(Actualisé tout du long avec éléments supplémentaires)
par James Pomfret et Jessie Pang
Le magnat de la presse et activiste pro-démocratie Jimmy Lai a été reconnu lundi par la Haute cour de justice de Hong Kong coupable de sédition et de collusion avec des puissances étrangères, encourant une peine de prison à perpétuité en vertu de la loi de sécurité nationale imposée par la Chine.
Ce procès a été suivi de près par la communauté internationale, car considéré comme un révélateur de l'indépendance de la justice à Hong Kong, où la répression des droits et des libertés s'est accentuée depuis l'entrée en vigueur en 2020 d'une nouvelle loi de sécurité nationale très stricte décidée par Pékin en réponse à de vastes manifestations antigouvernementales dans le territoire un an plus tôt.
"Il n'y a aucun doute" sur le fait que Jimmy Lai a "nourri son ressentiment et sa haine" de la Chine pendant de nombreuses années, a déclaré dans la salle d'audience Esther Toh, l'une des trois juges siégeant à la Haute cour.
Fondateur du journal pro-démocratie Apple Daily - contraint à la fermeture en 2021 - et figure éminente de la contestation à Hong Kong, Jimmy Lai a été visé par de multiples procédures judiciaires en vertu de la loi de sécurité nationale.
Une audience préliminaire en vue de déterminer sa peine est prévue le 12 janvier prochain.
Jimmy Lai, 78 ans, qui a déjà passé cinq années en prison dans l'attente de l'issue de son procès et qui souffre de problèmes de santé, a plaidé non-coupable de l'ensemble des chefs d'accusation le visant.
Son avocat a déclaré lundi qu'aucune décision n'avait été prise dans l'immédiat concernant un potentiel appel.
Des pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, et des groupes de défense des droits ont dénoncé le procès de Jimmy Lai, débuté en décembre 2023, disant y voir des manoeuvres politiques et appelant à la libération immédiate de Lai.
Le président américain Donald Trump a dit avoir discuté de ce dossier lors de sa rencontre avec son homologue chinois Xi Jinping fin octobre, ajoutant qu'il ferait tout son possible pour "sauver" Jimmy Lai.
En parallèle au procès de Jimmy Lai, le mouvement pro-démocratie s'est grosso modo éteint à Hong Kong, où le principal parti d'opposition a voté dimanche sa dissolution, sous la pression de Pékin.
De nombreuses personnes s'étaient rassemblées dans la nuit de dimanche à lundi devant la Haute cour de justice, avec l'espoir d'obtenir l'un des 507 tickets d'entrée au bâtiment.
Un important dispositif policier était en place.
Dans un communiqué diffusé avant le verdict, Reporters sans frontières (RSF) a déclaré que "Jimmy Lai a enduré cinq années en prison simplement pour avoir fait son travail en tant que fondateur de l'un des organes de presse les plus réputés et indépendants de Hong Kong".
"Ce procès peut seulement être qualifié de supercherie et ne relève aucunement de la règle de droit", a ajouté RSF.
Les gouvernements chinois et hongkongais ont répété que Jimmy Lai bénéficiait d'un procès équitable et qu'aucune liberté n'était absolue lorsqu'il s'agissait de protéger la sécurité nationale.
(James Pomfret et Jessie Pang, avec la contribution de Clare Jim; version française Jean Terzian)

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