", d'utiliser ces bâtiments.
"J’ai lu les tracts (...) La question est : où pouvons-nous aller ?", lance Nafiz, 44 ans, qui dit habiter avec sa famille dans une tente dans le quartier de Rimal. "Nous allons attendre, et lorsque nous verrons les chars israéliens approcher, nous partirons".

Une fille cherche des objets récupérables sur un tas de décombres sur le site de l’effondrement de la tour Soussi, détruite plus tôt par un bombardement israélien, dans la ville de Gaza le 6 septembre 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
Ibrahim Al-Joumla, 39 ans, qui dit avoir fui avec sa famille un quartier de Gaza-ville pour un autre en raison des bombardements, ne sait pas non plus où fuir, ni comment.
"Nous sommes à pied. Même si nous décidions de fuir, nous n'avons pas d'argent", confie-t-il.
Le Hamas, dont l'attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, a accusé l'armée israélienne de commettre "un crime (...) de déplacement forcé contre le peuple palestinien".
Selon l'ONU, la quasi-totalité des plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza ont été chassés de leurs foyers au moins une fois par la guerre depuis le 7-Octobre.

Des Palestiniens fuyant le nord de la bande de Gaza vers le sud du territoire, près du camp de Nousseirat (centre) le 5 septembre 2025 ( AFP / Eyad BABA )
L'armée israélienne, qui dit contrôler environ 75% de la bande de Gaza et 40% de Gaza-ville, affirme vouloir s'emparer de cette grande ville du nord du territoire pour venir à bout du Hamas et libérer les otages capturés le 7-Octobre.
L'ONU, qui estime à environ un million de personnes la population de la ville de Gaza et ses environs, a averti d'un "désastre" et Amnesty International de conséquences "irréversibles" pour les Palestiniens.
Le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi que les Etats-Unis étaient "en négociation approfondie avec le Hamas". "Nous leur disons: +Libérez-les (otages NDLR) tous immédiatement", sinon "ça va être terrible", a-t-il dit.
Dans un communiqué samedi, le Forum des familles des otages a dit remercier M. Trump et Steve Witkoff, son émissaire spécial au Moyen-Orient, pour leur "détermination (...) sans faille dans l'avancement de ces négociations".
- "Pas de place, pas d'eau" -
Il a par ailleurs dit espérer à ce que le gouvernement israélien, de plus en plus sous pression en Israël comme à l'étranger, "fasse preuve de la même détermination pour ramener les otages et mettre fin à la guerre".

Des proches et soutiens des otages du 7-Octobre toujours captifs à Gaza lâchent 700 ballons lors d'une manifestation à Tel-Aviv pour réclamer leur libération, après autant de jours de détention, le 5 septembre 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
Selon l'armée israélienne, 47 captifs restent retenus à Gaza dont 27 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées le 7-Octobre.
Dans son appel à évacuer la ville de Gaza, l'armée a précisé que pour "faciliter le départ des habitants", le secteur côtier d'Al-Mawasi, dans le sud du territoire, était déclaré "zone humanitaire".
Selon l'armée, cette zone comprend des "infrastructures humanitaires essentielles", et est approvisionnée en nourriture et médicaments.
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l'ONU, l'armée a souvent bombardé des zones déclarées "humanitaires", affirmant y viser des combattants du Hamas.
Déplacé à Al-Mawasi, avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, affirme qu'il n'y a "pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d'eau, pas d'assainissement, pas d'aide alimentaire".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.368 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier les bilans de la Défense civile palestinienne.
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