
Les tensions persistent alors que les routes du nord du Kosovo sont toujours bloquées
BELGRADE (Reuters) - Le président de la Serbie Aleksandar Vučić a exhorté la minorité serbe du nord du Kosovo à mettre fin aux manifestations contre le gouvernement de Pristina, assurant qu'ils seraient à l'abri de toute poursuite, a rapporté mercredi un responsable serbe.
"Nous avons reçu des garanties des États-Unis et de l'Union européenne qu'aucun des Serbes du Kosovo qui ont participé aux manifestations et qui ont pris part (à l'érection) de barricades ne sera poursuivi ou arrêté", a déclaré Petar Petković, chef du Bureau serbe pour le Kosovo, lors d'un point presse.
L'escalade des tensions s'est poursuivi entre la Serbie et le Kosovo, qui a décidé mercredi de fermer son plus grand poste-frontière entre les deux pays en réponse à des blocages côté Serbie par des manifestants qui soutiennent la minorité serbe du Nord.
Les États-Unis et l'UE jouent un rôle de médiateur dans les pourparlers visant à résoudre les questions bilatérales en suspens entre les deux pays.
Aleksandar Vučić a appelé les Serbes du Nord à retirer les barricades, a dit Petar Petković.
Le président serbe et les représentants des Serbes du Kosovo se rencontreront mercredi soir près de la frontière et annonceront si le retrait des barricades a lieu, a-t-il ajouté.
Depuis le 10 décembre, les Serbes du nord du Kosovo, soutenus par Belgrade, ont mis en place de nombreuses barricades à Mitrovica et dans ses alentours.
Les manifestants réclamaient notamment la libération d'un ancien policier serbe accusé d'avoir agressé des policiers en service lors de précédentes manifestations. Sa libération a été annoncée mercredi.
Dejan Pantić va être libéré et placé en résidence surveillée, a déclaré un porte-parole d'un tribunal de Pristina.
ÉVITER TOUTE ESCALADE DES TENSIONS
La communauté internationale, préoccupée par la situation toujours tendue dans le nord du Kosovo a appelé mercredi à des mesures en faveur d'un apaisement des tensions.
"Nous travaillons avec le président [serbe Aleksandar] Vučić et le Premier ministre [kosovar Albin] Kurti pour trouver une solution politique afin de désamorcer les tensions et de convenir de la marche à suivre dans l'intérêt de la stabilité, de la sécurité et du bien-être de toutes les communautés locales", ont déclaré l'Union européenne et les Etats-unis dans un communiqué conjoint.
L'Allemagne a indiqué qu'elle concentrait ses efforts sur le retrait des barricades le long de la frontière entre le Kosovo et la Serbie.
Sur place, la mission de l'Otan appelée Force pour le Kosovo (KFOR) a également demandé aux deux parties d'éviter toute escalade des tensions et de chercher une solution par le dialogue.
"Il est primordial que toutes les parties concernées évitent toute rhétorique ou action susceptible de provoquer des tensions et d'aggraver la situation", a déclaré le général de division Angelo Michele Ristuccia dans un communiqué.
"Les solutions doivent être recherchées par le dialogue", a-t-il ajouté.
INFLUENCE DE LA RUSSIE EN QUESTION
Le ministre de l'Intérieur kosovar, Xhelal Sveçla, a accusé mardi la Serbie de chercher à déstabiliser le Kosovo avec l'appui de la Russie en encourageant le mouvement de contestation.
De son côté, le Kremlin a déclaré mercredi qu'il soutenait les tentatives de la Serbie de protéger la minorité serbe dans le nord du Kosovo, mais a démenti l'accusation de Pristina selon laquelle la Russie attiserait les tensions dans les Balkans.
"La Serbie est un pays souverain et il est absolument faux de chercher une influence destructrice de la Russie ici", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Environ 50.000 Serbes vivent dans la partie nord du Kosovo et refusent de reconnaître le gouvernement de Pristina ou l'État kosovar. Ils considèrent Belgrade comme leur capitale.
Les frictions des dernières semaines entre les deux communautés sont nées de la volonté des autorités de Pristina d'exiger le retrait des plaques d'immatriculation serbes datant d'avant la guerre du Kosovo de 1998-1999, qui a conduit à l'indépendance.
VOIR AUSSI:
ENCADRÉ-Pourquoi les tensions ressurgissent entre la Serbie et le Kosovo
(Reportage Fatos Bytyci et Ivana Sekularac, avec la contribution de Matthieu Protard à Paris; version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)
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