Session plénière de la COP30 à Belem, Brésil, le 22 novembre 2025 ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )
Des sarcasmes, des huées, une suspension de séance et une fuite d'eau ont conclu samedi la conférence sur le climat de l'ONU à Belem au Brésil, à l'image des deux semaines chaotiques qui ont précédé.
Le turbulent navire qu'est la COP a été piloté par l'élégant diplomate brésilien André Correa do Lago, qui a maintenu son calme à la barre malgré une intrusion de manifestants, un blocage par des autochtones et un incendie.
Avec un air de soulagement, mais sans le sourire permanent qui illuminait son visage au début du sommet, il a ouvert samedi après-midi avec trois heures de retard la séance de clôture.
Les délégués européens, arabes, chinois, des pays du Sud avaient négocié toute la nuit dans son bureau. Des ouvriers depuis le matin commençaient à démonter certains stands.
Le diplomate pensait qu'il allait enfin pouvoir mettre un terme rapide à cette COP, avec un texte sûr de recevoir le consentement des 194 pays membres de l'accord de Paris.
Daniela Duran (à gauche), représentante de la Colombie, pendant la session plénière de la COP30 à Belem, Brésil, le 22 novembre 2025 ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )
Une fois le texte principal adopté d'un coup de marteau, apparemment sans objection, et après quelques applaudissements, des délégués ont toutefois voulu se faire entendre.
Furieuse, la représentante de la Colombie a multiplié les prises de parole pour faire admettre son rappel au règlement.
De son côté, le représentant du Vatican a pris le micro pour rappeler sa définition de la différence biologique homme-femme, manifestant sa désapprobation d'un texte sur le genre et le climat en discussion à Belem. Il s'est fait huer tandis que plusieurs pays, dont l'Argentine et l'Indonésie, se sont aussi exprimés contre le texte.
La règle des COP est que le consensus est nécessaire pour faire adopter toute décision. Seule une ferme objection d'un pays avant le coup de marteau peut l'empêcher.
Une scène familière se joue souvent aux COP: des pays protestent - après le coup de marteau - contre la décision adoptée juste avant, et affirment que le président de séance a ignoré leur demande de prise de parole.
La Colombienne Daniela Duran a ainsi objecté, trop tard, contre une autre décision que le texte principal.
Le président de la COP30 Andre Correa do Lago après une interruption de la session plénière de la COP30 à Belem, Brésil, le 22 novembre 2025 ( AFP / Pablo PORCIUNCULA )
D'ordinaire, le président de la COP note la protestation et poursuit son ordre du jour, mais M. Correa do Lago a suspendu la séance. Un geste interprété comme une volonté de se montrer démocratique et transparent, et de reconnaître la frustration colombienne.
Le pays est l'un de ceux menant la fronde contre les énergies fossiles.
"Comme beaucoup d'entre vous, je n'ai pas dormi, cela n'a sans doute pas aidé, tout comme mon âge avancé", a repris au bout d'une heure le président, né en 1959, en plaidant la bonne foi.
La suspension de séance n'a pas plu à la Russie, qui a à son tour objecté... contre l'objection colombienne.
"Arrêtez de vous comporter comme des enfants qui veulent tous les bonbons!" et se "remplir la panse jusqu'à être malade", a lancé Sergueï Kononoutchenko, en espagnol pour être sûr de se faire comprendre des pays d'Amérique latine ayant soutenu la protestation colombienne. La représentante de l'Argentine lui a répondu vertement.
Pour couronner le tout, les problèmes logistiques de la conférence - fuites d'eau dans le plafond, climatisation en panne, panne de toilettes - se sont rappelés au souvenir des délégués réunis en salle plénière.
Une brutale averse tropicale s'est abattue sur le centre de conférences pendant la clôture - "le magnifique bruit de la pluie amazonienne", selon André Correa do Lago - inondant une partie du sol.

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