
Un maïeuticien, déjà condamné à 12 ans de prison pour 11 viols sur des patientes, comparaît à nouveau devant la cour criminelle de l'Hérault pour des faits semblables commis sur six autres femmes ( AFP / LOIC VENANCE )
Un maïeuticien déjà condamné pour 11 viols sur des patientes a contesté jeudi avoir "masturbé" deux des six autres femmes qu'il est accusé d'avoir violées, évoquant des gestes "médicaux" devant la cour criminelle de l'Hérault.
Lionel Charvin, 54 ans, qui exerçait en libéral et dans une clinique à Montpellier jusqu'en 2016, encourt 20 ans de réclusion. Le verdict est attendu vendredi.
"Ca a dérapé lors d'une séance: il s'est mis à faire des mouvements de va-et-vient de plus en plus rapides. Ce n'était plus médical, c'était de la masturbation", a expliqué devant la cour l'une de ses ancienne patientes, une assistante vétérinaire de 39 ans qui l'avait consulté pendant et après sa grossesse en 2015.
"Ce n'est pas pour moi un viol, puisque ce n'est pas une masturbation. Je suis désolé si elle a pu ressentir quelque-chose de négatif", a déclaré depuis le box des accusés ce père de trois enfants, crâne rasé, barbe bien taillée et chemise vert bouteille.
"Elle m'avait dit qu'elle n'éprouvait plus de plaisir. Mon intention était de lui montrer que son périnée était sain. Elle a peut-être trouvé que c'était masturbatoire, mais ce n'est pas du tout une masturbation", s'est-t-il défendu.
"C'est une sollicitation des muscles du périnée", a-t-il ensuite précisé, assurant qu'il s'agissait d'un geste médical banal.
"Donc vous plaidez non coupable?", lui a lancé Iris Christol, une des avocates des parties civiles.
"Exactement", a répondu Lionel Charvin.
Auditionnée à son tour, une infirmière de 42 ans a expliqué que l'ex-soignant, placé derrière elle lors jour de son accouchement en janvier 2013, l'avait "masturbée pendant 3 à 5 minutes" alors qu'elle était en plein travail à l'hôpital.
"J'ai eu un orgasme. Il a dit +Ah, ben voilà+", et j'ai perdu les eaux", a expliqué cette femme, la voix tremblante.
- "jamais retrouvé une sexualité apaisée" -
"Je lui avais expliqué que j'allais faire un massage du périnée pour lui montrer quels muscles allaient être sollicités pendant l'accouchement", s'est défendu M. Charvin.
"C'était tout à fait adapté au moment où je l'ai fait", a-t-il a assuré, se lançant à plusieurs reprises dans des leçons d'anatomie devant ses juges.
"Je n'ai jamais retrouvé de sexualité appaisée. A chaque fois, il est là" et "la plupart de mes relations sexuelles ont ensuite été alcoolisées", a ensuite expliqué une troisième plaignante, professeure des écoles de 43 ans.
"J'ai décidé de porter plainte aussi pour montrer à ma fille que quand notre consentement n'est pas respecté, il y a la loi qui nous protège", a ajouté cette femme toujours sous anti-dépresseurs et pétrie d'un sentiment de culpabilité.
En mars 2021, M. Charvin avait déjà été condamné à 12 ans de prison pour "viols commis par une personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction" et n'avait pas fait appel.
La médiatisation de ce premier procès avait conduit une dizaine d'autres femmes à se manifester pour dénoncer des faits de même nature commis entre 2010 et 2016 à Montpellier.
Certains des faits dénoncés étant prescrits, et d'autres pas suffisamment étayés, Lionel Charvin a finalement été renvoyé une seconde fois pour les viols de six patientes, dont cinq se sont portées parties civiles.
Les nouvelles plaignantes, comme les premières, ont expliqué aux enquêteurs avoir été "tétanisées" ou "paralysées" et n'avoir rien osé dire dans un premier temps.
Lors de la seconde instruction, Lionel Charvin, qui répète n'avoir jamais eu "l'intention de violer", avait expliqué aux enquêteurs avoir agi de la sorte avec "beaucoup" de patientes, potentiellement une cinquantaine sur les plus de 1.500 qu'il avait accompagnées en 17 ans de pratique.
Entendu par la cour criminelle, le psychologue Alain Penin, qui l'a expertisé en détention en mai 2023, a relevé un "début d'évolution psychique" depuis son incarcération.
"Mais il reste des éléments à travailler: la minimisation de ses actes, une tendance à l'auto-justification", évoquant une "perversion du cadre thérapeutique, détourné au profit de son propre plaisir à lui".
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