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Kenya: un célèbre militant très critique du président Ruto annonce sa candidature pour 2027
information fournie par AFP 27/08/2025 à 16:16

Le militant des droits huamins Boniface Mwangi salue ses partisans après avoir annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, le 27 août 2025 à Nairobi, au Kenya  ( AFP / SIMON MAINA )

Le militant des droits huamins Boniface Mwangi salue ses partisans après avoir annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, le 27 août 2025 à Nairobi, au Kenya ( AFP / SIMON MAINA )

Le président kényan William Ruto, qui brigue sa réélection en 2027, a depuis mercredi un nouvel adversaire : Boniface Mwangi, célèbre militant des droits humains et l'un de ses plus féroces critiques, a annoncé sa candidature au scrutin, quelques semaines après des manifestations anti-gouvernementales violemment réprimées.

"Notre pays est brisé et en danger de devenir un Etat failli", a expliqué M. Mwangui devant des centaines de partisans réunis à proximité du palais présidentiel à Nairobi. "Nous sommes fauchés, nous avons faim et nous nous sentons en insécurité."

Acclamé par ses soutiens, certains scandant son slogan "Upendo na ujasiri" ("Amour et courage" en swahili, NDLR), Boniface Mwangi, 42 ans, a été arrêté à de nombreuses reprises dans le cadre de son militantisme, la dernière fois en juillet dernier, après la dernière vague de manifestations contre William Ruto.

Le militant des droits huamins Boniface Mwangi lors d'une conférence de presse pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle, le 27 août 2025 à Nairobi, au Kenya  ( AFP / SIMON MAINA )

Le militant des droits huamins Boniface Mwangi lors d'une conférence de presse pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle, le 27 août 2025 à Nairobi, au Kenya ( AFP / SIMON MAINA )

La police des polices kényane a elle-même fait état de 65 tués lors de rassemblements en juin et juillet derniers, épinglant "un recours disproportionné à la force".

Au moins autant de personnes étaient mortes l'an passé, selon les organisations de défense des droits humains, dans le cadre de ce même mouvement de contestation, principalement mené par les jeunes, qui avait déjà été durement réprimé.

Les protestataires marchaient alors contre des hausses d'impôts et la corruption rampante. "Il y a de l'argent pour des hélicoptères, (...) pour des immeubles, (...) pour des projets fantômes. Mais il n'y a pas d'argent pour que nos enfants aillent à l'école", a tonné M. Mwangi, dénonçant les fonds publics "volés chaque jour".

- Révolution électorale ? -

"Nous nous organisons maintenant pour déclencher une révolution électorale", a-t-il encore lancé.

Interrogé par l'AFP, l'analyste politique kényan Javas Bigambo a estimé que la candidature du militant, surfant sur sa popularité auprès de la société civile, n'était pas une surprise, soulignant que M. Mwangi avait été candidat à la députation en 2017, sans succès.

Mais sa candidature à la présidentielle risque de se solder par un "échec cuisant", estime-t-il.

"Les gens le verront pour les droits de l’Homme et les manifestations" auxquelles il est associé, a-t-il indiqué. "Mais il manque de fondements solides sur les questions complexes", pour pouvoir être pris au sérieux, a-t-il pointé, citant notamment les questions socio-économiques.

Le militant des droits huamins Boniface Mwangi lors d'une conférence de presse pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle, le 27 août 2025 à Nairobi, au Kenya  ( AFP / SIMON MAINA )

Le militant des droits huamins Boniface Mwangi lors d'une conférence de presse pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle, le 27 août 2025 à Nairobi, au Kenya ( AFP / SIMON MAINA )

Ex-photojournaliste, Boniface Mwangui avait notamment documenté les violences à caractère ethnique post-électorales de 2007-2008, lors desquelles plus de 1.100 personnes avaient été tuées et des centaines de milliers déplacées.

- Crimes contre l'humanité -

"Comment avons-nous pu élire des gens accusés de crimes contre l'humanité à la tête" du Kenya?, a-t-il déclaré, en référence à des poursuites de la Cour pénale internationale (CPI) contre l'actuel chef de l'Etat pour son implication dans ces violences. Les poursuites avaient été finalement abandonnées par la CPI en 2016, après ce qui avait été dénoncé comme une campagne d'intimidation de témoins.

Mi-mai, il a été enlevé en Tanzanie, en compagnie d'une militante ougandaise des droits humains, avec qui il était venu soutenir le chef de l'opposition tanzanienne, Tundu Lissu, poursuivi pour trahison, un crime passible de la peine de mort.

Retrouvé plusieurs jours plus tard au bord d'une route du nord de la Tanzanie, près de la frontière kényane, Boniface Mwangi affirme avoir été victime de "torture sexuelle".

L'annonce de sa candidature coïncide également avec le 15e anniversaire de la promulgation de la Constitution actuelle du Kenya, pays considéré comme une rare démocratie stable dans une région troublée.

Outre Boniface Mwangi, l'ex-vice-président de William Ruto, Rigathi Gachagua, brigue la mandature suprême en 2027.

M. Gachagua, qui comme William Ruto est l'objet de nombreuses accusations de corruption, avait aidé ce dernier à être élu en 2022 en lui assurant un énorme vivier d'électeurs dans sa région du Mont Kenya (centre). Il avait ensuite été destitué en 2024 pour des menaces proférées envers des juges et des pratiques politiques de division ethnique.

L'ancienne ministre de la Justice et actuelle avocate Martha Karua s'est également déclarée en mai candidate pour la prochaine présidentielle.

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