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L'Argentine vote pour des législatives de mi-mandat cruciales pour Milei et ses réformes
information fournie par AFP 26/10/2025 à 16:27

Le président argentin Javier Milei vote à Buenos Aires lors des élections législatives de mi-mandat, le 26 octobre 2025 ( AFP / Luis ROBAYO )

Le président argentin Javier Milei vote à Buenos Aires lors des élections législatives de mi-mandat, le 26 octobre 2025 ( AFP / Luis ROBAYO )

L'Argentine vote dimanche lors de législatives où l'ultralibéral Javier Milei joue sa marge de manoeuvre pour réformer et déréguler, sur ses deux ans restants de présidence, une économie fragile et dernièrement sous perfusion financière américaine.

Ces élections de mi-mandat sont le premier test national pour l'économiste "anarcho-capitaliste" de 55 ans qui a bousculé la politique argentine à la présidentielle de 2023. Et fait de ces législatives un plébiscite de sa gestion.

Elles ont de plus pris une résonance mondiale, avec l'aide spectaculaire de plus de 40 milliards de dollars, publics ou privés, promise par l'administration Trump à son allié idéologique sud-américain. Aide lestée d'un bémol: Washington ne sera "pas si généreux" si Milei perd, a prévenu Donald Trump.

Un électeur vote aux législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

Un électeur vote aux législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

De premiers résultats devraient être connus vers 21H00 (lundi 00H00 GMT)

"Le plus dur est passé", "Ne lâchez pas!", a répété Javier Milei ces derniers mois, et encore jeudi en clôture de campagne à Rosario. Conscient qu'une majorité d'Argentins ont plus ressenti les privations que la stabilisation macro-économique.

Le scrutin renouvelle la moitié des députés et un tiers des sénateurs, chambres sans majorité absolue.

Quasi-certitude selon les sondages: bien qu'au coude à coude avec l'opposition péroniste (centre gauche), le petit parti de Milei, La Libertad Avanza, comptera plus de sièges qu'à présent (15% des députés, 10% des sénateurs).

- Manque de finesse politique -

Progression, mais "victoire" pour autant? "Un bon chiffre" serait un tiers des sièges, seuil qui lui permettrait d'imposer ses vetos, a estimé Javier Milei.

Dans son viseur d'ici 2027: des réformes fiscale, de flexibilisation du marché du travail, et du système de protection sociale. Qu'il n'est pas seul à souhaiter.

Une électrice attend de voter pour les législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

Une électrice attend de voter pour les législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

"Baisse de l'inflation, pas d'émission monétaire: ce gouvernement est en train d'essayer de sortir le pays du trou où l'ont mis les précédents", saluait dimanche Victorio, élégant retraité de 70 ans, après avoir voté "en soutien du président". Mais Milei "manque de finesse. Il devrait arrêter de mépriser ceux qui l'ont aidé, donner moins de pouvoir à sa soeur, et bien qu'il s'y connaisse en économie, écouter ceux qui s'y connaissent en politique".

Javier Milei a beaucoup légiféré par décrets, ou accords législatifs ponctuels. Mais il s'est vu de plus en plus entravé par un Parlement braqué par sa rigidité, voire ses insultes: "nid à rats", "dégénérés"...

"Le programme économique ne fonctionne pas pour les gens, pour les entreprises, pour l'industrie", a déclaré après son vote le sénateur d'opposition (centriste) Martín Lousteau. "On a besoin d'un Parlement moins polarisé, avec moins de cris, d'insultes et plus de capacité à dialoguer".

Quel que soit le résultat dimanche, "Milei devra prendre un virage pragmatique", abonde la politologue Lara Goyburu. "Retrouver la capacité de négociation qui lui permit de faire passer des textes" en début de mandat.

Javier Milei a voté en fin de matinée à Buenos Aires, prenant un mini-bain de foule aux cris de "Allez Javier"! "Bien, president !", mais sans faire de déclaration, a constaté l'AFP.

Un homme devant des listes électorales lors des législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

Un homme devant des listes électorales lors des législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

Il arrive au scrutin auréolé de succès contre l'inflation, ramenée de plus de 200% à 31,8% en interannuel, et d'un équilibre budgétaire inédit depuis 14 ans.

Mais son "plus grand ajustement budgétaire de l'Histoire" - comme il aime à répéter - a vu la perte de plus de 200.000 emplois, un définancement de la santé et de l'université publique, une activité anémiée, en contraction de 1,8% en 2024, une reprise 2025 qui s'essouffle. Et une société plus que jamais à deux vitesses.

-Peur pour le peso-

"Ils sont en train d'anéantir la classe moyenne", enrageait dimanche Mariana Menendez, 54 ans. Qui racontait "l'angoisse" d'avoir vu disparaître 200 des 600 emplois de son hôpital de santé mentale, et "désactiver des programmes d'aide à l'enfance, aux violences intrafamiliales, des choses gravissimes".

Un bureau de vote lors des législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

Un bureau de vote lors des législatives de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre 2025 à Buenos Aires ( AFP / Luis ROBAYO )

Les Argentins ont montré une "tolérance inédite" à l'austérité, mais "ne voient pas venir l'oasis après la traversée du désert", diagnostique l'économiste Guillermo Oliveto, qui a vu l'humeur sociale basculer en 2025.

Après bientôt deux ans de restrictions budgétaires "s'estompe la confiance dans sa capacité à réaliser des ajustements plus importants", estime Mauricio Monge, analyste Amérique latine au cabinet britannique Oxford Economics.

Illustrant cette défiance, les marchés financiers sont sceptiques sur le maintien du cap d'austérité, et jugent le peso surévalué. Plusieurs fois en octobre, le Trésor américain est intervenu directement sur le marché des changes pour acheter du peso, évitant sa chute libre.

D'expérience, les Argentins savent que cela signifie un risque de dévaluation, ou de forte dépréciation, post-élections.

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