La patronne de la Banque centrale de Russie (BCR) a dit mercredi "envisager" une nouvelle hausse des taux de l'institution, pourtant déjà au plus haut depuis 20 ans, afin de juguler l'inflation élevée dans le pays, tirée par l'explosion des commandes militaires pour le front ukrainien.

Elvira Nabioullina, à Saint-Petersbourg, le 6 juin 2024 ( AFP / OLGA MALTSEVA )
"Nous avons signalé que la banque centrale envisageait la possibilité d'une hausse des taux" car "l'inflation (autour de 8,5%, NDLR) n'a pas encore commencé à baisser", a déclaré Elvira Nabioullina, lors d'un forum financier organisé à Moscou.
La prochaine réunion de la BCR doit se tenir le 20 décembre et de nombreux acteurs du marché anticipent déjà un relèvement du taux directeur, situé à 21% depuis fin octobre, soit son plus haut niveau depuis 2003.
Plusieurs grands patrons russes se sont déjà émus ces derniers jours d'un tel scénario, alertant sur le coût déjà élevé à leurs yeux des emprunts, et donc des investissements, ce qui pourrait fortement ralentir l'économie russe, au moment où les autorités anticipent une décélération de l'activité en 2025.
Elvira Nabioullina a toutefois balayé ces critiques, estimant que si la BCR "ne réagit pas maintenant" - quand l'inflation est deux fois plus élevée que la cible officielle -, alors "il sera considéré" par les Russes que les autorités ont fait preuve de "réticence ou d'incapacité à freiner" ce phénomène qui grignote leur porte-monnaie.
La patronne de la BCR s'est ainsi félicitée du "ralentissement des prêts", proposés actuellement par les banques à des taux exorbitants et qui tirent les prix à la hausse.
Mi-novembre, elle avait dit tout faire pour éviter une inflation élevée "chronique", symptôme qui ferait craindre l'apparition potentielle, à moyen terme, d'un cycle de stagflation (forte inflation et croissance très faible simultanément).
L'inflation en Russie est notamment alimentée par l'explosion des dépenses militaires pour l'assaut en Ukraine, les effets des sanctions et des salaires en hausse, conséquence directe des pénuries de main-d'œuvre sur le marché de l'emploi, les entreprises étant obligées de proposer des rémunérations attractives pour recruter.
Ces pénuries sont le résultat du départ sur le front ukrainien ou à l'étranger de centaines de milliers d'hommes depuis février 2022.
L'inflation pèse aussi sur le rouble, au plus bas face au dollar et à l'euro depuis mi-mars 2022.
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