
Des Palestiniens fouillent les décombres sur le site de l’effondrement de la tour Soussi, détruite plus tôt par un bombardement israélien, dans la ville de Gaza le 6 septembre 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
L'armée israélienne a détruit samedi une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza et appelé ses habitants à évacuer vers le sud du territoire palestinien, en prévision d'un assaut au sol qui suscite de vives craintes pour la population civile.
Près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses opérations militaires dans la ville de Gaza, la plus grande du territoire.
Disant contrôler 40% de cette ville du nord du territoire assiégé, elle affirme vouloir s'en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages capturés le 7-Octobre.
La Défense civile de Gaza a fait état de la mort de 55 personnes samedi dans le territoire palestinien, dont quatre dans le quartier de cheikh Radwane, dans la ville de Gaza, et 18 près d'un centre de distribution d'aide dans le nord. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit ne pas être en mesure dans l'immédiat de commenter ces informations.
Dans un communiqué, l'armée israélienne a appelé en matinée les habitants de Gaza-ville à évacuer "sans tarder" vers la "zone humanitaire" d'al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, et "rejoindre les milliers de personnes qui s'y sont déjà rendues".
- "Sauver nos soldats" -
Des avions israéliens ont largué par ailleurs des milliers de tracts au-dessus de quartiers ouest de Gaza-ville, demandant aux habitants de partir, annonçant un bombardement sur un immeuble.
L'armée a ensuite frappé la tour Soussi, au lendemain du bombardement d'un bâtiment similaire.
Elle avait prévenu vendredi qu'elle ciblerait les "infrastructures terroristes" dans la ville, en particulier les tours d'habitation. Elle accuse le Hamas, qui parle de "mensonges", d'utiliser ces bâtiments.

Une fille cherche des objets récupérables sur un tas de décombres sur le site de l’effondrement de la tour Soussi, détruite plus tôt par un bombardement israélien, dans la ville de Gaza le 6 septembre 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
"Où pouvons-nous aller ?", lance Nafiz, 44 ans, qui habite avec sa famille dans une tente dans le quartier de Rimal, à Gaza-ville. "Nous allons attendre, et lorsque nous verrons les chars israéliens approcher, nous partirons".
Ibrahim Al-Joumla, 39 ans, qui dit avoir fui avec sa famille un quartier pour un autre en raison des bombardements, ne sait pas non plus où fuir, ni comment.
"Nous sommes à pied. Même si nous décidions de fuir, nous n'avons pas d'argent", confie-t-il.
Selon l'ONU, la quasi-totalité des plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza ont été chassés de leurs foyers au moins une fois par la guerre depuis le 7-Octobre.
L'ONU, qui estime à environ un million de personnes la population de la ville de Gaza et ses environs, a mis en garde contre un "désastre" et Amnesty International des conséquences "irréversibles" pour les Palestiniens.

Des proches et soutiens des otages du 7-Octobre toujours captifs à Gaza lâchent 700 ballons lors d'une manifestation à Tel-Aviv pour réclamer leur libération, après autant de jours de détention, le 5 septembre 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
En Israël, des familles des otages craignent par ailleurs qu'une opération majeure sur Gaza-ville ne mettent en danger la vie de leurs proches.
Comme tous les samedis soirs, des milliers d'Israéliens brandissant des photos des otages ont manifesté à Tel-Aviv et Jérusalem. "La guerre doit s'arrêter pour libérer les otages et sauver nos soldats", pouvait-on lire sur une pancarte.
La branche armée du Hamas avait diffusé vendredi une vidéo de deux otages retenus à Gaza.
Selon l'armée israélienne, 47 captifs restent retenus à Gaza dont 27 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées le 7-Octobre.
Le président américain Donald Trump, allié d'Israël, a fait état vendredi d'une "négociation approfondie" avec le Hamas sur les otages. Le nouveau chef du Centcom, commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, Brad Cooper, a effectué samedi une visite en Israël.
- "Pas de place, pas d'eau" -
Dans son appel à évacuer la ville de Gaza, l'armée israélienne a affirmé que la "zone humanitaire" d'al-Mawasi comprenait des "infrastructures humanitaires essentielles", et était approvisionnée en nourriture et médicaments.

Des Palestiniens fuyant le nord de la bande de Gaza vers le sud du territoire, près du camp de Nousseirat (centre) le 5 septembre 2025 ( AFP / Eyad BABA )
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l'ONU, l'armée a souvent bombardé des zones déclarées "humanitaires", affirmant y viser des combattants du Hamas.
Déplacé à al-Mawasi avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, affirme qu'il n'y a "pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d'eau, pas d'assainissement, pas d'aide alimentaire".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.368 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier les bilans de la Défense civile palestinienne.
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