L'économie allemande a échappé d'un cheveu au troisième trimestre à la récession, avec une stagnation du PIB faisant suite à un recul au trimestre précédent, selon une première estimation publiée jeudi, tandis que l'inflation a moins ralenti en octobre que prévu.
( AFP / AXEL HEIMKEN )
Entre juillet et septembre, le Produit intérieur brut de la première économie européenne a connu une croissance nulle (0,0%), selon l'office statistique Destatis, tandis que les analystes de la plateforme Factset s'attendaient à un timide rebond de 0,1%, après un recul révisé à -0,2% au deuxième trimestre. Le signe que le pays peine à se sortir de deux années de recul consécutives.
Selon les premières estimations, les investissements en équipements ont évolué positivement au troisième trimestre 2025, tandis que les exportations ont diminué par rapport au trimestre précédent, a détaillé Destatis.
Les exportations avaient profité en début d'année d'effets d'anticipation des droits de douane américains, avant que les surtaxes imposées par Donald Trump à l'UE, effectives depuis l'été, ne grippent le commerce mondial.
Pour relancer l'économie, le chancelier conservateur Friedrich Merz compte sur un fonds de plusieurs centaines de milliards d'euros destiné à moderniser la défense et les infrastructures, mais dont les effets devraient se faire sentir sur la croissance en 2026.
"Se reposer sans cesse sur l'impulsion du fonds spécial ne suffira pas à long terme : des réformes favorisant la croissance sont désormais indispensables", note Jens-Oliver Niklasch de la banque LBBW.
Le bilan allemand apparaît d'autant plus morose que la situation semble meilleure dans les autres pays de la zone euro, dont la France, où le PIB a rebondi de 0,5% lors du trimestre d'été.
- "Guère d'amélioration" -
Quant à l'inflation, elle a ralenti en octobre après deux mois de hausse, mais légèrement moins qu'anticipé par les analystes.
La hausse des prix en Allemagne s'est établie à 2,3% sur un an en octobre, selon des chiffres provisoires de l'institut Destatis publiés jeudi, contre 2,4% en septembre.
Comme depuis un an, la détente de l'inflation s'explique avant tout par le recul des prix de l'énergie, qui avaient atteint des sommets lors de la crise énergétique de 2023 provoquée par l'invasion russe en Ukraine.
L'inflation dans les services (+3,5% en octobre) demeure néanmoins plus élevée que la moyenne.
Pour Carsten Brzeski, ce mois d'octobre marque "le début d'une nouvelle phase de désinflation", portée par le renforcement de l'euro et l'effet de base lié aux prix de l'énergie.
L'inflation allemande devrait donc évoluer "vers 2%, voire en dessous, au cours des prochains mois", avant d'accélérer à nouveau.
Un autre signe de stagnation en Allemagne est venu du marché du travail: le taux de chômage est resté inchangé à 6,3% en octobre, en données corrigées des variations saisonnières, un niveau stable depuis mars, a indiqué jeudi l'Agence fédérale pour l'emploi.
En données brutes, le nombre de chômeurs a reculé de 44.000 sur un mois, à 2,91 millions.
L'agence note toutefois un "manque de dynamisme" de la reprise automnale et la faiblesse de la demande de nouveaux emplois.
Les indicateurs avancés en Allemagne "ne laissent guère présager d’amélioration pour les un à deux prochains trimestres", a ajouté M. Niklasch.
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